XXIX - Juste colocataires ?

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S'il y avait bien une chose que Dazai avait l'habitude de faire, c'était de se mettre au centre de l'attention. Mais pour le coup, les regards oppressants qu'on lui lançait le mettait mal à l'aise. Tout ça pour la simple et bonne raison qu'il ne savait pas ce qu'il avait fait.
La soirée de la veille avait été assez mouvementée, il fallait le dire.
Quasiment tous les détectives - à l'exception de Dosanko et Yosano - s'étaient rendus au café Uzumaki et s'étaient pris un verre. Ou plusieurs pour certains.

Ils ne relâchaient pas leur vigilance envers Genesis, qui avait le don de disparaître longtemps avant de se montrer dans une avalanche de catastrophe. Aussi, ils avaient imposé une règle : personne ne devait se retrouver seul, et encore moins dans la rue. Les enquêtes se faisaient donc par deux ou trois, ceux qui habitaient au dortoir s'y rendaient toujours ensemble, et pour ceux qui vivaient seuls comme Kunikida, ils évitaient de traîner trop tard.
Enfin, Dazai ne lâchait pas Dosanko d'une semelle, préférant éviter de la voir disparaître de nouveau. Tout comme les autres, qui faisaient particulièrement attention à elle.
Cela faisait d'ailleurs une semaine qu'elle avait retrouvé ses collègues. Elle revenait à l'Agence sans pour autant avoir beaucoup de travail. Et sa fièvre était passée - heureusement.
Le patron lui avait tout de même demandé si elle ne voulait pas plus de temps pour récupérer, mais elle voulait absolument revenir dans les bureaux.

Mais, malgré ces mesures de sécurité, la brune avait bien fini par rester seule chez elle la nuit. Puisque Dazai n'était pas rentré. Mais pas parce qu'il s'était fait enlever, non, mais parce qu'il avait rapidement fini sous la table à cause de l'alcool. Et Kunikida avait préféré le ramener chez lui pour éviter qu'il ne décide de se "jeter" sur Dosanko, comme la dernière fois.
Mais ça n'expliquait pas pourquoi tout le monde le regardait comme ça.

« Bon sérieux, vous allez me dire ce que j'ai fait hier ? » Finit-il par demander, ne pouvant rester une minute de plus dans l'ignorance.

Les autres détectives se lancèrent des regards gênés. Dazai était sur le point de craquer et de soudoyer Atsushi en le menaçant de réduire son salaire - ce qu'il ne pouvait pas faire.
Ce dernier, sentant venir le coup, fut donc celui qui se lança. Il posa une question, simple, courte, mais loin d'être prévisible.

« Hum... Dazai-san... vous aimez Aro-san ? »

Le suicidaire se figea en entendant ces mots. Ses yeux se tournèrent automatiquement vers Kunikida, pensant que son fidèle partenaire l'avait trahi. Mais son regard avait l'air de dire : "C'est ta faute, tu n'avais qu'à pas être bourré hier soir".
C'était la même du côté de Ranpo, qui mangeait bruyamment un gâteau.

« Je... hum... qu'est-ce qui te fait dire ça, Atsushi-kun ?

- Vous l'avez à moitié hurlé hier, dans le café.

- Et votre réaction nous le confirme » rajouta Tanizaki.

« Et ça expliquerait pourquoi vous avez failli la violer. » Compléta Kyôka.

« Et aussi-

- Bon, ok, vous avez gagné, je l'aime ! »

Le brun fit pivoter sa chaise pour soigneusement éviter le regard de ses collègues.
Pourquoi cela le gênait tant d'en parler maintenant avec eux ?
Il sentit ses joues lui brûler, et plaqua aussitôt ses mains dessus. Il se rendit compte aussi de la présence d'un sourire idiot sur ses lèvres.
Comme quoi la chimiste pouvait vraiment lui faire perdre la tête.

C'était assez rare de voir ce genre d'expression sur le visage de Dazai, surtout quand il ne jouait pas la comédie. Alors forcément, tout le monde profitait du spectacle.

Les Lucioles Dansent - Bungo Stray DogsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant