Entendu, directeur Kim

Chapitre 26

Léli avait prie un taxi pour se rendre à Mido. Son père lui avait demandé de passer la voir et Dongwoo n'avait pas répondu au téléphone. Lorsqu'elle arriva, le secrétaire de son père l'attendait. Elle fut conduite jusqu'à son bureau. Le vieil homme était assis à son immense table laquée sur lequel tout était proprement rangé. Une grande peinture pleine de force et d'autorité se déroulait derrière lui. L'entièreté de la décoration avait pour but d'impressionner le visiteur. Mais Léli connaissait déjà les lieux. Elle s'assit sur l'un des grands canapés et attendit. Son père la rejoignit après quelques minutes. Il lui demanda des banalités notamment sur ses notes en cours et son niveau par rapport à sa classe. Elle savait qu'elle se devait de répondre vaguement avec des phrases courtes si elle voulait être tranquille. Finalement, la véritable raison de sa venue arriva. Monsieur Kim demanda à sa fille si elle supposait un mauvais comportement chez son frère. Il paraissait qu'il ne contactait jamais le manager qu'il avait mit à sa disposition et qu'il l'avait viré il y a un mois sans que personne ne s'en rend compte. Les mains de Léli se refermèrent sur sa robe. Son père décrivit son étrange comportement à se déplacer à tout va dans des endroits inconnus et sa manie de garder son bureau inaccessible qu'il n'avait jamais comprise. Il parla aussi rapidement du projet pharmaceutique qu'il avait refusé à son frère mais que ce dernier ne semblait pas en démordre.

La jeune femme était devenue pâle. Ces lèvres soyeuses avaient bleui. Elle ne pouvait rien articuler. Alors que la chance se présentait à elle, elle ne pouvait rien faire. Elle était terrifiée. Son père tournait autour d'elle comme un lion attendant un mouvement de sa proie. Elle tremblait. Sa fille finit par secouer la tête. La voix émotive, elle articula :

« Non rien, je n'ai rien vu de particulier. Il semble simplement... Surchargé de travail. »

Elle allait rester silencieuse. Rien que la vision du regard froid de son frère lui avait suffit à se retenir. Son père plissa des yeux. Il finit par redresser ses lunettes et arborer une nouvelle expression amicale.

« Navré de t'avoir demandé une telle chose, tu n'as pas à surveiller ton idiot de frère. Merci ma fille. »

Elle se leva et s'inclina devant lui. Tandis que Monsieur Kim reprenait son travail, Léli sortit, les jambes en coton.

Elle déambulait dans les couloirs comme un fantôme. Elle regrettait déjà de n'avoir rien dit. Mais que serait-il advenu alors ? Son père avait beau avoir le pouvoir, Jinhyang était bien plus jeune et fougueux. Elle en avait l'expérience. Elle se frotta les bras. Même si il avait été absent durant longtemps, la douleur des bleus lui revint en mémoire. Plus jamais elle ne voulait vivre ça. Elle croisa des visages sans même leur accorder d'attention. Parfois on la reconnaissait et on la saluait mais elle ne rendait rien. Seule une discussion qu'elle surprit lui fait sortir de sa torpeur.

« Et il y a eu un cri, comme ça, subitement ! »

« Ah bon ? »

« Oui ! Et puis plus rien. Cheohyoung est persuadée que c'était celui du directeur, mais comme après il n'y avait plus rien d'autres, tout le monde a cru rêver. »

« Mais, et ce gars ? »

« Dix minutes plus-tard, ils sont sortis du bureau et le directeur Kim a annoncé qu'il avait reçu un appel sur son téléphone personnel et qu'il avait un rendez-vous de dernière minute. »

« Et le gars ! L'autre gars s'était qui ? »

« Il s'est présenté en tant que Min Dongwoo, chauffeur du directeur, à elle. C'est ce qu'elle m'a dit. »

« Ouah ! Et tu crois que... »

« Bien-sûr qu'ils l'ont fait ! Attends, pourquoi d'autres son chauffeur serait-il monté, pour repartir ensuite les mains vides ? Il paraît qu'il est plutôt beau... »

« Et le directeur Kim, lui, c'est un dieu ! Mais si c'est vrai, je suis un peu déçue... »

« Oui moi aussi. Le fait qu'il aime les hommes... »

Léli crut faire de l'hyperventilation. Elle venait de sauver leurs peaux et eux se permettaient de coucher ensemble dans un lieu comme celui-là ! Elle ne put s'empêcher d'hurler :

« Fermez-là ! Vous ne savez rien ! »

Les deux employées sursautèrent et s'enfuir avec effroi quand elles reconnurent la plus jeune des Kim. Celle-ci prit l'ascenseur, la respiration rapide. Les rumeurs étaient quelque chose qui couraient vites. Elle espérait pouvoir les intercepter. Elle téléphona au chauffeur. Celui-ci décrocha :

« Ne mettez jamais votre téléphone en silencieux ou hors de réseau ! Cria-t-elle en guise de préambule avant d'ajouter. Je me trouve au siège de Mido, pouvez-vous passer me prendre ? »

« Je m'y trouve mademoiselle, je vous attends. »

Lui répondit Dongwoo avec son ton apathique familier. Elle sentit qu'elle allait vomir.