Institut Ultimate Joker

Chapitre 29 : Tout feu, tout flamme

La journée d'hier n'était qu'un vaste souvenir. Les détails étaient aussi clairs que ceux tirés d'un rêve. Mia s'était réveillée toute transpirante, un mal de tête à en avoir des nausées, une gorge sèche comme elle n'en avait jamais eu. La lumière qui venait de traverser la fenêtre la frappa au visage, tout comme la présence de ses parents. La main sur le front, elle les questionna d'un regard. Comme une mère inquiète, Nina s'installa auprès d'elle en lui posant un gant froid sur la tête pour pouvoir calmer la température qui ne cessait d'accroître.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Mia, ayant du mal à être lucide sur les derniers évènements.

              Nina et Nikolai échangèrent un regard étrangement victorieux avant que le père ne sorte de la chambre, portable à la main. L'état de sa fille était plutôt stable. Il se devait d'appeler Nero pour lui faire part des dernières nouvelles et de prendre celles des autres finalistes. La mère regarda son mari partir, avant de prendre la main de sa fille.

— Tu... Vous avez perdu la Finale. Mais ce n'est pas grave. Je suis tout de même fière de toi, ma chérie. Repose-toi, l'école vous laisse quelques jours pour vous reposer.

Mia enleva brusquement sa main de la sienne, avant de jeter au sol le gant de son front. Elle se leva et tira d'un coup sec le rideau opaque afin de retourner dormir. Sa couette était l'unique compagnie qu'elle souhaitait avoir.

— Sors de là.

— Je te demande pardon ? poursuivit Nina, la main sur le cœur comme si elle s'apprêtait à faire une crise cardiaque.

— Je te demande... de sortir. Je n'ai pas envie de te parler. Ni à toi, ni à papa. Bonne nuit, termina la brune en hibernant sous sa couette, attendant d'entendre le bruit des pas de sa mère se diriger en dehors de la chambre.

               Nina se dépêcha de rejoindre son mari, qui était au téléphone avec Nero.

— Elle ne se lève pas ? s'interrogea Nikolai.

— Non et elle refuse de nous parler.

Nikolai leva les yeux au ciel avant de poliment raccrocher. Le topo était court et simple, bien qu'il ne fût pas celui attendu : aucun parent n'avait encore réveillé leur enfant et par conséquent, le directeur était toujours sans nouvelle. D'un pas décidé, il retourna dans la chambre de sa fille, ayant besoin de voir si l'injection faisait d'ores et déjà son effet et si son projet était bien en marche.

— Niko, je ne sais pas si c'est une bonne idée. Laissons-lui du temps et de l'espace.

Le mari n'écouta pas sa femme, lui passant devant afin d'ouvrir violemment la porte. Il s'arrêta net, inquiétant même Nina, qui accourut. La lumière avait de nouveau envahi la chambre, la fenêtre ouverte. Le vent s'engouffrait dans la pièce, faisant un bruit sourd et désagréable. Mia avait disparu.

— Du temps et de l'espace, hein.

La jeune fille avait sauté dans une tenue de sport, plus adéquate pour la fuite que son pyjama en satin. Dans son jogging beige et son haut moulant de la même couleur, elle courait de toutes ses forces restantes pour fuir ses parents. Elle n'était pas née de la dernière pluie et sentait bien que quelque chose avait changé. Depuis quand ses parents ne lui en voulaient pas d'avoir perdu cette Grande Rencontre ? Alors qu'elle n'avait même pas quitté la rue de son foyer, elle s'effondra au sol, comme une poupée de chiffon. Sa nuque la heurtait d'une douleur incommensurable. Elle vit d'abord des chaussures cirées d'un cuir inestimable puis des chaussures à talons d'un rouge insupportable. Son corps trésaillait et elle avait du mal à le calmer. Douloureusement, elle leva le regard sur ses parents, qui semblaient désolés. Puis, ce fut le trou noir. Quelques heures après, elle se réveilla, avec l'immonde voix railleuse de sa mère.