The boy I met in Cork

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Sur ces dernières paroles, je m'éclipse dans ma chambre et ferme celle-ci à clef avant de m'effondrer sur mon lit. J'essaie d'utiliser mon coussin pour atténuer mes sanglots, j'ai tellement mal au cœur que je peine à reprendre ma respiration. Après quelques minutes d'intenses pleurs, je me reprends enfin tout doucement et la colère vient m'étreindre. Au fond de moi je pensais bien qu'il m'utilisait, mais s'approcher de moi parce que je fais pitié? Je pourrais le nier mais sa phrase vient de me marquer et me briser en mille morceaux. D'abord mon père, ensuite Aiden, après Stell et maintenant Cole. Quand est-ce que je vais enfin me réveiller? Je pense intérieurement en accrochant mes mains dans mes cheveux et en regardant en bas, je ne suis plus capable d'avoir des pensées claires. La seule chose que je vois en ce moment, ce sont quelques petites larmes qui s'échappent à mes yeux et qui s'éclatent sur ma couverture.

Je me sens trahie et salie, de toutes les manières possibles. Je prends une grande inspiration avant de me laisser retomber sur mon lit. Je décide d'écrire à Brandy pour savoir si elle fait quelque chose en ce moment. Sa réponse ne se fait pas attendre longtemps et elle me dit qu'elle est disponible pour une balade nocturne car son copain travaillera tard au garage ce soir. J'enfile un gros pull, mes baskets et pars la rejoindre. Après quelques minutes de marche, j'aperçois à quelques mètres devant moi une silhouette qui me salue. Je salue la fille en retour avant d'enlever mes écouteurs.

- Heureusement que tu m'as écrit, je m'ennuyais à mourir devant la télé, s'exclame-t-elle avant de me prendre dans ses bras. Surprise par ce doux geste, j'hésite pendant quelques instants avant de lui rendre son accolade.

- J'avais besoin de prendre l'air, parfois ma chambre devient étouffante, je me force un peu à sourire et je crois qu'elle l'a remarqué. En effet, je ne fais pas partie de cette majorité de personnes à pouvoir cacher ce qu'ils ressentent.

- Si je peux me permettre d'être honnête, je crois que tu ne vas pas bien du tout, allez asseyons-nous et raconte moi. J'agrippe le manche de mon pull en la suivant jusqu'au bout.

- Et bien, pour tout te dire, j'ai l'impression que cette école est vraiment maudite, tout ce qui m'arrive ou que je fais me file entre les doigts depuis que je suis arrivée et...je me mordille la lèvre pour ne pas pleurer mais alors que j'essaie de retenir mes sanglots, une boule horrible vient s'installer dans ma gorge.

- Allez, laisse tout sortir Brook, t'inquiètes pas je ne te jugerai pas. Et là j'éclate et je lui déboule quasiment toute ma vie en à peine vingt minutes sur un banc au milieu d'un parc. Une fois mon récit terminé, elle me regarde d'un air tout à fait normal et elle me prend la main en me regardant.

- Crois-moi, c'est normal que tu te sentes comme ça et que ça te fasse autant mal. C'est justement le contraire qui m'étonnerait. Je ne sais pas du tout ce qu'il fiche ce garçon mais crois-moi, rien n'est logique dans ce qu'il a fait donc sur ça je n'ai aucun vrai conseil à te donner à pars le fait d'être heureuse. Je hausse le sourcil et ne comprends pas.

- Montre leur que ce n'est pas à cause d'eux que tu vas te laisser abattre, plus ils verront que ça te touche, plus ça les amusera. Fais comme s'ils n'avaient jamais existé et brillent encore plus que tu le fais déjà maintenant. Tes intentions étaient pures, ce n'est pas toi qu'ils ont perdu, ce sont eux, qui ont perdu une fille incroyable comme toi. J'essuie mes larmes et esquisse un sourire. Je la remercie encore et elle me prend à nouveau dans ses bras, je pense que j'en avais réellement besoin. Elle est vraiment gentille cette fille. Nous prenons encore le temps de discuter de tout et de rien, c'était vraiment sympas. Ensuite je suis rentrée et il n'a pas fallu quelques secondes avant que mes paupières se ferment, fatiguée.

Ce matin, j'ai décidé de me maquiller légèrement, mes cernes étaient bien trop marqués et si je veux montrer à ce Cole qu'il ne va plus m'atteindre c'est bien d'essayer de rayonner. Je suis assez satisfaite du résultat naturel, mais jolie. Je prends mon sac et file en classe. Je n'avais pas vu le temps passé, je n'aurai même pas le temps de prendre un café. Je m'installe au fond comme à mon habitude et salue Kj de loin qui vient s'asseoir à côté de moi. Nous n'avons pas trop pris le temps de discuter car le professeur a directement commencé son cours et je comptais bien écouter du début à la fin. J'étais tellement plongée dans le récit fantastique du professeur que la sonnerie de la pause de midi m'a faite sursauter. Kj sursaute à cause de moi, ce qui me fait rire. Mes émotions vont vraiment dans tous les sens ces temps.

- Je suis désolée, j'étais tellement absorbée par le cour que la sonnerie m'a faite sursauter, j'essaie de reprendre mon souffle en me repassant l'image de la tête du rouquin effrayé par la mienne. Il se met à rire aussi. Nous passons la porte en se tordant de rire, je sens le regard des gens sur nous mais je m'en fiche, ça faisait longtemps que je n'avais pas ri comme ça. Je fais tomber mes livres toujours en rigolant et Kj se baisse pour m'aider, j'essuie une larme au coin de mon œil le sourire scotché aux lèvres.

- Merci beaucoup Kj.

- Pas de quoi, j'aurais jamais pensé pouvoir rire autant pour un truc autant bête, il passe sa main dans ses cheveux.

- Je te rassure, moi non plus. Je remets une de mes mèches de cheveux derrière mon oreil.

- Tu veux venir manger avec moi et les autres? Il me sourit en s'appuyant contre le casier. Je réfléchis quelques secondes, dans "les autres" cela signifie que Cole et Stell seront là? Il faut que je suive les conseils de Brandy.

- Oui pourquoi pas, j'ai déjà un sandwich et je crois que vous vous asseyez aux tables de la cantine un peu plus loin, c'est juste? Il acquiesce de la tête avant de me faire signe de le suivre.  Quand j'arrive à la table et sans surprise, tout l'équipe s'y trouve, dont Britanny qui est juste à côté de Cole. Je ne peux m'empêcher de sentir mon cœur se serrer dans ma poitrine. Je pose mon sac et m'assieds à côté de Kj qui me sourie encore une fois.

- D'ailleurs, Cole, où t'étais passé ces derniers soirs? Demande la fille aux cheveux flambants. Cole plante ses yeux dans les miens avant de détourner le regard. Mon cœur s'emballe, va-t-il leur dire?

- C'est pas franchement tes affaires, lui répond-il sèchement. Elle roule des yeux et rétorque :

- Encore en train de faire tomber une jeune de première? Elle était triste une fois que tu t'es barré? Elle commence à rigoler et je fronce les sourcils. Comment une chose pareille peut-elle l'amuser. Son sourire disparaît quand elle croise mon regard. Je suis légèrement prise de panique en pensant qu'elle voit bien qu'elle me contrarie.

- Un problème la petite blonde? Elle hausse les sourcils et tous les regards de la grande table se tournent vers moi. Sans réfléchir, je me lève avec mon sandwich et la fixe avant de répondre :

-  Aucun non, je ne trouve juste pas ce que tu viens de dire très amusant, tu dois vraiment rien avoir à faire dans ta vie pour pouvoir dire des choses aussi abjectes et en rigoler. Cole me fixe Kj aussi les yeux littéralement écarquillés , j'entends un "Bien envoyé" d'une personne que je ne connais  pas. La fille me regarde de la même manière que lorsqu'une mouche nous embête depuis longtemps, comme un insecte à éliminer. Mais j'ai le sourire parce que j'ai dit ce que je pensais et je suis contente de l'avoir fait. Surtout que sa petite théorie m'a touchée car je suis presque cette fille qui vient de se faire "délaissée".