Partie 33

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You always wake first

Even at your worst

And the sunrise gives you hope

There's always more to know



Sept années. Je ne sais absolument pas comment me situer par rapport à cette longueur. Sept ans c'est si long et pourtant si court. D'un côté, je sens que j'ai traversé une période de grand développement personnel mais en même temps, les mois sont passés à vitesse grand V.

Un matin de ma petite vie tranquille et bien rangée, je reçois une lettre de Mei. C'est l'unique contact avec le Japon que j'ai entretenu. Je traverse le village en saluant les passants et grimpe dans un arbre à l'écart des maisons.

Mei m'a comprise, comme elle l'a toujours fait. Elle m'a encouragée à partir pour que je puisse enfin me trouver et m'accomplir. Pour moi, au moment de mon départ, ce voyage était quelque chose de viscéral, je sentais que j'avais besoin de le faire du plus profond de mes tripes.

Elle qui est si à fond dans la technologie, a délaissé ses ordinateurs pour prendre sa plume et m'écrire une lettre. Au début, j'avais beaucoup de mal à comprendre ce qu'elle disait mais je crois que je m'y suis fait maintenant. Parfois, il y a quelques petits croquis dans des coins de page, probablement ses projets en cours ou des idées qui ont fusé dans son esprit.

Nous avons une seule règle, implicite qui plus est : ne jamais mentionner le monde des héros dans notre correspondance, aussi bien d'un côté que de l'autre.

On dit que l'oubli est la meilleure des solutions pour guérir, je veux devenir indifférente sur le sujet mais pour le moment je sens que ce n'est toujours pas le cas. Un sujet épineux en quelque sorte. Mais ce n'est plus le couteau dans le cœur, toutes ces années ont réussi à changer ces souffrances en un picotement désagréable.

Souvent, beaucoup trop à mon goût, j'ai envie de lui demander des nouvelles de Katsuki. Mais je sens que ça réduirait tous nos efforts au néant, alors je me retiens. Je me persuade qu'il est vivant et en forme.

Mais parfois, cette pensée me terrorise. Seule dans la nuit, je me roule en boule, les crises d'angoisse montent et je ne peux pas les retenir. Et si en revenant je voyais sa tombe aux côtés de celle de Deku ?

Cela fait monter en moi une vague de peur du regret qui commence à prendre de plus en plus de place. Je ne regrette pas, mais j'ai peur qu'un jour je veuille revenir en arrière, que je veuille effacer ces sept ans de ma vie alors qu'elles ont été si bénéfiques pour moi.

Soudain, j'entends le cri d'une chèvre ce qui me fait revenir à la réalité, je suis toujours dans cet arbre à l'ombre des regards et du soleil.

J'attends que le troupeau passe en profitant de la brise marine puis me concentre sur la lettre de Mei.

Elle me dit qu'elle va se marier parce qu'elle est enceinte. Apparemment la famille de son fiancé est très portée sur la tradition et insiste pour qu'ils se marient. On pourrait penser que ça la dérangerait mais pas du tout visiblement.

« Ce sera l'occasion de faire une énorme fête avant de devenir parent. Et puis tant qu'à faire tu vas avoir une bonne excuse pour ramener tes fesses ici parce que tu es mon témoin. Si tu ne viens pas, j'aurai l'air débile toute seule à l'autel. Je ne veux personne d'autre que toi pour m'accompagner. »

Je souris affectueusement. C'est Mei tout craché. Dans la suite de la lettre, elle fait des blagues me comparant à Rumpelstiltskin, comme quoi je vais lui prendre son premier enfant.

La bouteille d'eau. (Kacchako)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant