GRAIN DE SABLE

4.

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    -Je sais reconnaitre un contrat lorsqu’il n’est qu’une perte de temps, Marc. Et là c’est le cas. Il est borné sur ses positions et il n’y a rien à faire. Passons à autre chose.

  Marc me regarde à travers l’écran de mon ordinateur et pousse un soupir. Je jette une jupe dans ma valise sans oser lui adresser un regard.

    -Et moi je sais reconnaitre un roman lorsqu’il va cartonner, Tessa. Et c’était le cas avec lui.

    -Je sais, et j’ai confiance en toi. J’ai simplement… merdé.

    -Wouah…Ca doit être sacrément compliqué pour que tu en viennes à dire ça…

    -Il y a toujours une possibilité de réussir, je n’ai simplement pas su laquelle. Il faut savoir admettre ses échecs pour pouvoir en tirer des leçons et ne plus les réitérer.

    -Et alors, la prochaine fois, qu’est-ce que tu feras différemment ?

  Je reste un instant à la recherche d’une réponse, regardant ma valise déjà presque prête.

    -Je ne le sous-estimerai pas…, murmurais-je.

    -Tessa, ce n’est pas grave. Il y a d’autres auteurs, certains sans doute meilleurs. Et je vais les trouver ne t’en fais pas…

    -Tu es un amour… Le meilleur.

    -Parce que je travaille avec les meilleurs !

    -Il faut croire que non…

    -Arrêtes un peu, ce n’est pas un petit échec qui va te démonter, tu es bien plus forte que ça !

    -Bien sûr, c’est juste que… Si quelqu’un d’autre arrivait à le faire signer ?

    -Si Tessa Ewans n’y est pas parvenu, personne ne peut le faire, crois-moi !

  Je souris, adorant au combien ses petites remarques qui ont le don de me rebooster.

    -Bonne soirée, Marc.

    -Bonne soirée, Tessa.

  Je coupe la connexion et m’effondre sur mon lit. Je sais au fond de moi que la seule chose qui me travaille est que mon ego et ma fierté sont malmenés, et que je n’ai pas l’habitude qu’on me dise non. Mais je sais aussi bien admettre mes erreurs et toute cette rencontre en fût une monumentale.

  Je m’allonge un peu mieux sur le lit grinçant de l’hôtel, n’arrivant pas à me concentrer sur autre chose. Au-delà de l’aspect professionnel, je m’en veux de l’avoir mener ainsi en bateau malgré moi. Il a l’air de quelqu’un de gentil, et je l’ai blessé. Et malgré toutes mes ambitions, je n’ai jamais accepté que ma réussite soit basée sur la blessure des autres.

  Je tourne et retourne dans mon lit, cherchant un sommeil qui ne vient pas, mais il est encore tôt.

  Je m’y suis mal prise depuis le début. J’ai agis avec lui comme s’il était un homme de la ville, comme si tout était simple et que rien ne pouvait le heurter. J’ai omis sa sensibilité et son humanité, des notions que j’ai apprises à occulter dans mon monde de requins. Et c’est ainsi que je suis simplement passé à côté. J’aurai dû l’aborder autrement, comprendre l’homme, m’intéresser aux raisons de son refus de signer, au lieu de me borner à le vouloir.