Chapitre 1 : La première épreuve

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         Seulement le quart des élèves accédait à cette Grande Rencontre. Tout le monde en entendait parler et rêvait d'avoir les mérites en y participant. Pourtant, personne ne savait exactement ce qui allait être demandé. Leurs capacités allaient être mises à rude épreuve ; mais qu'en advenait-il des finalistes ? Peut-être devenaient-ils l'élite de l'élite elle-même. Seuls eux allaient détenir cette vérité.

         Semblable à l'intérieur d'un stade dont le terrain serait en béton, le lieu ne reflétait pas le luxe de l'Institut Ultimate Joker. Même la grandeur de la ville européenne où il se trouvait n'y changeait rien. Tout était peint de blanc, de noir ou de gris, dans une sobriété terrifiante. De multiples portes, couloirs ou encore passerelles arboraient le tour du terrain, donnant une piètre idée de ce que pourrait être la première épreuve. Mia était debout, au beau milieu de la foule, les bras croisés et le regard posé sur ce qui semblait être l'Organisateur du concours. Elle portait sa tenue fétiche, une robe moulante noire, une banane en cuir autour de la taille et des converses, toutes aussi noires que le reste de sa tenue. Le tout agrémenté d'un blazer blanc immaculé. Son allure attirait le regard des plus méprisants. La plupart était vêtue d'une tenue sportive, plus confortable que celle dans laquelle se trouvait la jeune femme. Seul un petit sourire en coin apparaissait sur son visage en guise de réponse. Soudain, une musique retentit depuis les enceintes, avant de faire résonner la voix de l'Organisateur.

— Chers élèves de l'Institut Ultimate Joker, bienvenue à la 5e édition de la Grande Rencontre ! Comme vous le savez sûrement déjà, il y a un total de quatre épreuves, sans compter celle de la Finale. La première épreuve consiste à faire un grand tri parmi vous. Vous vous doutez que nous n'allons pas garder les mille cinq cents participants pour la totalité du concours. Ensuite, il y aura une épreuve en relais par équipe de quatre, que nous avons sciemment préparée à l'avance. Il y aura une épreuve individuelle et pour terminer, l'épreuve des Face à Face, où seuls les quatre meilleurs d'entre vous seront retenus pour la Grande Finale... Est-ce que vous êtes prêts ?! Je veux entendre du bruit !

          Alors que l'Organisateur semblait perdre sa voix à force de crier, la plupart des participants hurlaient leur excitation. Sentiment non partagé avec la brune, qui avait juste envie de démarrer au plus vite. Elle n'était pas là pour faire gonfler l'égo de l'Organisateur. Mais dans ce flot d'élèves, elle distingua quelques personnes stoïques, impatientes et charismatiques... Comme elle. Cette vision l'enchantait plus que le reste ; enfin un peu de sérieux et beaucoup de défi.

— Maintenant, chers élèves... La Grande Rencontre va enfin débuter comme il se doit. À mon top départ, qui se fera quand j'appuierai sur la détente de mon pistolet, vous aurez le temps qu'il faudra pour atteindre la ligne d'arrivée. Le circuit est balisé par les raisons qui vous ont menées dans cette école.

          Ces mots suscitèrent un brouhaha fut généré dans la foule. Qu'est-ce qu'il voulait-il dire par là ? Ils n'eurent pas le temps de se poser la question qu'il enchaina :

— S'il vous plaît, un peu de silence. L'arrivée est dans un rayon de quatre kilomètres. Concernant les règles... Vous n'en avez qu'une : Tout est permis. Seules les blessures mortelles et la mort sont prohibées. Les cent premiers arrivés seront ceux qui pourront continuer l'aventure de la Grande Rencontre. Trois, deux, un...

         Le coup de feu retentit et l'attroupement de participants explosa en mille éclats, sans vraiment avoir une destination précise. Mia plissa les yeux pour distinguer n'importe quel détail pouvant lui donner un indice sur le chemin à prendre. Restant sur place, la jeune femme préférait analyser plutôt qu'agir. Laissant les autres s'éparpiller comme des fourmis, elle avait maintenant la vue dégagée. Elle parcourait la place, les bâtiments aux alentours ainsi que la forêt voisine du regard. Chaque zone était balisée par des couleurs différentes : Parfois l'orange, parfois le bleu ou encore le rouge. Certains élèves avaient foncé tête baissée dans des chemins différents, pour des raisons qui lui étaient inconnues. Ils n'étaient plus qu'une petite centaine à réfléchir sur la bonne route à prendre. Quelques cris de douleur et de peur retentirent et résonnèrent jusque dans leurs oreilles. Les participants s'observaient, à la fois inquiets mais déterminés à ressortir gagnants de cette épreuve. Mia avança, avant de s'agenouiller devant l'une des balises à la couleur orange, symbolisant la confiance. Il en fallait, pour être dans cette école. Un étudiant plus âgé qu'elle arriva et tenta de l'assommer d'un coup de batte de baseball, mais elle glissa la fermeture éclair de son sac pour en sortir son bâton de fer. Tournant majestueusement et faisant voler le tissu de son blazer, elle allongea son arme en un clic pour contrer sa matraque. Son adversaire se mit à rire, la fixant d'un regard aussi noir que les ténèbres.

— Il n'y aura pas de place pour tout le monde. Encore moins pour une première année.

            Évitant un nouveau coup, elle en profita pour en donner un derrière les genoux de ce dernier et accéléra sa chute d'un second coup dans les chevilles. Sa tête heurta directement la balise, lui cassant le nez de plein fouet.

— Espèce de garce ! balbutia-t-il, en lâchant son arme et protégeant son visage.

           Mia arqua un sourcil avant de donner un coup de bâton dans la batte. Elle atterrit à plusieurs mètres d'eux et son assaillant se leva pour la récupérer à toute vitesse. Il prit la fuite vers le chemin indiqué par des balises de couleur verte, représentant la chance. Tandis qu'il s'éloignait d'elle aussi vite que s'il risquait d'attraper la peste, il lui cria :

— Si c'était si simple, on y arriverait tous !

            La femme fronça les sourcils, alors que les rires de son adversaire commençaient à se dissiper. Le son autour d'elle n'était que brouillard, la laissant en pleine réflexion. Alors que la plupart des élèves avaient pris la direction d'un chemin, elle s'approcha de la balise et gratta la couche de couleur verte... pour en faire apparaître une seconde, qui n'était autre que la couleur noire. Symbolique de l'échec et de la mort.

— Mais bien sûr... chuchota-t-elle, tout en rangeant son arme.

          Elle se releva et courut jusqu'à la balise la plus proche. Celle du bleu, symbole de la sagesse cachait la couleur jaune. La couleur de la joie. Elle n'était pas convaincue, le vert et le jaune n'étaient pas un bon combo. Elle continua sa route à toute vitesse ; mine de rien, le temps filait. Elle arriva devant la balise rouge : celle de la passion et de la détermination. Elle gratta la couche de peinture pour y distinguer la couleur violette. La couleur du luxe. Pour elle, c'était la bonne. « Le circuit est balisé par les raisons qui vous ont menées dans cette école. » avait-il dit. La plupart des élèves sont déterminés et passionnés par ce qu'ils font... mais chacun d'eux était rentré par piston. C'était la réponse exacte à l'énoncé de l'Organisateur. Sans plus tarder, elle se lança à corps perdu dans ce chemin. Elle s'arrêta à chaque croisement, lorsque qu'elle distinguait deux balises de la même couleur. Pensant d'abord à passer entre elles pour valider son passage, il fallait en réalité en choisir une pour ne pas se perdre. À l'abri des regards, elle se dépêchait d'écorcher la surface de la balise parfois à l'aide de son arme pour déterminer la couleur cachée. Franchissant la ligne d'arrivée, elle découvrit qu'elle était la dixième à s'être qualifiée.

— C'est fantastique ! Mia, de la classe M1 est arrivée en 10e position, ce qui est une prouesse incroyable pour une élève de première année ! Bienvenue dans la compétition, jeune fille !

          Sous un tonnerre d'applaudissement qui s'entendait au travers des enceintes, elle sourit de soulagement avant d'aller au stand de boisson. Elle l'avait bien mérité. Après s'être désaltérée et avoir repris des forces, elle demanda à l'un des organisateurs suppléants pourquoi ils étaient si peu à être arrivés. Elle pensait être partie en dernier et la voilà dans le top 10. L'homme, raide comme un garde du corps dont le regard était caché par des lunettes de soleil noires, lui répondit.

— Il y a une trentaine de chemins différents. Il y en a qui peuvent faire une centaine de kilomètres sans en voir le bout. En revanche, toi, tu as dû prendre le seul chemin qui était en réalité un raccourci... Quand je pense que ceux qui ont pris le chemin vert doivent se taper les cent...

          Elle le remercia d'un hochement de tête avant de retourner dans la salle, où les autres participants attendaient la suite. Elle eut une petite pensée pour le jeune homme à qui elle avait cassé le nez... Le pauvre, cent kilomètres à parcourir en ayant le nez ensanglanté...

Institut Ultimate JokerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant