Deka Kerberos - Tome 1

Chapitre 12-2

Si ce fétichiste des placards à balais veut me tuer, il n'a pas l'air pressé de s'exécuter. Il s'est contenté de m'écouter sans chercher à me taillader pour le moment. C'est bon signe.

Néanmoins, j'ai l'impression que plus je me perds dans mes explications, plus c'est son sang froid qu'il perd, pour sa part.

Merde. Il ne faudrait pas non plus que j'avance l'heure de ma mort, par mégarde.

Je décide de m'arrêter là. Pour l'instant.

— Je ne suis pas un tueur, soupire l'inconnu.

Il semble déçu de ne pas l'être.

Il a sans doute essayé et n'est pas parvenu à aller jusqu'au bout.

— Vous vous contentez de torturer les gens ? je propose. Vous allez me fouetter ? M'écorcher vive ?

— Non ! Quoi ?! Mais, non !

— Alors, vous comptez m'enlever ? Pour une demande de rançon ?

— Non, je...

— Vous voulez me prostituer ! Vous êtes un genre de proxénète ! l'accusé-je.

— Mais enfin, pas du tout ! s'indigne-t-il. J'essayais simplement d'échapper à une horde de...

Il est coupé par des cris et de violents coups donnés contre la porte. La poignée se met à tourner dans le vide, comme dans un film d'horreur.

— Aaaah ! je hurle. Des zombies ! Vous vouliez échapper à des zombies ! On est attaqué ? C'est déjà la fin du monde ?! Je croyais qu'elle ne devait avoir lieu que dans trois mois !

— Mais non, pas du tout. Calmez-vous. Vous semblez hystérique. Ce sont juste des fans. Mes fans...

— Alors pourquoi ils crient « cervelle » ? je le questionne.

— Ils ne crient pas « cervelle », ils crient « Serre d'aigle ». C'est mon nom d'artiste. Je suis chanteur.

Ah ?

— Vous devriez trouver autre chose, lui conseillé-je. Ça sonne un peu has-been, je trouve.

— Vous ne savez vraiment pas qui je suis, hein ? me demande-t-il avec ce qui semble être une pointe de regret dans la voix.

Je suis soudain gênée. Je me tortille de gauche à droite, mal à l'aise.

— On a couché ensemble, c'est ça ? lui demandé-je piteusement.

— Quoi ? Non. Enfin... pas que je sache. Je... j'avoue que je ne me souviens pas toujours de mes fréquentations.

— Ah ! Ouf alors. Parce que moi non plus. Mais, ça n'explique toujours pas pourquoi vous m'avez enfermée ici avec vous.

— Je vous l'ai dit, j'essayais d'échapper à une horde de fan. Il s'avère que je suis assez connu. J'avais cette bande d'excités aux trousses quand je vous ai foncée dessus dans le couloir. Par inadvertance ! se rattrape-t-il promptement. Notre collision n'avait rien de préméditée, je vous assure. Je ne voulais simplement pas que mes poursuivants me rattrapent. Désolé de vous avoir embarquée dans cette galère. Et de vous avoir fait flipper au passage.

Tout cela me parait un peu gros.

— Que faites-vous ? s'enquiert-il en me voyant tourner la tête de tous les côtés.

— Je cherche la caméra.

— La caméra ?

— Est-ce que c'est pour une télé-réalité connue ? je lui demande. Parce que je n'ai pas donné mon aval. Je n'aime pas trop être au centre de l'attention.