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J'observe ses mains qui tremblent. Il a réellement l'air nerveux et je dois avouer avoir l'impression d'éponger ses émotions et de ressentir ce qu'il ressent excepté ce qu'il pense. On a tous été morts d'envie de connaître les pensées d'une personne. Et bien moi, c'était celles de Cole. J'ai beau le nier, mais qu'est-ce que je ne donnerais pas là maintenant tout de suite pour voir ce qui est en train de se passer dans sa tête.

- Tu peux juste me dire à quoi tu penses? Là? Tout de suite? Il me demande en me regardant dans les yeux. Comme s'il avait lu dans mes pensées. C'est plutôt à moi de lui poser cette question. Je souffle :

- Je me demandais à quoi tu pensais, parce que honnêtement, tu t'imagines même pas à quel point je n'arrive plus à te suivre, je me sens complètement perdue, je ne sais jamais si ce que tu dis est sincère ou non et je commence à en avoir marre de tes sautes d'humeur. Il écarquille ses yeux comme si c'était pour lui une révélation et s'éloigne de moi.

- Tu t'fous de moi, pas vrai? Je le vois, de dos, serré ses poings. Fatiguée d'essayer de le comprendre, je passe ma main dans mes cheveux afin d'affirmer mes paroles précédentes :         

- Pas du tout, c'est toi qui même qui m'a dit que tu passais du temps avec toi parce que tu avais pitié je te rappelle.. Il se tourne vers moi à une vitesse et je n'ai pas le temps d'assimiler ses mains encrés dans mes épaules, sa tête en face de la mienne me regardant les yeux rougis.

- Je te déteste, Brook. Mon cœur se serre, je ne m'attendais pas à ce qu'il dise quelque chose mais ça...C'était inimaginable. Je me sens réellement blessée et je ne sais pas quoi faire parce que les larmes me montent aux yeux et que je ne lui ai jamais rien fait de blessant ou méchant alors me détester? Mais pourquoi ça? Un nombre incalculable de questions viennent bousculer mon esprit mais ses mots résonnent et je ne peux pas bouger, choquée de sa dureté. Cette fois, ce sont mes mains qui tremblent. Une boule s'installe dans ma gorge alors que j'essaie de ravaler mes sanglots. Il se tourne cette fois vers la fenêtre et croise les bras. Je me mordille la lèvre et la colère vient s'emparer de moi.                                   

- Tu sais quoi? Et bien on est deux, je me déteste! Je hurle en me levant. Je dois certainement avoir les yeux encore plus rouges que les siens et mon mascara doit recouvrir mes joues mais je m'en fiche, la colère me submerge. Il se tourne vers moi et fronce les sourcils.

-  Oui, tu as très bien entendu, je me déteste de t'être foncée dedans avec mes livres le premier jour de cour, de m'être trompée de douche la deuxième fois que je t'ai aperçu, je me déteste de m'être confiée à toi et de t'avoir donné le minimum de confiance que j'avais placée en toi.

Je me mets soudainement à ricaner en me moquant de moi. Je dois vraisemblablement passer pour une hystérique mais il faut que ça sorte et je n'arrive plus m'arrêter.

- Pire encore, cerise sur le gâteau! J'ai été complètement folle d'avoir à chaque fois une once d'espoir, parfaitement oui. L'espoir que tu partages mes sentiments, mais qu'est-ce que je peux être bête. Je m'assieds et mets ma main sur mon visage en baissant le regard.

- Qu'est-ce que tu as dit? Je peux, sans le regarder, deviner son visage qui s'adoucit. Sa voix est frêle. Comme celle d'un enfant à qui on vient d'offrir le nouveau jouet si demandé pour Noël. L'adrénaline se calme et je sens mon corps s'affaisser et se relâcher.                                                           

- Mais tu sais quoi, dis-je en séchant mes larmes. Je crois que j'ai cru citer le pire, mais non, le summum c'est que je ne regrette pas un seul de ces moments Cole. Tu auras beau dire le contraire mais je suis sûre que tu n'es pas ce que tu prétends être, t'es bien plus que ça. Sans rien ajouter, il me prend la main et me place devant le miroir de ma commode de sorte à ce qu'il n'y ait que lui dans le reflet du miroir.

-Regarde dans le miroir, qu'est-ce que tu vois? Me demande-t-il en continuant de regarder droit en face. Je hausse le sourcil.

-Toi? Je réponds tout en ne sachant pas où il veut en venir. Il crispe sa mâchoire et détourne le regard, les yeux toujours brillants.

- Et bah moi, tu sais ce que je vois? Un monstre, un esprit torturé, crois-moi tu ne veux pas ça. Il s'assied à son tour sur le bord de mon lit.

C'est alors que tout devient plus clair. Cole n'est pas aussi narcissique qu'il parait. Au contraire, il ne s'aime pas, ce n'est pas moi qu'il déteste mais sa propre personne. Cette nouvelle m'adoucit à mon tour et un certain nombre d'informations que j'aimerais savoir quant à son passé et à sa personne viennent enfumer ma tête. J'essaie de les chasser de mon esprit. Ce n'est vraiment pas le moment adéquat pour poser mes questions personnelles, il aura le droit à mes petites questions indiscrètes un autre jour. Je m'assieds à mon tour et prends sa tête et la colle instinctivement à mon torse et ses bras se serrent autour de ma taille. Toutes mes angoisses disparaissent soudainement, l'idée même de me lever seulement dans quelques heures ne m'inquiète même plus. Ce concours de hurlement dans cette chambre et le retournement de situation qui s'en est suivi me montre alors que je ne me reconnais pas du tout lorsque je suis avec lui, je ne sais pas si c'est lui qui est entrain de changer ou si je grandis mais dans tous les cas, c'est la première fois que je vis autant d'émotions en une soirée et c'est vraiment éprouvant.

The boy I met in CorkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant