8. Sous l'œil de la mort

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   Le lendemain matin, le réveil d'Oromis hurla dans les oreilles d'Eragon. Habituellement, le Dragonnier se levait d'un bond, commençant les exercices du Rimgar que son maître lui avait enseigné. Même si le jeune homme trouvait que le réveil sonnait beaucoup trop fort à son goût, sa sonnerie lui rappelait tout le temps son séjour à Ellesméra, la capitale des elfes. Parmi toutes les cités, villes et villages d'Alagaësia, c'était la ville qu'il désirait le plus revoir, excepté Carvahall. Durant son combat contre Galbatorix, la ville elfique lui avait apporté un réconfort et un luxe inespéré. Lorsqu'il se trouvait là-bas, il se sentait toujours en paix, calme et surtout aidé. Souvent, contre les deux années de lutte contre le Roi Briseur-d' Oeufs, il avait souvent eu l'impression d'être seul, que tout reposait sur lui. C'était en partie vraie, mais Eragon n'aurait jamais réussi sans l'aide de Brom, d'Oromis, d'Orik, de Hrothgar... de tous les peuples d'Alagaësia et de ses proches. Il pensait notamment à Roran, Katrina... et surtout Arya. L'elfe n'avait jamais quittée les pensées d'Eragon. Malgré son exil, ses sentiments demeuraient intacts envers elle. Pour en rajouter à son chagrin de ne plus la revoir réellement, leurs discussions par miroir sur la formation des futurs Dragonniers devenaient de plus en plus rares. Au départ, ils se parlaient au minimum une fois par semaine. Mais Arya semblait toujours distraite par ses devoirs de Dragonniers et envers son peuple. En tant que reine des elfes, l'elfe lui avait expliquée qu'elle aurait de moins en moins de temps pour pouvoir rester en contact, ce qui avait attristé le jeune Dragonnier. Il avait lui-même remarquée que l'elfe changeait de jour en jour : des cernes commençaient à se former à cause de la fatigue et son regard paraissait beaucoup moins énergétique qu'avant ses occupations royales. « Nous sommes tous plus ou moins accablés et écrasés par le poids des tâches que nous avons à accomplir. », songea Eragon.

 « Mais nous devons aussi prendre du recul et se reposer quand on en a besoin. »  

   Saphira fit sortir le jeune homme de ses pensées. Elle déploya ses ailes d'un bleu transparent laissant entrevoir la lumière du soleil levant. Elle étendit son cou vers le ciel et poussa un doux rugissement, comme un bâillement. Elle se tordit pour pouvoir atteindre son torse avec sa griffe droite et se gratta. Puis, elle s'avança vers Eragon.

« Eragon, tu t'occupes déjà parfaitement bien de ta tâche envers notre future caste, parfois même trop. Ne te mêles pas des affaires des autres, tu en as bien assez. En plus, Arya est suffisamment expérimentée pour gérer ses propres problèmes. Ne crois-tu pas ? »

   Elle accompagna cette question d'un regard interrogateur, en penchant la tête. Mais elle savait que sa question ne pouvait avoir qu'une seule réponse.

« Tu as raison. Mais ne pas savoir ce qui se passe en Alagaësia me rend soucieux, même inquiet. Je fais entièrement confiance aux Eldunarì quand ils sondent l'Empire. Mais leurs surveillance est sûrement moins précise que celle d'Oromis à Ellesméra. D'ici à l'Empire, il nous faut une semaine de vol, deux semaines par l'Edda en bateau. »

« Tu te fais trop de soucis, petit homme. Les Eldunarì t'on prévenus. Mais changeons de sujet. Tu dois faire tes exercices, je préviens Glaedr. »

   Eragon sentit la conscience de la Dragonne toucher celle de Glaedr. Le Dragon d'Or, déjà réveillé, plongea dans celle de Saphira, pour pouvoir observer et conseiller le Dragonnier. En raison de la perte de son mentor, Oromis, Glaedr avait imaginé cette technique pour continuer d'apprendre à Eragon l'entretien physique des Dragonniers. Le Dragon touchait les pensées de Saphira, et utilisait les yeux de la Dragonne pour regarder le jeune homme. Le seul problème, c'est que Saphira devait être présente pour l'entrainement d'Eragon. 

   Le Dragonnier entra en contact avec son maître et lui demanda par quoi ils allaient commencer.

« Débutons doucement. Le niveau un du Rimgar. Tu devrais le réussir facilement, c'est parfait pour réveiller son corps et ses muscles; Nous passerons ensuite sur quelque chose de plus coriace. »

Eragon : le Parjure oubliéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant