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Je sens quelque chose qui bouge le long de ma hanche. Je fronce les sourcils quand je sens qu'on m'enlace. C'est vraiment agréable...

Je sursaute et me tourne. Je découvre Cole, les cheveux ébouriffés. Le Noireau est encore en train de dormir, je lui avais pourtant dit de rester de son côté.  Je ne sais pas trop ce que je suis censée faire. Il est vraiment adorable, il a vraiment l'air apaisé. Je me mordille la lèvre en lui en passant ma main dans ses cheveux. Sa main m'attrape brusquement pour me faire tomber sur son torse et il me colle à lui en me prenant dans ses bras. J'hésite quelques secondes mais finalement je me colle aussi à lui. Je ne comprends toujours pas pour quelles raisons il m'apaise autant. Son parfum imbibe mes narines. Je sens sa tête bouger sur la mienne. J'entends que l'on déverrouille la porte et je prie pour que celle-ci se trompe. J'entends la porte s'ouvrir et m'assieds directement. C'est Stell qui me regarde d'un air aigri.

- Salut, dis-je en essayant de lui décrocher un sourire et en passant ma main dans mes cheveux, gênée par la situation. Je ne devrais pas l'être, c'est sensée être ma meilleure amie et je sens qu'elle m'évite ou quelque chose dans le genre. Je vois qu'elle roule des yeux. Elle est en train de faire un gros sac et je hausse les sourcils.

- Tu vas où? Je m'inquiète de son comportement inhabituel.

- Fais pas genre que ça t'intéresse. Elle grimace en continuant d'empiler des affaires. Je passe par-dessus le garçon endormi et m'agrippe à Stell.

- Et, tu peux me parler, je me fais vraiment du souci pour toi. Elle s'arrête et me regarde.

- Non vraiment pas, excuse-moi mais je pense qu'il n'y a plus aucun intérêt à ce que l'on traine ensemble. Elle croise les bras et soupire. Je ne comprends toujours pas ce qu'elle est en train de me faire.

- Aucun intérêt? T'es pas sérieuse là quand même? Tu penses qu'on est meilleure amie par "intérêt"? Les larmes me montent aux yeux. Elle sourit, un sourire mauvais.

- Avant t'étais la fille coincée sympas pour passer du temps quand on était dans notre ville, maintenant, j'ai trouvé ma place avec des gens qui pensent et qui s'éclatent comme moi. J'ai l'impression de ne plus avoir assez d'oxygène. Elle ramasse ses dernières affaires et juste avant  de fermer la porte derrière elle je la bloque.

- Je ne comprends vraiment pas, j'ai fait quelque chose de mal? Je...tu ne penses pas tout ce que tu as dit. Elle reste de marbre

- Non t'as vraiment rien fait, je t'ai toujours trouvé ennuyante à mourir, jamais d'histoire à me raconter avec des mecs comme moi j'en avais, jamais tu venais dans les mêmes boutiques que moi, je te parlais de concert et toi, de tes vieux livres, tu te rends pas compte à quel point je me sens libérée maintenant donc fous moi la paix. Elle me laisse planté là avant de se retourner une dernière fois :

- Félicitations pour Cole, j'espère que vous vous éclatez bien, mais je te mets en garde, quand il verra réellement comment t'es chiante, il te lâchera, crois-moi.

Elle me tourne le dos et les larmes ne peuvent s'empêcher de rouler le long de mes joues. Je me mets à courir dans le couloir en croisant quelques étudiants me dévisageant jusqu'à ce que je me cache finalement derrière l'école et m'y laisse tomber. Je m'octroie le droit de laisser évacuer mes émotions, il n'y a personne de toute façon. Un tas de questions vient alors se bousculer dans ma tête. Est-ce que je suis vraiment si ennuyante que ça? Je n'arrive pas y croire. Ce n'est pas parce que je suis une personne réservée et qui ne profite pas de la moindre occasion pour écarter mes cuisses quand même? Cet école va me rendre folle, je serre les dents. Ce n'était pas du tout pour cela que je m'y étais inscrite, mais dans le but de pouvoir par la suite devenir psychologue pour les secondaires et pouvoir aider du mieux que je peux et en apprendre davantage. Au lieu de ça, mon premier copain et moi cassons, mon père se retrouve dans le coma, je rencontre un garçon qui me retourner le cerveau, j'arrive encore à avoir un commotion cérébrale en allant à une fête et, maintenant, je viens de perdre ma meilleure amie.

En plus de ça, je ne sais toujours pas qui a pu prendre la photo de moi et Aiden, ce qui laisse encore plus l'impression de ne pas être appréciée ici. Je soupire, un motif de plus pour me concentrer sur mes études. Je me recouche dans l'herbe et regarde le ciel, les nuages vont à toute allure et le vent se lève. J'ai la chair de poule et me rends compte que l'été touche déjà à sa fin. Malgré toutes les choses qui me sont arrivées depuis que je suis venue à l'école, je dois avouer que ma vision du monde commence à changer et parfois, je ne me reconnais plus. Les mots de Stell m'ont réellement atteint et je n'aurais jamais imaginée qu'elle me voyait comme ça. Peut-être que tout le monde me voit de cette manière au final?

Je grimace. "Et puis, au final, qu'est-ce que je m'en fiche de ce qu'on pense sur moi", j'agite mes bras énervés dans tous les sens. "Au final, ce n'est pas de ma faute à moi si ça éclate le monde entier de finir tous les week-ends enivrés au point de finir la tête dans les toilettes ou encore dans une chambre avec un inconnue et pire, prendre un médicament contre les maux de crâne, se dire de ne plus jamais recommencer pour au final faire pareil le lendemain." Je soupire. " Franchement, moi je ne les juge pas, au fond s'ils s'amusent tant mieux pour eux. J'ai vraiment l'impression de venir d'une autre planète."

J'entends un éclat de rire derrière moi et tourne la tête. Mes yeux s'écarquillent et le garçon s'esclaffe de plus belle. J'hausse les sourcils et me rends compte que je parle à voix haute depuis toute à l'heure.

- C'est extrêmement malpoli de suivre les gens comme ça ! Je m'exclame. Il me fait signe d'attendre et se tient le ventre mais continue dans son élan de folie de rire.

- Et ! Tu m'écoutes quand je te parle? Je m'énerve. Il s'approche de moi et vient s'asseoir dans l'herbe. Il s'essuie l'œil, me regarde avant de repartir en fou rire. Il m'exaspère mais son rire m'entraîne et je le suis. Je commence à avoir mal au ventre, il essaie de me prendre dans ses bras mais ni l'un ni l'autre arrivons à nous pencher tellement nos estomacs se crispent.

The boy I met in CorkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant