Entendu, directeur Kim

Chapitre 32

« Eh bien Monsieur Min, je vois que vous y avez mis du vôtre ! »

Le médecin tournait autour de son patient en tâtant ses côtes, puis son bras gauche et sa nuque. Il vérifia son dos. Comme prévu, Dongwoo se trouvait à son rendez-vous chez son médecin pour vérifier l'avancement de sa guérison. Soohin l'y avait conduit et elle attendait dans le hall d'accueil. Après avoir griffonné des notes, le docteur déclara :

« Je vous avais pourtant conseillé de rester en salle de rééducation à l'hôpital. »

Auquel Dongwoo argumenta :

« Ma maison est petite et de plein pied. J'avais de quoi me déplacer en toute sécurité pour me rééduquer moi-même. C'était suffisant. Et les hôpitaux ont tendance à me stresser ! »

L'homme releva le regard vers son patient. Son regard en disait long mais lui ne dit rien. Il ajouta en fixant à nouveau sa feuille :

« Le directeur de Mido, monsieur Kim Jinhyang, est passé il y a trois jours et m'a dit de vous dire que s'il s'agit d'une question d'argent, vous n'aviez pas à vous inquiéter ; qu'il payerai la totalité de vos soins. »

« C'est gentil de sa part, je le remercierai de vive voix. Cependant, ça n'a rien à voir. »

C'était pourtant exactement ça. Ne rien payer le préoccupait énormément. Et il n'avait pas l'habitude d'utiliser des aides ou quoi que se soit. Quand il avait retiré sa sœur à sa famille d'adoption pour s'occuper d'elle, cette période où il était encore bien jeune, ils se sont beaucoup blessés bien-sûr et ils se sont soignés par d'autres moyens sans faire appels à des professionnels. Aussi, Dongwoo se sentait capable de guérir par ses propres moyens, de ne dépendre de personne. Il refusa l'offre à nouveau. A la place, le docteur lui prodigua une liste de médicament et une note contenant des numéros de kinésithérapeutes plus ou moins près de chez lui.

Une fois rentrée, Dongwoo remarqua que l'un des kinés était à cinq-cents mètres de chez lui, s'il prenait à pied un sentier traversant le parc qui longeait le riche quartier où il habitait. Il y prit rendez-vous. En réalité, il voulait avoir des soins, au moins pour son bras en écharpe. Il était toujours froid et le faisait atrocement souffrir à chaque mouvement. La plaie était immonde et effrayante à voir. On lui avait dit que si les secours étaient arrivés plus-tard, on aurait sûrement dû l'amputé. Cette simple idée lui glaçait le sang. Allait-t-il pouvoir reconduire un jour ? Heureusement, la séance du kinésithérapeute et le dialogue avec lui le rassurèrent. Les ordonnances étaient atrocement chères mais il voulait quand même continuer : ce n'était pas un lieu public et le directeur ne pourrait pas le trouver. Finalement, était-ce la vraie raison de son refus ? Voulait-il éviter son patron ? Ca se comprenait.

Comme il pouvait à nouveau marcher et se tenir droit correctement, Dongwoo commença à sortir faire ses courses lui-même. Sa kinésithérapeute lui annonça que s'il continuait ainsi, dans quinze jours il allait pouvoir retirer l'écharpe. Il allait falloir continuer les efforts pour espérer tenir à nouveau un volant. Il se sentait mieux à pouvoir être libre d'aller où il voulait même si ce n'était qu'à pied. Mais il restait tout de même souvent à la maison. Sa sœur le remarqua et un week-end, elle lui dit :

« Tu devrais profiter de ton temps libre pour rencontrer quelqu'un ! Tu ne peux pas rester ici dans ton ambiance morne jusqu'à que tu reprennes le travail ! »

« C'était pourtant ce que j'avais prévu de faire. »

Répliqua-t-il en l'ignorant. Soohin voulut s'énerver. Elle respira profondément pour se calmer et laissa passer, pour cette fois.

Kim Jinhyang avait cessé d'envoyer des messages à Dongwoo. Il était débordé. Celui-ci s'en inquiéta au départ avant d'oublier. Sa convalescence suffisait à occuper son esprit. L'hiver s'éloignait avec son temps maussade et le printemps avait fait son entrée. Au milieu du mois d'avril, l'état de Min Dongwoo était bien meilleur. Il n'avait plus d'écharpe et pouvait à nouveau saisir des objets et bouger son bras presque parfaitement. Il était satisfait. A continuer ainsi, il allait peut-être ne garder aucune séquelle. C'était du moins ce qu'il espérait.