🔴 Yellow Fox 2018 - 4 -

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« Et voilà. » dit Ash en posant fièrement la photo du jour sur le coin du mur qui lui était réservé dans la chambre de Lizzie. « ...une de plus. »

« Tu n'étais pas obligé de découper ta peinture avec les ciseaux, ça fait parti du truc. »

« C'est le moment qui compte, pas l'œuvre. »

Lizzie grimpa à l'échelle pour la rejoindre sur l'estrade, pencha la tête pour ne pas se cogner au plafond et s'assit en tailleur dans le lit en prenant la peluche du renard dans ses bras. Elle avait eu la bonne idée de la passer à la machine à laver avec un tissu jaune pour colorer son pelage sans retirer sa douceur, il s'appelait Yellow Fox, bien sûr.

« On... on ira voir ton père demain, après les cours. »

« Quoi ?! Non !!! Il en est hors de question. »

« Ce n'était pas une question ni une suggestion, je t'y oblige. »

« Arrête de vouloir toujours réparer notre fichue relation de merde, il n'en veut pas et moi non plus. J'ai fini par comprendre, tu sais ?! Ça ne me dérange pas, j'ai pas besoin de lui. »

Non, elle ne comprenait pas. Elle n'avait pas compris à quel point elle ressemblait à sa mère et elle ne savait pas à quel point Walter Atkins ne pouvait même pas la regarder sans éprouver une profonde colère envers celui qui avait tiré sur l'amour de sa vie, le laissant seul pour gérer un nouveau-né. Comment pouvait-elle deviner l'immense désarroi dans lequel il avait été plongé, des mois durant et peut-être même jusqu'à maintenant ? Il pensait être incapable de gérer et ça le rendait incapable de gérer.

Quand Ashley était devenu trop grande pour comprendre qu'elle n'était pas censé avoir appris à tirer sur une cible en mouvement à cinq ans ni savoir déverrouiller tous les types de serrures, elle lui en avait voulut et il avait replongé le nez dans son boulot, délaissant son travail de père qu'il n'avait jamais été habilité à effectuer sans partenaire. Il l'avait laissé seule, elle avait trouvé Elizabeth qui venait de perdre ses parents et elles ne s'étaient plus lâché.

« Non,tu n'as rien compris du tout. » contredit Lizzie. « Rien. »

« Et toi, tu sais mieux que moi, peut-être ?! »

« Oui. »

Elle avait dit ça d'une voix ferme, le regard droit, le genre de posture qui ne permet aucune contestation alors Ash pinça ses lèvres en se glissant sur son petit lit, serré entre sa meilleure amie et le mur. C'était trop étroit pour tenir à deux, elles étaient censé être chacune de leur côté de la chambre mais préféraient discuter à l'étroit avant redescendre pour dormir dans le grand lit. Généralement, les coussins finissaient par voltiger un peu partout dans la bataille mais on perd toujours des munitions pendant la guerre.

« Parfois,j'ai l'impression que tu le connais mieux que moi. » ditAsh en mâchonnant ses cheveux pour se donner une contenance, ça lui donnait un air agacé.

« Il a voulut m'intégrer à la famille quand il a su pour mes parents,c'est un chic type. Ça nous arrive, ouais, de discuter sans toi. Il pense que tu ne l'aime pas. »

« Il est con. »

« Il est comme ça, tu sais. »

« Je sais. »

L'une ferma les yeux, l'autre secoua son bras pour la réveiller avant qu'elles ne finissent courbaturées par une nuit à l'étroit, ça n'était arrivé que deux fois mais leur dos s'en souvenait encore. Elles se levèrent, Lizzie descendit contentieusement à l'échelle tandis qu'Ash sauta comme un félin, son vertige disparaissait miraculeusement quand elle était fatiguée ou en mission d'infiltration ou les deux simultanément.

« Si tu te casses une jambe, ne compte pas sur moi pour te porter. »avertit la blonde avant de se recevoir un coussin sur le coin de gueule, évidemment.

« Tu le feras, on le sait toutes les deux. »

« Peut-être mais je râlerais et j'ai décidé de commencer dès maintenant. »

« T'es bien française, hein, Madame Le Roy. »

« Roooh ça va... New-Paris n'est pas New-New-York malgré tout ce qu'on veut nous faire croire, je crois que tu es tout aussi française que moi. »

« J'habite dans un gratte-ciel, moi, comme les gens normaux. Elle ne t'a pas fait mal, la cuillère en argent qu'on a retrouvé dans ta bouche le jour de l'accouchement ? »

Un coussin vola vers elle comme un boulet de canon... la guerre est déclarée.

Moi, le Renard et nos rayures || RANTBOOKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant