Les Lucioles Dansent - Bungo Stray Dogs

XXV - Absolem

Un torrent d'eau glacé se déversa sur elle, la faisant subitement ouvrir les yeux.
Dosanko prit une grande inspiration, se rendant compte qu'une douce odeur suave flottait autour d'elle. Un sédatif.
Elle n'avait pas les idées claires et n'arrivait pas à bouger d'un pouce. Mais pour ce dernier détail, c'était avant tout à cause des liens qui encerclaient ses poignets et ses chevilles. Une corde plus épaisse passait autour de son buste et de ses bras, l'attachant à une chaise. Il n'y avait pas plus inconfortable comme position.
Elle pouvait tout de même bouger sa tête comme elle le voulait. En la penchant sur le côté, elle ressentit une vive douleur à son front, et se souvint qu'elle avait reçu un coup avant de perdre connaissance.
Genesis l'avait bel et bien enlevée.

Jetant un œil aux alentours, elle observa la pièce dans les moindres détails. L'unique lampe allumée ne permettait pas d'éclairer toute la salle, mais elle remarqua des barres accrochées à un mur, ainsi qu'un nombre important d'éléments décoratifs, généralement utilisés lors de spectacles. Des rideaux étaient fixés au plafond et retenus par des cordes de velours de chaque côté de l'espace. Mais le plus perturbant n'étaient autres que les deux murs entièrement recouverts de miroirs. Son reflet lui permit de constater qu'on lui avait enlevé son manteau, et aussi vérifier que sa blessure au crâne n'était pas trop importante. Juste des traces de sang séché dans ses cheveux.
Et devant elle, à peine un mètre plus loin, se tenait un homme à la tenue excentrique et aux longs cheveux verts, attachés en queue de cheval. Il tenait un seau entre ses mains, qu'il lâcha pour provoquer un bruit assourdissant.
Il effectua un étrange sourire satisfait à la vue des yeux ouverts de la détective.

« Alors, alors... » commença-t-il. « Comment te sens-tu, petite détentrice ? »

Sa voix aiguë et désagréable résonna aux oreilles de la brune comme une insupportable mélodie. Au moins, elle avait la confirmation qu'il s'agissait bien de son agresseur.

« Vous pensez que j'ai l'air d'aller bien ? ... Je ne me retrouve pas souvent droguée et kidnappée, si vous voyez ce que je veux dire... »

L'homme délaissa la jeune femme pour se diriger vers une sorte d'étagère à sa droite où était disposés toutes sortes d'outils, de bouteilles et flacons. Dosanko n'arriva pas à tout distinguer.
Il saisit un mouchoir en tissu immaculé avant de le plaquer contre le goulot d'un flacon.

« Hu hu... tu as de la répartie, dis donc... j'aime ça ~ Toutes mes dernières victimes étaient ennuyeuses à mourir. »

Il reposa la bouteille et revint à sa place initiale, juste en face de la brune. Il rapprocha le tissu de son visage, jusqu'à le plaquer contre son nez et sa bouche. Qu'est-ce qu'elle aurait aimé pouvoir se dégager... mais les effets des drogues se faisaient déjà ressentir. Elle se sentit vaciller.

« Tu ne verras pas d'inconvénient à ce que je te redonne des sédatifs, j'espère. C'est plus sûr pour moi. Pour que tu n'utilises pas ton pouvoir. »

Elle avait pensé à l'utiliser, au départ, mais ses mains - bien que dénudées - n'étaient même pas en contact avec la chaise. Et les liens serraient trop fort ses poignets, l'empêchant de ressentir correctement tous ses membres. En espérant que le sang passe toujours...

« Normalement, celui-là ne t'endormira pas. Il se contente de t'affaiblir. Mais tu devrais pouvoir me parler. C'est une bonne chose, non ? »

Et il réitéra son rire insupportable.
Dosanko appréhendait la suite. Soit il se contentait de la garder ici à la droguer et essayer de lui soutirer des informations, soit... il la torturait, pour son plus grand plaisir. Et il avait tout l'air d'être de la deuxième option.

« Enfin, j'aimerais vérifier quelques petits détails. ~ Tu es bien Dosanko Aro, la détective qui parle espagnol, non ?

- Pourquoi ? Vous avez un doute ? Marquez n'est plus là pour vous le confirmer ? » Dit-elle en dodelinant de la tête.