Chapitre 19-1

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Dix heures plus tard, la bave aux lèvres ne m'a toujours pas quittée. Malheureusement, ce n'est pas tant à Aaron que je la dois qu'à la position relativement peu glamour dans laquelle je me retrouve. Je suis en étoile de mer, sur le ventre, la bouche grande ouverte et dégoulinante de salive sur mon oreiller suite au profond sommeil duquel j'émerge tout juste.

Contre toute attente, il a suffi que nous franchissions la porte de la chambre pour que mon cairebéroce de compagnie prenne ses jambes à son cou, m'abandonnant à ma solitude. J'ai à peine eu le temps de lui lancer un sourire aguicheur et de commencer mon effeuillage avant de le voir tourner les talons, en marmonnant je ne sais quoi dans son bouc. J'étais trop déstabilisée par son comportement abyssal pour l'écouter.

En voilà un qui ne respecte pas beaucoup les promesses de ses sous-entendus. 

À moins que...

Est-ce qu'un simple sourire et l'absence de soutien-gorge peut avoir pour conséquence de le faire se décharger dans son caleçon ?

Cela expliquerait sa fuite inopinée. Il faudra que je le lui pose la question.

Heureusement, Morphée n'a pas tardé à venir me tenir compagnie à sa place, palliant ainsi le comportement versatile de Ronron. J'ai dormi comme une souche malgré l'absence notable du beau brun pour accompagner mes songes.

Le réveil sur la table de nuit indique à présent 16h30. C'est l'heure du goûter ! Je bénis les deux heures de décalages entre le Sénégal et la France. Me réveiller à 18h30 m'aurait paru vraiment naze, en comparaison. Et très frustrant du point de vue de mon estomac.

J'espère que Tidiane saura où trouver du cappuccino et de la pâte à tartiner pour accompagner mes pancakes. Je suis certaine que la cuisine de cet immense palace doit avoir des placards bien garnis.

J'espérais trouver Aaron à mes côtés, à mon réveil... manifestement ce n'est pas le cas. Peut-être que les cairebéroces ne dorment pas ? Ou alors, il a trouvé le matelas trop mou pour son postérieur si ferme ?

Si ça se trouve, il n'a pas osé troubler mon repos. Ou bien il n'a tout simplement pas eu la place de me rejoindre... C'est vrai que j'ai tendance à me mettre en travers du matelas lorsque je pique un roupillon. Cependant, je l'aurais certainement retrouvé en train de ronfler dans la méridienne qui repose sous la fenêtre, le cas échéant.

À moins qu'il ne dorme dans un cercueil, comme les vampires...

J'avise la grande armoire qui fait face à la couche... avant d'abandonner aussitôt cette idée saugrenue.

Naaaan ! Je l'ai déjà vu sortir en plein soleil.

Je vérifie tout de même sous le lit, par acquis de conscience, au cas où l'idée de dormir sur une surface dure lui serait paru plus avisée.

Nop, il n'est pas là, non plus. Par contre, je repère un petit bibelot très étrange qui scintille malgré la poussière qui le recouvre. Je tends le bras pour m'en emparer et le sors à la lumière du jour pour en découvrir les détails.

Il s'agit d'une pierre taillée en forme de cerveau, dans laquelle sont incrustés des pépites de ce qui ressemble à du zircon bleu. Elle est assez lourde mais ne dépasse pas la taille d'une grosse noix.

À quoi peut-elle bien servir ?

Je commence à jongler avec tout en réfléchissant à sa fonction première. Mon intuition me dit qu'elle n'est pas seulement décorative. Rien ne l'est chez les Filii Gê.

Et si c'était un vrai cerveau ? Mais, momifié à la façon d'une tête réduite ?

La curieuse pierre m'échappe des mains lorsque cette pensée répugnante me traverse l'esprit. Elle rebondit sur le lit avant de s'écraser au sol, aux pieds de ma valise licorne.

Deka Kerberos - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant