J'observe Zinaida faire les cent pas depuis dix bonnes minutes. Nous nous sommes isolées dans ma chambre suite à notre discussion avec Aby, laissant notre hôtesse cuver son vin – ou quelque soit l'alcool qu'elle a ingéré de façon si enthousiaste – dans son coin. J'avais besoin de bouder après les révélations de la dakaroise, et la blondinette, elle, avait visiblement besoin de tourner... en rond... continuellement.
J'ai d'abord cru qu'elle s'était lancée dans un jeu de mime en la voyant entamer sa marche en cercle avec beaucoup d'entrain, mais puisqu'elle n'a réagi à aucune des propositions que je lui ai faites à la volée, j'imagine que ce n'est pas ça.
Ou alors, je n'ai pas encore trouvé la bonne réponse ?
Elle s'agrippe les cheveux de chaque côté de la tête, les faisant remonter comme des couettes autour de son visage poupin.
— Fifi brin d'acier ? proposé-je. Oh, non ! J'ai mieux ! Couette-couette des Razmoket ?
Zinaida cesse enfin ses allées et venues et se poste devant moi, sourcils froncés. Elle est sans doute trop jeune pour avoir la référence, mais elle pourrait définitivement camper le rôle de la redoutable Angelica Cornichon si elle le souhaitait.
— Je n'arrive pas à croire qu'ils continuent de me cacher des choses aussi importantes ! explose-t-elle. Ce n'était peut-être pas prévu à la base, mais je suis une Kerberos, moi aussi ! Que ça leur plaise ou non ! Je ne peux pas les laisser me mettre sur le banc de touche dès que la situation devient trop critique à leurs yeux.
— D'accord.
J'opine du chef avec énergie.
— Il faut qu'on agisse, décrète-t-elle.
— Tu as raison, l'heure est grave. Nous aurons tout le temps de jouer au mime plus tard. Quatre heures sans nouvelles de Ronron, c'est bien trop long ! Si Aby ne veut rien faire pour sauver ma pizza, je vais prendre les choses en mains.
Elle hoche la tête avec raideur.
— Bien parlé ! C'est quoi ton plan ?
— Je vais appeler Ronron !
J'attrape mon téléphone sorti tout droit de l'Antiquité, je cherche le numéro du cairebéroce, j'avise l'air dégoûté de Zinaida devant la Bête, je lui retourne à peu près la même expression, et j'appuie enfin sur la touche appel.
« Pas dispo, laissez un message... Kali, si tu n'es pas sur le point de te faire étriper, raccroche ce putain de téléphone ou c'est moi qui m'en chargerai... de t'étriper, j'entends. »
— Crotte, je tombe direct sur son répondeur, me renfrogné-je.
Enfin, il a au moins eu la délicate attention de me faire une petite dédicace perso, c'est plutôt prévenant de sa part. Est-ce que « se faire étriper » pourrait avoir une autre signification chez les cairebéroces ? Genre « se faire tringler » ?
— Attends, j'essaie de joindre les autres.
Zinaida sort son propre téléphone – bien plus beau que le mien en passant – et pianote dessus quelques instants avant de le porter à son oreille. Elle recommence l'opération cinq fois de suite.
— Messagerie directe pour chacun d'entre eux, me confirme-t-elle après avoir fait le tour des personnes impliquées.
— Merde, les relous.
— Tu devrais peut-être retenter le numéro d'Enzo, me conseille-t-elle. Sven aura sans doute conservé son portable au cas où le ravisseur rappellerait.
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Deka Kerberos - Tome 1
ParanormalJ'adore ma vie ! Enfin, jusqu'ici... Une boulette, et c'est l'apocalypse ! En me levant ce matin, je ne m'attendais pas à me retrouver plongée au cœur d'un conflit surnaturel impliquant rien de moins que la fin du monde. Ce n'était assurément pas no...