3 - Le témoin

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     Lorsque le policier passa les portes du poste de police dans lequel il travaillait, la matinée était bien avancée et il ne portait pas son uniforme. Avant de venir, il était repassé chez lui pour se changer et manger. Cependant, cela n'avait pas diminué la frustration qu'il avait ressenti en voyant un témoin lui glisser entre les doigts.

« Ziggy, qu'est-ce que tu fais ici ? demanda l'un de ses collègues, je croyais que tu étais rentré chez toi !

— Non, je reviens juste pour vérifier ma boite mail.

— Pourquoi ?

— Je crois qu'il y avait un témoin, ce matin sur la scène de crime de Nishani ; malheureusement je n'ai pas réussi à le rattraper.

— C'était un Super ou un Normal ?

— C'est bien la question. L'agent de sécurité doit me transmettre la liste des personnes qui sont montées dans la rame à ce moment-là. Après je rentre. »

     Son collègue lui fit un geste de la main et retourna sur son travail. Ziggy, quant à lui, s'assit sur sa chaise de bureau et ouvrit sa boite mail. Pour son plus grand soulagement, il se rendit compte que l'un des mails reçu était celui de la liste.

     Non seulement il y avait tous les noms, mais en plus de cela, l'agent de sécurité avait également fournit une copies des cartes d'abonnements. Et sur chaque carte d'abonnement figurait le nom et le prénom de la personne, ainsi que sa photo d'identité. Ziggy esquissa un sourire en appuyant sur le bouton « imprimer ». Son sourire faiblit légèrement lorsqu'il se rendit compte que beaucoup de feuilles sortaient. En soupirant, il sortit une pochette neuve d'un tiroir de son bureau pour y mettre tout ce qui sortait de l'imprimante. Heureusement que son supérieur n'était pas là, il aurait eu droit à un regard désapprobateur.

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     En arrivant chez lui, le regard de Ziggy se porta immédiatement sur son lit. Il avait l'air terriblement accueillant, et ses draps étaient encore défaits, comme s'il n'attendait que lui. Il fut très tenté de se recoucher, mais la pile de papier qu'il tenait dans sa main le fit revenir à la raison. Nishani avait peut-être encore besoin de lui. Il lui envoya un message qui résumait tout ce qu'il venait de se passer et lança son téléphone sur son oreiller pour ne plus être dérangé.

     Sa cafetière automatique indiqua qu'une bonne réserve de café l'attendait. Ziggy se servit une grande tasse où il rajouta un nuage de crème (Ziggy s'adoucissait avec le temps) et il se laissa tomber dans le canapé, seulement vêtu de son caleçon, d'un vieux débardeur tâché de café et de son peignoir.

     Il commença par poser la photo issue de la caméra de surveillance du fameux témoin. Ensuite, il sortit la pile de feuille et les tria en deux tas. Le premier tas était pour les Normaux, et le deuxième était pour les Supers. Par acquis de conscience, il laissa les Supers tranquille un instant pour se concentrer sur le tas des Normaux. Le policier sous-tria le tas en séparant ceux qui ressemblaient à la photo de la caméra de surveillance et ceux qui y ressemblaient un peu. Et enfin, il s'intéressa au tas des Supers, nettement plus mince. En même temps, l'abonnement du métro coûtait un blinde, et il était bien content de ne pas en avoir besoin, son unité préférant une voiture de fonction.

     Cependant, aucun des Supers ne correspondaient à la photo. Ziggy soupira. En revanche, il pouvait toujours aller demander aux Supers présents dans la rame s'ils connaissaient le fameux témoin.

     Ziggy regarda la tasse de café à moitié finie sur sa table basse avant de bailler. Il regarda ensuite son lit, avant d'en conclure que oui, il avait l'air très accueillant. Le policier se leva, enleva son peignoir et son débardeur avant de se glisser à nouveau dans ses draps. Le reste attendra. Il eut un peu de mal à retrouver le sommeil, mais lorsqu'il arriva à lui, Ziggy ferma les yeux et ne les rouvrit que quelques heures plus tard.

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     Le lendemain, Ziggy arriva au poste avec sa pochette triée sous le bras. Il salua poliment ses collègues et il se rendit directement au bureau de l'inspecteur Nishani.

« Bonjour inspecteur, dit-il en donnant deux coups dans la porte, je vous dérange ?

— Bonjour Jägerhirsch ! Non, vous ne me dérangez pas, je peux faire quelque chose pour vous ?

— Oui, c'est à propos d'hier, j'ai du quitter les lieux un peu précipitamment pour rattraper quelqu'un.

— Un témoin ? demanda-t-il.

— Je pense. Malheureusement j'ai été trop lent.

— Ne vous tracassez pas pour ça, de toute façon l'enquête n'est pas prioritaire.

— Si j'ai peut-être trouvé un moyen de le retrouver, ça vous arrangerai ?

     Nishani haussa les épaules. Les Supers n'étaient pas vraiment une préoccupation, de toute façon.

— Peut-être que ça fera avancer l'enquête, mais j'en ai d'autres en cours qui sont plus importantes. Tenez-moi au courant, d'accord ?

— Entendu, répondit Ziggy en hochant la tête. »

     Le policier retourna à son bureau, accompagné d'une tasse de café et il se laissa tomber sur sa chaise. La première chose qu'il fit fut de numériser tout son dossier pour le passer en reconnaissance faciale. Ce qui était pratique, c'est que c'était le logiciel qui allait faire tout son boulot. C'était bien, mais il n'avait rien à faire entre temps.

     Au bout de quelques minutes, le logiciel indiqua qu'il n'y avait aucune correspondance. Tout en ayant un sourire en coin, il en conclut que la personne avait fraudé. Il se releva, attrapa la chemise des personnes Supers et l'embarqua avec lui.

     Ziggy gara sa voiture devant un vieux bâtiment un peu délabré et jeta un dernier coup d'œil à sa liste. Cinq noms de Supers y figuraient, et le policier espérait bien qu'il tomberait sur un Super qui pourrait lui donner des informations.

     Il avait l'habitude d'être dans les quartiers Supers. À vrai dire, quand il avait commencé sa carrière dans la police, c'était toujours lui qui était qui se rendait chez les Supers. Au fur et à mesure, les Supers avaient comprit que Ziggy n'était pas si méchant que ça, sous ses airs froids et sérieux, ils savaient qu'ils pouvaient compter sur lui si quelque chose de grave se passait. Bien entendu, il était très rare que les Supers parlent d'eux et de leurs problèmes, mais Ziggy n'était pas considéré comme un ennemi.

     Les trois premiers Supers ne reconnurent pas celui de la caméra. Le suivant n'était pas à son domicile et Ziggy misa tout sur la dernière personne. Le Super qui lui ouvrit la porte était une personne âgée. Lorsque Ziggy lui montra la photo du Super, ce dernier écarquilla les sourcils.

« Vous savez qui s'est ? demanda-t-il au vieil homme.

— Oui ! Je le reconnais. Il habite pas très loin d'ici, à quelques minutes de marche. Je vais vous écrire son adresse.

— Vous connaissez son Super, par hasard ?

     Le vieil homme secoua la tête en lui tendant le papier sur lequel était écrit l'adresse.

— Il est assez discret, il ne parle pas vraiment. Par contre il est très gentil. Il n'a rien fait de mal, j'espère ?

— Je ne pense pas non plus, mais j'ai quelques questions à lui poser. Merci de votre temps.

     Ziggy fit demi-tour, et il sentit une main se refermer sur son bras.

— C'est à cause de ce qu'il s'est passé à la fête foraine, n'est-ce pas ?

     Le policier eut un faible sourire.

— C'est ce que j'espère découvrir. Bonne journée Monsieur, désolé de vous avoir réveillé. »

     Le Super le salua d'un geste de la main et Ziggy en fit de même. 

Incroyable [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant