Depuis que nous avons franchi la porte d'entrée de cette demeure colossale, j'ai dû croiser au moins dix nouveaux visages.
Ou bien Aaron a une grande famille, ou bien j'ai atterri dans une secte.
Et, dans cette seconde hypothèse, l'hospitalité ne doit pas faire partie des préceptes de base de cette étrange communauté. Je peux compter sur un doigt le nombre d'individus ayant pris la peine de répondre aux « bonsoir » enjoués que je distribue allègrement depuis notre entrée dans ces lieux. Le savoir vivre semble manquer cruellement aux proches d'Aaron et Olaf. La plupart d'entre eux préfère me dévisager avec stupéfaction lorsqu'ils me voient.
À moins que ce ne soit le résultat d'un total éblouissement face au charme dont je déborde naturellement ?
Envisager cette possibilité améliore considérablement mon humeur. Ah ! Je me sens beaucoup plus légère, tout à coup. Pendant un instant, j'ai eu peur que sa famille ne m'apprécie pas.
Nous montons les marches d'un somptueux escalier et traversons un dernier couloir, puis Aaron stoppe enfin son avancée au beau milieu d'une pièce spacieuse aux allures de musée, ou de jungle, c'est au choix.
Ouf, j'ai cru qu'il comptait me faire visiter toute la propriété pendant un instant.
En général, je me contente de faire le tour de la chambre à coucher. Du moins, quand j'ai le temps d'arriver jusque là.
Aaron relâche mon bras qu'il tenait encore une fois dans une poigne possessive — il doit craindre que je lui fasse faux bond — puis il se tourne vers Olaf :
— Je vais m'entretenir seul avec la Veteris dans un premier temps. Autant la préparer un minimum au désastre qui nous attend. Surveille l'humaine et veille à ce qu'elle ne touche à rien. Quant à toi...
Ah ! C'est à moi qu'il parle, là !
J'adopte une pause sexy et j'envoie valser mes boucles soyeuses vers l'arrière comme si j'étais dans une pub pour shampoing. Mon beau brun n'en perd pas une miette et soupire de frustration à l'idée de ne pas pouvoir profiter de mon corps de déesse sur le champ.
J'espère que l'Avé Tétris ne le retiendra pas trop longtemps.
— ... contente-toi de ne pas bouger, m'avise-t-il avant de tourner les talons pour pénétrer dans une salle attenante.
— Ne t'en fais pas, Ronron, rassuré-je son derrière. Je ne reviens jamais sur une décision quand celle-ci implique le ramonage de ma cheminée.
Je profite de l'absence de mon hôte pour détailler un peu mieux mon environnement.
Des plantes aux longues feuilles traînantes sont posées un peu partout à travers la pièce et des vitraux aux peintures loufoques décorent la partie supérieure des trois grandes fenêtres présentes. Entre chacune de ces dernières reposent un meuble de présentation exposant tour à tour des livres anciens et divers objets archaïques que je n'avais jamais vus auparavant.
Je décide d'en faire le tour pendant qu'Olaf, à mes côtés, fait les cent pas en s'arrachant les cheveux.
Un objet en particulier attire mon regard. Il s'agit d'une espèce de tube creusé dans une matière proche de l'ivoire. En m'avançant pour l'inspecter de plus près, je distingue des symboles étranges qui y sont apparemment gravés. La tentation de les toucher est trop forte. Je me saisis de cet obscur cylindre d'une autre époque et, alors qu'il repose lourdement dans la paume de ma main, il semble s'animer à mon contact et se met à luire comme un feu follet violet. Un feu fiolet, dirons-nous.
Sans prévenir, une énorme lame recourbée en différents endroits se déploie depuis une des extrémités du tube, à la manière d'un sabre laser. Prise de court par le phénomène, je sursaute et jette le bidule en l'air.
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Deka Kerberos - Tome 1
ParanormalJ'adore ma vie ! Enfin, jusqu'ici... Une boulette, et c'est l'apocalypse ! En me levant ce matin, je ne m'attendais pas à me retrouver plongée au cœur d'un conflit surnaturel impliquant rien de moins que la fin du monde. Ce n'était assurément pas no...