Institut Ultimate Joker

Chapitre 36 : Lâcher prise

            Pour la première fois depuis longtemps, l'ambiance était au beau fixe. Jay observait ses nouveaux amis s'écrouler au sol, tant l'entraînement qu'il venait de leur faire endurer était compliqué et épuisant. Essoufflés, transpirants mais souriants, ils retrouvaient calmement leurs esprits.

— On continuera demain... Enfin, si vous arrivez à vous lever. Je pense que vous avez mérité un bon repas et une bonne nuit de sommeil.

          Mia se releva, tendant la main à Lou afin de l'aider. Cette dernière lui sourit, se relevant d'elle-même. L'entente était devenue étonnamment bonne, mais la fatigue en était probablement la raison. Gabriel avait également participé à l'entraînement. Malgré son mal de ventre, de tête et ses courbatures, il n'avait pas pu résister à joindre les festivités. Il leva les pouces, l'air de dire qu'il adorait ce que Jay proposait.

— C'est quoi, cette maison ? Je veux bien qu'on séjourne ici le temps qu'il faut mais... J'aimerai bien savoir d'où elle sort, demanda Mia, toujours intriguée par la petite maison au style campagnard qui trônait au beau milieu de nulle part.

           Evan se releva, moins souriant que les autres, intimement convaincu de ne pas être à sa place. Pour lui, l'entraînement s'était avéré difficile et très sportif. Il n'avait pas volé sa place de premier de la classe pendant ces trois années, cela lui avait demandé beaucoup d'effort, de travail et d'assiduité. Ici, il comprenait qu'il ne faisait pas partie de ceux où tout leur était dû. Il pensait notamment à Mia ou encore à Lou, voyant les jeunes femmes se débrouiller plus que facilement.

— C'est la maison que nous avons hérité de nos grands-parents. Nos parents n'étaient pas proches d'eux, alors nous l'avons gardé. Enfin... Georgie a décidé d'en faire quelque chose. Moi, je n'y tenais pas forcément. Je ne savais même pas qu'elle était encore en état.

         Mia hocha doucement de la tête, tandis qu'elle se secouait les mains encore pleines de terre dû à l'entraînement. Soudain, ils entendirent une clochette tinter jusqu'à leurs oreilles. Ils se retournèrent et virent le frère d'Evan secouer cette dernière comme une servante le ferait pour prévenir ses maîtres que le dîner est servi. Malgré la grimace grandissante du blond en voyant son frère ainsi, les autres utilisèrent leurs dernières forces pour courir le rejoindre. Vu l'odeur, le repas était prêt.

           Ils entrèrent dans la petite maison familiale, vide de luxure et de richesse. Tout semblait être récupérés et réutilisés à bon escient... ce qui n'avait pas l'air d'être dans les bonnes habitudes des Goldberg. Ils s'installèrent à table où trônait un saladier rempli de crudités, un plateau avec des tranches de bœufs bien saignantes et deux bols de frites en bout de table.

— Wow ! Tu t'es donné du mal ! s'exclama Gabriel, ravi de pouvoir enfin se remplir la panse.

— Je sais, j'ai des dons insoupçonnés... répondit le jeune homme avant de s'assoir en bout de table, comme le ferait un père de famille.

            Après avoir lancé le « bon appétit » général pour démarrer les hostilités, le silence était parsemé de bruit de fourchettes et de couteaux qui tapaient contre les assiettes. Georgie regardait son frère et ses amis manger et il devenait, petit à petit, énervé de la situation. On aurait dit qu'ils n'avaient pas mangé depuis des lustres. Leurs corps semblaient ne plus avoir de forces et pourtant ils en avaient plus que jamais avec leurs nouveaux pouvoirs.

— On est une équipe ? demanda Mia.

— Bien sûr, répondit du tac au tac Gabriel, un morceau de viande dans la bouche.

          Un long silence suivit la réponse du métis, mais fut brisé par un rire presque trop exubérant pour être vrai de la part du plus âgé des Goldberg. Tout le monde le dévisagea, tandis que des larmes parvenaient au bord des yeux de Mia.