Les papas

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Ils valaient bien un chapitre à eux seuls, les pères !

Désolée, ce sera un chapitre non inclusif... les 2e mamans ne méritent pas moins, elles sont simplement pour le moment trop rares.

Les papas. Comment ne pas les citer ? Il en existe de tout type :

- le papa énergique, debout dès que l'on rentre dans la chambre, prêt à rafraichir le visage de sa compagne à grandes doses de brumisateur, les mains plaquées sur la nuque de sa femme, le visage cramoisi à force d'accompagner les efforts de poussée...

- La loque désintéressée, vautrée dans un fauteuil en plein milieu du passage, à moitié présent (ou absent), les yeux rivés sur le smartphone plus que sur le rythme cardiaque de sa future progéniture...

- L'angoissé, qui pose sans cesse des questions et s'assure si « c'est normal que... », qui scrute le moindre fait et geste, la moindre poche branchée à la perfusion, que l'on retrouve à fumer clopes sur clopes au rez-de-chaussée, et qui parfois s'effondre à la naissance...

- Le gourmand, un peu égoïste tout de même, qui se mange son fastfood en salle de naissance, alors que la future mère de son enfant doit se contenter d'une boisson légère...

- Le top model, dont les sages-femmes ne parleront qu'aux transmissions : « et sinon le papa de la 7 est plutôt beau gosse ». Généralement il est accompagné de la nana instagrameuse parfaite dont les traits fins ne sont aucunement altérés par la fatigue des contractions...

- Le touchant, qui chuchote des encouragements à sa compagne, lui caresse la main, s'émerveille de la voir accomplir tout ce travail, et laisse quelques sillons salés parcourir ses joues aux premiers cris...

- Le curieux, légèrement alarmant, qui sans retenu va regarder « ce qu'il se passe en bas », y compris pour la suture... « Vous savez, j'accouche mes vaches alors c'est pas si différent hin... ! ».

- Et puis l'absent, celui qui a délibérément décidé de ne pas être là, parce qu'il avait mieux à faire de sa soirée ou de sa vie que d'assister à la naissance de la moitié de son patrimoine génétique.

Je ne suis pas un homme, mais j'imagine combien cela doit être difficile pour un futur papa, l'accouchement : assister à la douleur de celle que l'on aime, n'avoir aucune maitrise sur le cours des choses, ne pas tout comprendre, n'être qu'à moitié consulté, et surtout pouvoir tout perdre en peu de temps !

Les situations les plus douloureuses que j'ai rencontrées restent les décès maternels. J'ai alors toujours eu une pensée pour les pères. Quel cauchemar pour eux ! Quelques heures auparavant ils avaient tout : une femme et un futur bébé. Et voici que ce même « tout » s'évapore brutalement. Son monde construit pendant 9 mois explose littéralement, vole en éclats. Parfois l'enfant est sauf et le père a comme fait un troc avec la Vie. Mais comment devenir père alors que l'on ne se l'imaginait qu'épaulé de sa moitié ? Alors oui, dans ces situations j'aurais préféré un papa énergique, angoissé, gourmand, top model, curieux ou touchant ! Pas un papa endeuillé.

Messieurs les papas vous participez à des moments incroyables. Vos premiers qualificatifs émerveillés à l'examen du nouveau-né sont autant d'agréables diversions pour votre compagne (notamment pendant la suture). Vos encouragements valent tout l'or du monde, dans ces moments où il faut tout donner. Vos torses velus comme berceau de fortune arrachent toujours un sourire aux nouvelles mères, tout en leur assurant un peu de répit.

Messieurs les papas, merci d'être là.

Petites tribulations d'une gynécologueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant