XXX - À deux doigts de succomber

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Dosanko, Yosano et Atsushi se trouvaient au café en ce bel après-midi de juin.
L'une sirotait un café bien amer, l'autre un thé vert traditionnel, et le dernier un café au lait bien sucré. La matinée avait été assez mouvementée entre les coups d'œil et les questions gênantes sur les événements de la veille. Entre autres ce qu'il s'était passé chez les deux colocataires la nuit.
Mais bien sûr, si l'un arrivait à esquiver les questions, l'autre subissait de plein fouet l'interrogatoire de ses collègues. Et c'était au tour de la jeune femme d'en être la victime, cette fois-ci.

« Aller, Dosanko... tu peux bien nous dire pourquoi vous semblez aussi gênés depuis ce matin... » tenta la médecin.

L'interpellée but une gorgée de café, prenant tout son temps pour reposer la tasse avant de répondre.

« Il ne s'est rien passé qui ne vous concerne, Akiko. Et Atsushi, ce n'est pas la peine de faire cette tête. »

En effet, le pauvre tigre-garou semblait presque plus embarrassé que les principaux concernés. Mais il était en même temps assez intéressé, puisqu'il ne comprenait pas pourquoi Dazai ne voulait pas faire sa déclaration. Son innocence l'empêchait de comprendre... ou alors c'était évident pour lui que la chimiste ressentait la même chose.
C'est d'ailleurs ce qu'il demanda, un sourire naïf aux lèvres, sans le moindre tact.

« Mais vous aimez Dazai-san, non ? »

La brune s'étouffa avec sa boisson.
Yosano éclata de rire sans pouvoir se retenir. Le jeune homme attendait patiemment sa réponse, lui.
Dosanko porta la main à sa bouche, essuyant le coin de ses lèvres. Ses joues avaient adopté une jolie couleur rosée, et elle n'essayait pas de le cacher. Elle hésita tout de même à confirmer, mais elle n'avait rien à y perdre. Alors, elle prononça :

« P-peut-être. Oui.

- Qu'est-ce que j'entends ?! » S'exclama une voix familière derrière la plus petite.

Il fallait s'y attendre, mais la femme du gérant avait tout entendu. Ce dernier aussi, d'ailleurs, et il affichait un léger sourire en coin. Tous deux avaient l'habitude de voir les détectives passer leur temps ici. Aussi, ils les considéraient un peu comme leurs enfants, et connaissaient par cœur les ragots de l'Agence.
Alors forcément, quand l'une d'elle avoue ses sentiments, il y a de quoi réagir.

« Je vous le dis depuis bientôt six mois ! Ces deux-là sont faits pour être ensemble ! » S'exclama la femme.

« Hum... je ne sais pas si j'aimais Osamu à cette époque... quoique... je ne sais pas.

- Ah, ma petite Dosanko va finir en couple avant moi... » marmonna la détective à la broche papillon.

Sa réplique ne semblait pas vraiment valorisante pour elle-même, mais elle ne le remarqua pas. Elle préférait faire des remarques - très - pertinentes sur la situation amoureuse de sa meilleure amie.
Mais cette dernière doutait des propos de Yosano.

« Je ne pense pas... enfin... Osamu ne m'aime pas de cette façon... non ? »

Son visage s'assombrit en prononçant ces mots. Cette simple pensée devait lui faire plus mal qu'elle n'y paraissait. Mais au moins, cela prouvait la sincérité de ses sentiments.
Mais ce qu'elle venait juste de dire était assez ironique pour ceux qui connaissaient déjà l'avis du suicidaire à propos de Dosanko.
Comme Atsushi, qui, innocemment, corrigea sa phrase.

« Dazai-san vous aime aussi, ne vous inquiétez pas pour ça. »

Yosano, à côté, se liquéfia sur place en lançant un lourd regard au plus jeune. Ce dernier se rendit compte trop tard de son erreur, et s'exclama un "oubliez ce que je viens de dire !", souhaitant éviter que son mentor ne mette ses menaces à exécution.
Mais c'était trop tard.
Dosanko lui lança des éclairs et répliqua aussitôt.

Les Lucioles Dansent - Bungo Stray DogsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant