Chapitre 21

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Une fois encore, je n'ai pas pu me relire autant qu'à mon habitude. Donc je compte sur vous pour m'indiquer les fautes oubliées.

***

3310

Le nombre de la Bête.

Exit 666, les chiffres du diable ont désormais un nouveau visage. Et il est sacrément laid. Emballé dans une coque protectrice d'un bleu terne et sans saveur, d'une taille approximative de onze centimètres sur quatre, pour un poids de 130 grammes et deux centimètres d'épaisseur.

Tremblez, pauvres mortels.

Aaron le Tentateur est la réincarnation du Malin en personne. C'est désormais un fait avéré.

Quitte à me faire une mauvaise blague, le fourbe aurait pu se contenter de m'offrir la nouvelle version de cette célébrité du temps passé, dont la sortie ne remonte qu'à quelques années auparavant et qui — bien que déjà pas terrible — aurait au moins eu le mérite de prendre des photos pourries et de me donner un accès limité à internet... Mais non, ce vil félon a poussé ma torture à son paroxysme en se rabattant sur une antiquité reconditionnée.

Je ne savais même pas qu'un tel prodige — entendez plutôt désastre — était possible.

Cela va faire deux heures que je tente d'apprivoiser la Bête. Si je ne suis pas encore parvenue à la dompter tout à fait, j'ai toutefois fait le tour de ses fonctionnalités assez rapidement.

Le jeu du serpent a beau être amusant les dix premières minutes, je m'ennuie mortellement. Surtout depuis qu'Aby est allée se coucher et que je me retrouve seule, comme une âme errante, abandonnée dans cette grande chambre sans télévision.

J'aurais bien tué le temps en passant un coup de fil à Margarita et Enzo, mais aucun d'eux ne daigne répondre à mes appels. Je me suis donc contentée d'ajouter leurs numéros dans mon répertoire et de rebaptiser les contacts entrés si sommairement par Aaron. Sven se nomme désormais « Le Renne des neiges » et j'ai gardé l'idée de Brienne pour la Vipéris.

Je m'assure de cette façon à ce que le mystère reste entier si, d'occasion, quelqu'un venait à s'emparer de mon affreux portable — quelle idée — et à s'interroger sur l'identité de son propriétaire. Mephisto Ronron peut être fier de moi. J'ai pris toutes les précautions nécessaires et la Bête ne me trahira pas si elle tombe entre de mauvaises mains.

Même Aby, à qui je me suis empressée de demander son numéro, se trouve dissimulée sous un nouveau sobriquet... 

Pour l'amazone, j'ai eu l'idée de « Fringue ». J'avais commencé par l'appeler « Habit » mais j'avais peur que le jeu de mot soit trop facilement décodable. Vu la grimace amusée que cette dernière m'a lancée en découvrant son surnom, je suis à peu près sûre qu'elle valide.

Tandis que j'observe pensivement l'objet maudit et l'abominable image pixelisée d'un couple dansant qui trône en fond d'écran, je fredonne la sonnerie que j'ai composée moi-même un peu plus tôt.

Tum tum Tut tuuuut tut tuut tiit tit tiiiiiiiit

J'avais d'abord opté pour la sonnerie nommée « Knick Knack », qui se trouvait être la moins pire du lot, puis je me suis aperçue que le téléphone offrait au moins une fonctionnalité amusante, me donnant libre court à mes talents artistiques. Je dois dire que je suis plutôt satisfaite du résultat.

J'ai hâte que Ronron revienne pour lui faire profiter de ma merveilleuse composition musicale. Je suis persuadée qu'il va adorer. C'est que je ne me contente pas d'être une Castafiore, je suis également une reine des mélodies.

Deka Kerberos - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant