The Sliders, Tome 1 [TERMINÉE]

Chapitre 10 - Renouveau

Fear

Les yeux pleins de larmes d'Amélia me restent en tête alors que j'essaie de me calmer. Franchement, cette scène, combinée à la frustration de notre séjour en Louisiane, ne m'aide pas du tout à décompresser.

Pour résumer notre voyage ? Le néant.

Nous avons ratissé tout Alexandria et rien. Aucune piste viable, pas le moindre indice. Même nos contacts sur place n'ont pas su nous donner une miette d'information. Faits qui prouvent, sans l'ombre d'un doute, que quelque chose d'étrange se trame vis-à-vis de cette histoire.

Incompréhensible. C'est le mot.

Se rajoute à tout ça l'annonce de Will. Il m'a informé que le rassemblement annuel se déroulerait chez nous. Déjà que j'avais pas mal de choses en tête, mais alors là... Mon esprit sature.

Rassembler une centaine de bikers avec Amélia au milieu... Autant dire que j'ai l'impression de faire rentrer les loups dans la bergerie. Heureusement, ils auront des brebis comme encas, ça les dissuadera, peut-être, de s'intéresser à la belle brune.

D'un commun accord, Will a chargé deux de ses membres d'aller en éclaireurs à Alexandria et de me contacter au moindre signe d'activité suspecte, étant donné que nous devions rentrer. Enfin, c'est la version officielle que j'ai donnée.

La vérité, elle me manquait. Une émotion nouvelle que je n'arrive pas à contrôler.

Me reconnectant avec la réalité, je me rends compte que mon sergent d'armes et Alex sont toujours là, eux aussi dans l'incompréhension. Car c'est véridique, je ne comprends absolument pas ce qu'il vient de se passer. Nous sommes passés d'un moment intense de connexion à une froideur totale. Quand elle a relevé ses yeux larmoyants vers moi, mon cœur s'est serré. Je ne veux pas que cette fille pleure.

Je serre les poings sur la table, la tête tournée vers la porte qu'elle vient de franchir.

— J'ai dit quelque chose de mal ? demande Sniper.

J'vais me le faire, ce p'tit con.

N'ayant plus aucune confiance en moi-même, je préfère sortir dans la fraîcheur de cette après-midi de novembre. Entre notre run, cette avalanche de questionnements et de changements d'humeur en si peu de temps, j'ai mal au crâne.

Je me pose sur la table, les pieds sur le banc, et allume une clope. Dans la seconde qui suit, l'ombre d'Honor se positionne à côté de moi.

— Elle est bouleversée.

Je ne préfère pas répondre pour éviter de m'embrouiller avec mon meilleur pote. Quand je suis dans cet état-là, mes paroles pourraient être déplacées, alors je continue de fixer l'horizon.

— Ma sœur a toujours été une femme droite et organisée, mais à la mort de nos parents, elle a changé, continue-t-il sans s'offenser de mon ignorance. Elle a voulu grandir trop vite en voulant mener une vie d'adulte. Amélia est bourrée de principes et d'idées reçues sur comment vivre une vie exemplaire, mais elle n'avait certainement jamais imaginé ce qu'elle ferait si une telle chose lui arrivait. En même temps, qui penserait à ça ?

On ressent clairement l'affection qu'il porte à sa sœur. J'écoute, essayant de saisir son message, mais je ne comprends toujours pas son comportement. Peut-être ai-je trop l'habitude d'obtenir ce que je veux, quand je le veux.

— Elle a commencé à construire une vie telle qu'elle l'imaginait, un bon petit mari aimant avec qui elle allait avoir des enfants... et du jour au lendemain, elle perd tout ça et se retrouve seule.