CHAPITRE TRENTE-ET-UN

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ASAL


Je marche dans les interminables couloirs de la demeure d'Hippias. Des gémissements se font entendre à travers l'une des portes. Je me précipite alors vers cette dernière et entre dans une immense pièce. Je ne l'avais jamais vu avant, j'ignorais même son existence. Elle est totalement vide, aucun mobilier, aucun tableau, rien. Seulement quelques meurtrières habillent les murs. Elles ne laissent passer qu'une lueur très faible. L'air y est glacial. Je frissonne. 

Les plaintes se font plus fortes, plus intenses, plus longues.

J'observe la pièce avec attention et je remarque alors deux silhouettes. L'une est assise sur une chaise, l'autre est debout, sur le côté. Je m'approche avec prudence mais les ombres ne semblent pas remarquer ma présence. En arrivant à leur hauteur, je comprends qu'il s'agit de Thane et de son père.

- Alors mon fils est le plus grand des traîtres ? Tu sais, j'ai eu la folle idée de croire que tu serais différent, que toi, tu ne me trahirais pas, que tu serais le fils que j'ai toujours rêvé d'avoir, celui qui me suivrait jusqu'au bout du monde et avec qui je pourrais régner sur l'univers entier. Quelle déception. Te rends-tu comptes de l'image que tu te donnes ? Je ne peux même pas avoir une once de pitié pour les chiens comme toi. Je pensais sincèrement que tu avais compris pourquoi nous faisions tout cela, que tu avais compris que tout ce que j'entreprenais était dans le but seul de te donner un héritage digne de ce nom, un héritage que les gens de notre lignée méritent.

Le prince est attaché à la chaise, torse nu. Son père tient une lame tranchante dans l'une de ses mains. Je viens me placer à côté du jeune homme. Le gouverneur et son fils ne semblent pas me voir alors je m'approche un peu plus. Je retiens un cri quand je vois l'état de Thane. Ses yeux sont injectés de sang, ses lèvres sont gonflées et violettes, ses joues sont creusées et rougies par la douleur, des bleus et des plaies recouvrent son visage. Certaines saignent encore, d'autres semblent être infectées et sont inondées de pus. Il ne pleure pas, il reste figé.

Ses épaules sont scarifiées et de grandes plaies profondes les traversent. Son corps entier est criblé de bleus, d'égratignures, d'écorchures. Il est couvert de crasse, de sang et de sueur. Hippias place une table face à son fils et l'oblige à déposer ses bras sur le plateau, ses paumes tournées vers le plafond. Le tyran s'installe en face de lui. Il soupire et lève les yeux au ciel. Thane convulse de douleur, il lutte pour ne pas craquer, il ne veut pas plier devant son père. Je m'approche encore et je veux poser ma main sur son visage mais celle-ci passe à travers. J'essaye de l'appeler mais il ne m'entend pas.

- Thane. Qu'es-tu devenu ? Un pauvre faible, un homme perdu qui a écouté une misérable fille. Dis-moi, qu'est ce qui t'as poussé à mettre fin à ses jours ?

Alors il m'a tué ? Il a fini par accepter. Thane m'a sauvé, m'a rendue libre. Je ne peux réprimer le léger sourire qui vient étirer mes lèvres. La lame d'Hippias se rapproche des avant bras du prince. Il tremble davantage mais tente de garder son sang froid, de ne pas paniquer.

- Je.., sa voix est étouffée, elle m'a demandé de la tuer. Je... J'ai... juste voulu l'...aider...

- C'est faux, réplique Hippias.

Hippias enfonce la lame dans le bras de son fils qui ne bronche pas. Il gémit seulement et ses joues se gonflent pour retenir un cri. Ses poings se serrent, le flux de sang se dégageant de la plaie devient plus important. J'hurle au tyran de Thumos d'arrêter cette torture, de ne pas infliger cela à son propre fils. Aucun des deux hommes ne m'entend.

- Pourquoi tu continues à me mentir ? Tu aimes souffrir ?

- Je... Non. Je voulais l'aider, je ne voulais pas la tuer mais... Elle...elle m'a persuadé. Je... Je devais la délivrer...de...toi...

THUNDER FATESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant