Well, you always wake first
With morning in your eyes and coffee on your shirt
And you burst through the door
Dancing like a maniac before you hit the floor
Je m'attendais à ce que le retour à la civilisation soit déconcertant, mais je dois avouer que je suis chaque seconde un peu plus surprise. Toutes ces petites choses qui ont constitué mes repères pendant plusieurs années ne sont plus là. Le berger est remplacé par un vendeur de rue, les brodeuses portant de lourds sacs en toile deviennent des hommes en costume pressés. Seuls les enfants forment une petite barrière de résistance au changement, semblables à ceux de l'île, en bande après l'école avec le sourire aux lèvres.
Je dois me forger de nouveaux repères, je ne peux pas retrouver ceux d'avant mon départ sinon cela n'aurait absolument aucun sens. Alors j'en cherche de nouveaux, tâtonnant dans cette ville magnifique ce qui me donne l'impression de tanguer.
Au début, j'ai abusé sur le pâté : je sortais à fond pour m'enivrer de la ville et de tous ses recoins. Mais je suis bien vite redescendue sur terre car toute cette cacophonie entraîne de nombreuses migraines. Et bizarrement, j'aime moyennement avoir mal à la tête.
Donc j'y vais pas à pas, comme une sorte de rééducation.
Ce qui me déplaît particulièrement, c'est que j'ai l'impression de ne pas trouver ma place à Tokyo. C'est la ville de l'efficacité, remplie et contrôlée en permanence par les chiffres et les exigences de rendement. Mais ce qui est rassurant c'est que j'arrive toujours à trouver ce que j'appelle des « figures d'excentricité ».
Je ne saurais pas vraiment décrire à quoi ça correspond. Un peu comme les choses que tu croises dans la rue et tu te dis « Oh tiens, je n'aurais jamais imaginé voir ça là. Mais maintenant que je le vois, je ne pourrais plus voir ça autrement. »
Donc je m'amuse à collecter ces petits endroits en me fondant parmi les touristes curieux. Parfois j'aime juste flâner ce qui rend la découverte encore plus spéciale. Par exemple, la Rainbow promenade sur l'île d'Obaïba, la statue de moine colorée à la sortie du quartier d'Asakusa, le bassin à carpe dans le jardin d'un grand-père japonais.
J'ai envie d'envoyer tout plein de cartes postales à Papa pour qu'il puisse lui aussi admirer la vue avec moi. Je me retiens aussi de prendre des photos. Je veux retenir avec mes yeux et ma mémoire, je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être pour éviter d'interrompre un moment magique en essayant de prendre LA photo parfaite. Au final, tu ne l'accrocheras jamais nulle part et elle restera bloquée dans la carte SD de ton appareil.
Certaines choses me donnent l'impression d'être une petite grand-mère qui sort pour la première fois de sa campagne natale. Je ne comprends absolument rien aux nouvelles technologies, obligeant le personnel à m'expliquer comment utiliser mon nouveau moyen de paiement. Cela les fait rire, surtout venant d'une personne de mon âge.
En faisant du lèche-vitrine, je m'émerveille devant les nouvelles modes que tous les adolescents suivent en ce moment. Je m'amuse à les écouter en passant discrètement près d'eux. Dans ma tête je suis un ninja, mais en vrai je dois être extrêmement étrange. Cette idée me fait sourire espièglement.
Profitant largement de mon anonymat pour me déplacer dans la ville, j'ai le sentiment d'être une touriste dans mes racines. C'est amusant. Et déroutant.
Je suis heureuse de voir que mon absence a éteint le feu des ragots. Parce que je me souviens très bien avoir vu mon image tourner en boucle aux informations, juste après la mort de Deku. Mais maintenant tout le monde semble avoir oublié, ce qui m'énerve passablement.
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La bouteille d'eau. (Kacchako)
FanficEt si Bakugo et Uraraka étaient faits pour s'entendre ? Et s'ils se rapprochaient un peu plus chaque jour sans que personne ne s'en rende compte ? Pas même eux d'ailleurs.