Partie 13

2.1K 121 91
                                    

Un jour
La pluie froide
Deviendra de chaudes larmes
Et tombera par terre.

Putain ! Ça fait chier cette merde ! J'ai l'impression d'avancer à rien !

Cela fait plusieurs mois que je participe à leur séance bi-mensuelle de danse, pourtant je ne vois pas de nette évolution et ça commence à me les briser sévère. 

Mais je refuse d'abandonner avant de pouvoir classer cette activité avec toutes celles dont on vante mes mérites. Surtout après toute l'aide qu'ils m'apportent. Ce serait comme cracher dans la soupe.

Si je m'acharne autant, que je sacrifie mon temps d'entraînement, c'est avant tout pour pouvoir danser avec elle sans m'énerver ni lui écraser les pieds. Je veux que ce soit moi qui la libère, pas cet abruti de Kirishima.

Je m'en veux tellement de penser ça. Punaise ! Il a rien fait de mal ce caillou ! C'est même plutôt le contraire, je lui en suis d'ailleurs extrêmement reconnaissant de l'aider autant sans s'en rendre compte.

Quand je les regarde, tout un tas de sentiments mélangés se fondent en moi et j'ai du mal à n'en sortir que les bons. J'ai l'impression de mener un combat perpétuel contre la jalousie. Mais je sais que cette lutte en vaut la peine. Je ne veux perdre ni Eijiro, mon premier ami, ni Ochako, mon soutien inconditionnel.

Je me pose à côté d'un caillou transpirant, tout aussi trempé que lui. Aujourd'hui c'est la mioche qui est de corvée d'eau. Nous la voyons revenir trottinante, dansant seule au rythme de la musique qui résonne encore dans la pièce. Elle a remonté ses cheveux en une queue de cheval lâche et on voit poindre des gouttes de transpiration le long de son front. Mais son sourire, il efface tout ce qui pourrait être négatif sur n'importe qui d'autre et au contraire les rend beau.

Elle me jette ma bouteille, celle avec le coquelicot et bois dans celle ornée de mon kanji. Comme à chaque fois, nous nous sourions en repensant à ce que je considère comme notre première rencontre.

Ce samedi est synonyme du test de la vieille, elle veut voir quel type de production serait le plus adapté pour nous mettre en valeur. Je n'ai pas arrêté de lui dire que peut importe ce qu'on faisait, de toute façon on allait écraser toute cette bande de second rôle. Elle répondait toujours en me frappant de son cahier de compte sous le regard rieur de la mioche.

Nous arrivons comme à notre habitude à la boutique en début d'après-midi. La naine s'assoit en tailleur sur l'établi et m'invite à la rejoindre en attendant que le dernier client de la vieille se casse.

Elle commence à nous faire tester tout un tas de trucs qui se soldent en échec. Dessin : le talent ne va pas émerger du néant rien que pour nous, les bonhommes bâtons de Tête Ronde achèvent ma mère. Par la même occasion, elle abandonne la sculpture et la peinture alors que nous venions d'entamer une bataille de peinture.

Les vêtements tachés et de la peinture sur la gueule, elle nous attrape par les oreilles et nous confisque le matériel au bout de vingt minutes. Cependant, Mitsuki Bakugo étant ce qu'elle est, elle ne laisse pas décourager.

Elle enchaîne donc avec du cirque. À peine montée sur un ballon, je sens que ça va pas le faire. Nous sommes très à l'aise séparément, mais dès qu'on doit se rapprocher on ne sait absolument pas comment s'y prendre. Bref, cinq secondes plus tard, Tête Ronde est dans le sac de terreau et je me suis pris le coin d'une table dans la tronche.

- Mais comment vous faites pour être aussi fusionnel mentalement parlant tout en se comportant comme deux poulpes épileptiques en plein hiver à la moindre proximité physique !

Gueule d'ange baisse les yeux sincèrement désolée. Je l'ébouriffe pour la rassurer.

- Bon aller la vieille, je suis sûr que t'en as d'autre en réserve ! 

La bouteille d'eau. (Kacchako)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant