Chapitre 18-2

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Après quoi, il attrape mon bras et s'isole avec moi dans un coin de la pièce à l'abri des oreilles indiscrètes.

Mince, il veut faire ça en publique ? Puis, cinq minutes seulement ? Il est sérieux ?

À moins que...

— Bon sang, mais c'est bien sûr ! réalisé-je en me plaquant la main sur le front. Tu es un éjaculateur précoce.

Ça explique beaucoup de choses. À commencer par sa fâcheuse tendance à constamment souffler le chaud et le froid en ma présence. Ses désirs se heurtent à ses appréhensions et il n'ose pas m'en parler. Ma réaction lui fait peur.

Tout prend sens !

— Je suis... quoi ?! s'étrangle-t-il.

Il craint que je le juge. Vu la tronche qu'il tire actuellement, il ne s'attendait certainement pas à ce que je me révèle si perspicace et que je vois clair dans son jeu. Il espérait me cacher l'information jusqu'au bout. Le pauvre loulou.

M'enfin, son secret n'aurait pas duré bien longtemps de toute façon... pas plus de trois minutes, je dirais.

— T'inquiète, ça ne me dérange pas, le rassuré-je. Tu pourras utiliser tes doigts et ta langue, c'est tout aussi plaisant.

Il est tout rouge désormais. On voit ses veines s'épaissir sur son visage tellement il gonfle les joues. Si c'était un ballon de baudruche, il aurait déjà éclaté sous la pression.

C'est fou comme l'embarras peut devenir palpable, dans certaines situations.

— Putain ! Tu es... Kali ! peste-t-il en m'invectivant.

— Heu, oui. C'est bien moi.

Je crois qu'il s'égare, là.

— Tu... T'es... Merde !

— Hein ? dis-je un peu paumée. Je suis merde ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

Oh ! percuté-je avec horreur.

Est-il réellement en train de me dire que je suis une merde ?!

— Mais ! Mais... Mais, toi-même ! me rebiffé-je.

Je lui écrase le pied pour manifester mon mécontentement. Il observe mon mouvement avec sidération mais, à mon grand dam, il ne me donne pas l'impression d'avoir ressenti la moindre douleur. Il faut dire que ses chaussures sont plutôt épaisses.

Je réitère le geste, en appuyant un peu plus au niveau de ses orteils, cette fois-ci. Toujours rien. Je reviens alors à la charge jusqu'à obtenir une réaction satisfaisante de sa part.

Je me contenterai d'un petit « outch » ou d'un « aïe » étouffé, voire même d'un infime gémissement.

Après avoir suivi mon acharnement avec stupéfaction durant un temps indéfini, Aaron finit tout de même par sortir de son mutisme, oral autant que physique. Il m'attrape les épaules et me repousse contre le mur pour me faire stopper mon manège.

— Ça suffit ! s'agace-t-il.

L'effet est immédiat. Je m'immobilise. Non pas parce qu'il me l'a ordonné mais parce que je repense soudain à la dernière fois qu'il m'a collée contre un mur.

Ah, c'était le bon temps.

Je vois les yeux de Ronron s'enflammer. Je crois qu'il a la même scène que moi en tête. Il s'éclaircit la gorge avant de poursuivre de sa voix rauque :

— Tu vas m'écouter, maintenant.

— D'accord.

Ma coopération soudaine le déstabilise un peu. Il me relâche et se recule de trois pas en constatant que nos deux bustes sont très en contact.

Deka Kerberos - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant