Ça doit bien faire une heure qu'on tourne dans les rues de la station balnéaire, sans aucun point de chute en prévision. J'ai eu beau rappeler à Aaron que toutes mes affaires étaient restées à l'hôtel, y compris la baguette d'hypnose, ce gros dindon a tout de même tenu à prendre la route.
Je suis super heureuse.
Notre véhicule vient de passer devant le même croisement pour ce qui doit être la centième fois depuis notre départ. Je peux maintenant vous dire très exactement combien de crottes de chien badigeonnent le trottoir.
Ah, tiens ! On change de rue.
Aaron a dû finir par se lasser du quartier. Ou bien il a senti les emmerdes arriver en voyant cette petite mamie, accompagnée de deux policiers, nous montrer du doigt d'un air suspicieux.
À moins qu'il ne lise dans mes pensées.
Je l'observe scrupuleusement.
J'ai envie de toi.
Un oiseau t'a chié sur la tête.
C'est normal cette tâche jaune sur ton pantalon ?
Je crois que la magica boule est en train de remonter.
Je suis ton père.
Aucune réaction.
Bon, bah, faut croire que la télépathie est à rayer de la liste de ses pouvoirs.
Je reprends mon étude du paysage en chantonnant.
Au départ, j'ai eu peur qu'Aaron me ramène chez les filigays sur le champ, mais il s'est contenté de tourner en rond sans jamais passer les frontières de la ville, pour le moment.
Nous roulons donc.
Sans but.
Aaron semble s'être découvert une soudaine passion pour le tourisme. Il doit se prendre pour un car-tour ou un truc du genre... sauf qu'il n'y a aucun guide embarqué pour nous détailler les différents sites que nous croisons. Je dois dire que cette excursion est plutôt nulle à chier.
À choisir, je préfère les petits trains.
Et dire que je ne m'étais même pas inscrite pour cette sortie...
— Je te préviens, ne compte pas sur moi pour te mettre une bonne note sur TripAdvisor.
Je lui jette un coup d'œil furtif. Son expression est toujours aussi maussade qu'il y a quelques minutes. Les mâchoires serrées, il tient le volant d'une main et se masse la tempe gauche de l'autre, son coude appuyé contre le rebord de sa fenêtre ouverte.
— Tu as mal au crâne ? je m'enquiers.
Il me retourne un coup d'œil excédé et souffle par le nez.
Ok. Au moins il respire.
Et, il m'a regardée. C'est plutôt bon signe. Ça vaut toujours mieux que d'être ignorée.
Un premier pas vers le dialogue semble s'être finalement enclenché.
Après sa séance de boudin boudeur, Aaron n'a pas desserré les lèvres une seule fois, si ce n'est pour m'avouer que non, il n'avait pas réellement torturé Margarita.
Je crois que c'est de me voir me jeter sur lui comme une furie pour lui faire payer son outrage à mon amie qui l'a poussé à me révéler la vérité.
Ça devait certainement l'amuser de me sortir cette énormité sur le moment, histoire de me faire culpabiliser. Il n'a sans doute pas aimé que je l'abandonne au refuge sans un au revoir.
VOUS LISEZ
Deka Kerberos - Tome 1
ParanormalJ'adore ma vie ! Enfin, jusqu'ici... Une boulette, et c'est l'apocalypse ! En me levant ce matin, je ne m'attendais pas à me retrouver plongée au cœur d'un conflit surnaturel impliquant rien de moins que la fin du monde. Ce n'était assurément pas no...