GRAIN DE SABLE

10.

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  Les jours passent, chacun moins douloureux que le précédent. Malgré les quelques instants où le manque m’inonde, où son absence m’explose au visage, je pense peu à peu entrevoir la lumière.

  Je me rue dans le travail, n’ayant sans doute jamais été aussi performante, et enchaine les contrats.

  Je me suis un peu isolée les premiers temps, refusant les invitations de Louane, et même celles de Clara, espérant faire le ménage dans mon esprit.

  Et finissant par y arriver.

  J’ai esquivé Marc et ai tenté de le concentrer sur d’autres œuvres, retardant l’instant où je devrai lui annoncer la nouvelle du départ d’Ethan.

  Mais ce soir, alors qu’il est parti depuis une semaine déjà, je sais qu’il est temps d’avancer.

  J’ai passé le plus de temps possible en dehors du bureau. Et je termine mon rendez-vous avant de retourner en trainant des pieds jusqu’à la cette rue que je connais tant.

  Et alors que comme à chaque fois que j’arrive sur ce trottoir, le souvenir de cette soirée, cette dernière soirée, cette dernière fois où je l’ai vu, où je l’ai abandonné, me frappe comme un flash, je serre les dents et passe le portier dans un sourire timide.

  Je viens frapper à la porte du bureau de Marc, prenant une grande inspiration.

    -Et voilà la championne !, dit-il en m’accueillant à bras ouverts.

  J’imagine qu’il me parle des réussites que nous enchainons ces derniers temps, et me contente de lui sourire alors qu’il se lève et contourne le bureau.

    -Marc, je voudrai te parler…

  Il fronce les sourcils, voyant bien que quelque chose me travaille.

    -Oui, bien sûr, est-ce que tout va bien ?

    -Je… C’est aussi sujet d’Ethan Smith… Il est parti, Marc.

    -Oui, je sais, à l’instant !

    -Je… Quoi ?

  J’ai dû mal m’exprimer, ou moi mal entendre.

    -Il vient de quitter le bureau à l’instant, tu ne l’as pas croisé ?

    -Heu… Non… Qu’est-ce que tu dis ? Il… Ethan était là ?

  C’est une bourrasque, un ouragan, une tornade indescriptible qui me violente. Je ne sais si je suis heureuse ou pétrifiée. Ou paniquée. Ou soulagée.

    -Il est venu cette après-midi discuter du contrat et vient de le signer, c’est pour ça que je t’appelle « la championne » ! Je t’avoue que comme je n’avais plus de nouvelles, je m’attendais au pire, mais tu as assuré, comme d’habitude ! Bravo !

  Je reste sans voix, n’y comprenant plus rien, submergée par des milliers, des millions de questions.

    -Mais tu n’as pas vraiment l’air au courant…, dit-il lentement en observant ma réaction.

    -Je… C’est une longue histoire, tentais-je de sauver les apparences. Il a signé ?

    -Pour ce roman, avec un droit de priorité sur les trois prochains. Et avec une délégation totale de la communication pour toi, et donc un beau pourcentage sur ses ventes ! Je ne sais pas ce que tu lui as dit pour le persuader ainsi, mais toutes mes félicitations !