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- Tu pourrais me donner quand même quelques indices sur notre destination quand même, ça fait déjà 2 heures que tu conduis. Il se met à rire.

- Et donc? Tu as peur d'aller loin en voiture avec moi? Il hausse un sourcil.

- L'idée ne m'a pas échappée, on ne se connait pas depuis si longtemps que ça, je me tourne pour cacher mon sourire afin de l'embêter.

- T'es pas sérieuse, je sens sa voix subjuguée de panique et sa main vient se poser sur ma cuisse. Je me tourne et je sens déjà le rouge me monter aux joues.

- Tu as vraiment un humour de merde, crache-t-il avant de tourner où je peux appercevoir un parking avec seulement deux voitures garées. Je tente de lire les panneaux, sa main vient se poser devant mes yeux, je fronce les sourcils. De toute façon, dans quelques minutes je saurai où nous sommes. Les nuages ont l'air de se déplacer rapidement et je peux entendre le vent se lever lorsque Cole coupe le moteur. Je m'étends avant de sortir, de la voiture. Je vois un panneau : Falaises de Moher, je ne me souviens pas non plus de la dernière fois où j'ai posé les pieds ici, j'étais sans doute trop petite. Le noireau sort un gros sac à dos de son coffre. Je me demande ce qu'il a pris avec. J'avais justement besoin d'air, je suis étonnée qu'il n'y ait quasiment personne.

- On y va? Il me fait sortir de mes pensées, je le suis sur le chemin. Le vent se fait de plus en plus fort, je fais signe à cole de s'arrêter le temps que je m'attache les cheveux, j'ai horreur lorsque ceux-ci viennent se coller contre ma bouche. Nous nous sommes bagarrés pendant une bonne dizaine de minutes pour savoir lequel de nous deux paie, je ne voulais pas le laisser faire, il est déjà gentil de ne rien me demander pour l'essence. Finalement il parvient à gagner en me faisant croire qu'une araignée était dans mon dos, très futé. Nous continuons le chemin jusqu'à arriver, cette fois-ci, aux bords des falaises, une sorte de nausée me monte lorsque je m'approche du bord et je frissone, Cole aggripe ma hanche, quand je me tourne, il est tout blanc.

- Tu te sens bien? Je demande en m'éloignant du bord à ses côtés.

- J'ai eu un coup de chaud, deux pieds gauches comme les tiens au bord d'un vide pareil...Il sourit mais je crois que c'est vraiment sincère, je ne peux pas le contredire, il est vrai que je suis souvent, même trop souvent maladroite. Le chemin qui longe la côte est boueux, j'en ai plein le pantalon. Tout à coup, Cole qui se trouve devant moi, glisse et tombe sur les fesses. Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire ce qui me vaut le droit à un regard très froid.

- On se demande lequel de nous deux a un pied gauche maintenant, je ricane. Ses fossettes se creusent.

- Tu m'aides à me relever? Je suis coincée dans toute cette terre. Je fais la fière en lui tendant mon bras. A peine la main tendue, je perds l'équilibre en me faisant tirer. J'atterris sur son torse.

- Aïe, dis-je agacée, je suis trempée désormais.Je lève la tête et je l'aperçois sourire, satisfait de sa vengeance.

- Comme si tu avais senti quelque chose petit bébé. Ses mots me traversent et me donnent soudainement chaud, sans réfléchir je me colle, à moitié couché dans la mare, contre son torse. Son doux parfum vient humer mes narines. Je sens son menton s'appuyer contre moi, je n'ose pas le regarder mais j'espère de tout coeur qu'il ressente la même chose que moi. Je sens son cœur battre, battre de plus en plus fort contre son oreille. Cette même symphonie me transperce, comme si j'étais un instrument et son organe était le chef d'orchestre, le tempo. Nous restons dans cette position pendant quelques minutes, je le sens me serrer et quand je lève la tête dans sa direction, je ferme les yeux. Ses lèvres se déposent sur mon front.

Nous sommes malheureusement interrompus par un groupe de touristes qui n'arrivent pas à passer à cause de nous. Gênée, je me relève, il me prend par la taille pour m'aider à me mettre sur le côté. Je suis un peu déçue, j'aurais voulu que ça dure plus longtemps. Ces falaises sont vraiment impressionnantes, celles-ci s'élèvent jusqu'à 214 km au-dessus de l'océan Atlantique et sur une longueur de 8 km. Nous nous promenons un bon moment tout en nous taquinant. Finalement le temps se gâte et le vent souffle encore plus fort, nous décidons donc nous en aller.

- C'est dommage, j'avais pris pour pique-niquer, tant pis, ça nous aura fait faire une petite balade. J'acquiesce de la tête. Il augmente le volume, c'est du rap mais relativement calme. Sur le chemin du retour, nous parlions de choses et d'autres jusqu'à ce que Cole reçoive un message. Son expression change d'un seul coup et il se plonge dans un silence. Celui-ci devient de plus en plus pesant.

- Tu vas bien? Finis-je par dire. Aucune réponse. Je commence à avoir peur. Soudain il s'arrête net sur un petit bord de route et sort directement de la voiture en se passant la main dans les cheveux agités, la respiration haletante. Je déboucle ma ceinture et cours pour le rejoindre.

- Hey qu'est-ce qu'il se passe? Je demande, il me fait mal au cœur, il tourne sur lui même, les yeux rougis, à la limite du sanglot. Aucune réponse. Je lui prends son bras et passe ma main dans sa nuque en rapprochant ma tête de la mienne.

- Regarde-moi, ça va aller, respire, tu peux me parler. Il me serre fort dans ses bras et je sens son coeur tambouriner contre moi. Il se décolle pour s'asseoir sur un petit rebord de pierre séparant la route du ravin.

Confuse, je décide de me joindre à lui en s'asseyant à côté de lui tout en contemplant la mer, le bruit des vagues étaient apaisants. Toujours sans un mot, il place une cigarette entre ses lèvres. Ses yeux sont brillants et il continue de regarder l'horizon.

- Tu veux parler de ce qu'il vient de se passer? Je finis par briser le silence. Il jette sa cigarette tout en se relevant, il se replace dans la voiture.

- On y va? S'écrie-t-il. Je me relève face à lui et croise mes bras,

- Parle-moi s'il te plait, je m'acoude à sa fenêtre ouverte. Il continue d'éviter mon regard et crispe sa mâchoire.

- Monte dans cette foutue voiture! Sa voix me fit sursauter et je recule d'un pas.

- C'est quoi ton problème? Je fronce les sourcils.

- Je te préviens Brook, tu as intérêt à monter dans cette fichue voiture sinon je me barre sans toi. La colère monte soudainement en moi. Je ne suis pas un chien à qui on donne des ordres.

- Je ne monterai pas tant que tu ne me dis pas ce qu'il se passe. Je croise les bras et je croise enfin son regard. Ses yeux sont sombres. Le moteur gronde, Cole vient de remettre le contact.

- Très bien, grogne-t-il. Je recule encore d'un pas surprise par son dérapage et son départ. Il m'a laissé, ici, toute seule....

Un poignard vient de me transpercer 

The boy I met in CorkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant