« Bordel, il exagère, ça fait vingt minutes. » râla Ash, enroulée dans une épaisse fumée de cigarette, intoxicant la plupart des gens qui passaient dans le coin.
Plus personne ne fumait, depuis des centaines d'années et ceux qui s'obstinaient choisissaient des fumées à la vapeur colorées et parfumées. C'était très rare de trouver une réelle fumée de tabac, les cigarettes étaient excessivement chères et dissuasives alors les gens toussaient énormément en passant à proximité d'Ash, leurs poumons n'étaient pas habitués.
« T'es sûre qu'il s'est trompé ? Il est capable d'arriver dans huit heures et nous ressortir comme excuse qu'il nous rejoindrait pour le dîner. »
« Il ne fait strictement aucune différence entre le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner, je t'assure que j'ai déjà commencé une journée par des pâtes et terminé avec des céréales. Ça m'a fait un choc, à la maternelle. »
Comme les filles en avaient marre de tripoter des cuillères, elles se levèrent après que Lizzie explique la situation au vendeur et montèrent les étages pour aller chercher Walter Atkins elles-même. Elles sursautèrent en entendant les alarmes qui sonnaient et comprirent qu'elles n'étaient pas prêtes de déjeuner avant un long moment si elles voulaient vraiment attendre le Commandant Atkins.
« Ah les filles, vous êtes là. »
« Salut Marc, qu'est-ce qui se passe ? »
« Une complication en salle d'interrogatoire, allez dans le bureau et je vais vous expliquer. »
A peine pénétrèrent-elles à l'intérieur de la pièce qu'il referma la porte pour les y enfermer. Il rangea les clefs dans sa poche et leur adressa un regard triste, conscient que ce n'était pas très juste mais il tapota son badge pour leur indiquer qu'il ne faisait que suivre les ordres du patron Atkins avant de les laisser.
« Putain d'enfoiré de merde !!! » hurla Ash en frappant furieusement contre la porte.
« Ce n'est pas de sa faute, il obéit juste au patron. »
« Tu crois que j'insulte qui, là ?! Non mais franchement, il est culotté !!! On traverse Paris pour le voir et il nous enferme dans son bureau ?! »
Lizzie ne prit pas le temps de lui expliquer qu'il y avait une urgence, elles pouvaient entendre l'alarme et n'importe quel idiot aurait compris. Néanmoins, elle avait beau chercher toutes les excuses du monde, Walter aurait pu leur téléph... euh... non, laissez-tomber. Elle regarda les câbles grossièrement arrachés du mur, lui-même déchiqueté à cet endroit précis comme s'il passait son temps à lutter contre les mesures de sécurité qui lui vissait des systèmes de plus en plus complexes pour l'empêcher de récidiver.
« Tu sais quoi ? Je suis plutôt contente d'être sa fille, pour une fois. »
« Toi ,tu t'apprête à faire une connerie. »
Ash avait arrêté de taper contre la vitre, personne ne l'entendait et même si ça arrivait, ils n'avaient pas les clefs ou carrément l'obligation de les laisser pourrir là. Et il était hors de question qu'elle finisse par pisser dans les bouteilles dégueulasses de son père ! Elle se dirigea droit sur le bureau et commença à soulever les papiers sans se soucier du bordel qu'elle rajoutait, il lui fallait un petit objet fin et... Bingo.
« Tu crois vraiment que tu vas pouvoir déverrouiller cette porte avec ce truc ? C'est de la haute sécurité. »
« Oh non, pas du tout. » répondit-elle en dégageant son front pourmieux se concentrer sur les tiroirs. « Je cherche sa clef de secours qui est fourrée dans son bazar moins sécurisé et ça nous permettra de sortir pour lui botter le cul. »
Lizzie pinça ses lèvres mais ne rajouta rien. Ça finirait probablement par arriver, l'un de ses jours et aujourd'hui n'était pas pire qu'un autre : sa meilleure amie aller péter les plombs et utiliser les méthodes de combat extrêmement spécialisé que son père lui avait lui-même appris. Elle était plutôt contente d'être là, le spectacle promettait d'être beau à regarder puis il y aurait probablement des pots cassés à réparer.
Bang, il ne lui fallut qu'une poignée de minutes pour déverrouiller la serrure centrale et elle arracha carrément le premier tiroir de ses gongs pour renverser le contenu sur le sol en prenant garde à ne rien briser, ça serait con de casser l'un des objets de sa mère dans sa colère. Rien ne justifiait un tel acte, rien, jamais.
« Il...il a gardé ça ? » s'étonna-t-elle en retrouvant un vieux collier bricolé avec des bouchons de bière qu'elle lui avait fièrement offert de nombreuses années auparavant sans comprendre pourquoi il avait tellement hurlé sur le collègue qui avait donné ses capsules, à l'époque.
Elle retrouva une liasse de vieux dessins qu'elle lui avait donné en maternelle, son dossier scolaire tout récent de cette année qu'il n'était pas censé posséder et un album photo épais où il avait contentieusement rangé et trié toutes ses photos de couple, de mariage et d'activités paternelles. Émue, elle arrêta de tout saccager et regarda les dernières photos datant de plusieurs années quand même mais pas si longtemps que ça, probablement la dernièrejournée paisible qu'ils avaient passé en tête à tête. Ils s'étaient juste promené sur les berges de Seine en mangeant une glace, rien de particuliers à part le fait qu'elle venait de finir ses vacances scolaires et rentrerait au collège le lendemain. Il n'était jamais venu pour sa rentrée, elle lui en avait voulut et après... après...
« Tu dis souvent qu'il est con mais tu n'es pas mieux. »
« Je l'ai jamais enfermé dans un bureau poisseux, moi. Et puis je pisse pas dans mes bouteilles, bordel. Tu te rends compte que j'ai prisça pour du jus de pomme quand j'avais huit ans ? C'était dégueulasse !!! »
Lizzie ne put s'empêcher de ricaner, cette histoire l'avait toujours amusé et faisait parti des nombreuses anecdotes qui justifiaient cette rage incommensurable. C'était rassurant, toute cette merde avait son origine et n'était pas apparut par hasard comme chez la plupart de ses amis qui boudaient leurs parents pour des raisons idiotes. Elle avait du mal à s'imaginer que ça aurait pu lui arriver si... si...
« Et voilà le travail ! » fanfaronna Ash en faisant tourner trois fois le trousseau autour de son pouce, elle l'envoya valser à l'autre bout de la pièce sans faire gaffe et s'entailla la paume de la main en allant le chercher, sa malchance était légendaire.
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Moi, le Renard et nos rayures || RANTBOOK
Não FicçãoRantbook - Graphiste & Auteur || Geek • Écriture • Dessins || 🏳️⚧️ PAN & ACE 🏴☠️ 26 ans - PARIS Handicap