Partie 32

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Le vent tente de kidnapper mon chapeau. Je le rattrape juste à temps avant qu'il ne s'envole et le replace sur mes cheveux bruns.

Le soleil est au zénith et l'air est chaud, tropical. J'entends mon prénom dans le lointain. Je prends une dernière inspiration vivifiante et rejoins un groupe d'enfants.

Désormais, je connais la langue et les coutumes de cette île. J'estime que c'est la moindre des choses quand tu t'installes loin de chez toi, une forme de respect pour les habitants en quelque sorte.

Cet archipel du Pacifique m'a apporté beaucoup de choses et aujourd'hui je m'y sens bien, chez moi. C'est le petit havre de paix dont mon cœur avait besoin pendant tout ce temps.

À mon arrivée, il y a de cela des années maintenant, j'ai été frappée par la chaleur. Il règne sur ce bout de caillou un climat proche de celui des étés au Japon. Les gens du coin nous ont accueillis à bras ouverts et l'enthousiasme de Maman a beaucoup aidé à nous faire accepter.

Nous avons fait un peu de tourisme les premiers jours, puis nous nous sommes mis au travail. En effet, nous participons à un projet de reconstruction des bâtiments. L'île a été frappée par une catastrophe naturelle, mais en deux ans personne n'a daigné leur porter secours, et ce malgré leurs nombreux appels à l'aide.

Maman est tombée sur une publication qui en parlait et elle a vu en ce projet son idéal de vie. Nous n'avons pas hésité plus pour venir nous y installer. Ici, les gens sont attachants. Tous les habitants de l'île arborent un sourire sans faille, même s'il manque des dents pour certains. Ils ont peu mais veulent quand même te donner tout ce qui leur est possible pour te rendre heureux.

C'est le partage qui règne en maître.

À peine arrivés que les travaux démarrent déjà. Papa les aide beaucoup à concevoir des plans qui seront réalisables avec les matériaux de l'île et plus résistants. Il est heureux car il peut utiliser pleinement ses connaissances et se sent comme un chef de projet. Il est à l'écoute de la population et mise sur les forces de chacun pour que le projet avance.

De mon côté, j'utilise mon alter pour transporter plus facilement les matériaux. Je réalise la majeure partie d'entre eux. Étant donné que l'île est petite, un seul village pour le moment sur la carte, il y a peu de véhicules en dehors de bateaux. Mais ce n'est pas grave, je donne mon maximum et cela m'aide à entretenir mon alter.

Ce n'est pas pour autant que les habitants se reposent sur leurs lauriers. Notre présence leur a donné un regain de motivation, mais ce n'est pas nous qui faisons tout le travail. Nous participons au même titre que tous les autres sans jamais prendre le dessus. Les décisions, par exemple, ne nous appartiennent pas.

Maman, quant à elle, s'est incorporée peu à peu dans la communauté locale. Elle est très populaire chez les anciens du village, ce qui est peu étonnant. Elle a toujours eu une vision particulière de la vie ce qui correspond étonnamment à celle d'ici. Au fur et à mesure du temps, Maman a su se faire sa place et est désormais considérée comme un sage.

Son avis et ses conseils avisés trouvent publics sur la place du village. Elle fait le lien entre les anciens et la nouvelle génération.

Le jour qui restera à jamais dans mon cœur est celui de ma première mousson. Des trombes d'eau sont tombées du ciel ce qui a commencé un mois de célébration. Il nous était de toute façon impossible de travailler.

Cela nous a permis de resserrer le lien entre nous trois et de partager cette passion de la pluie avec papa. Nous sommes tous sortis en tenue traditionnelle et nous nous sommes baignés dans la pluie drue.

La bouteille d'eau. (Kacchako)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant