42. Terres sanglantes

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- Où sommes-nous ? demanda Elva en rabattant sa capuche pour se protéger du soleil qui était à son point culminant. 

- Cithrí est plein Ouest, à environ une demi-journée, précisa Vanir. 

   Depuis la fin de leur pause au lever du soleil, le petit groupe ne s'était accordé aucun arrêt mis à part celui où les chevaux ont pu se désaltérer. Depuis le vieil homme avec son garçon, ils n'avaient croisé personne, et c'était mieux ainsi. Angela maîtrisait son impatience du mieux qu'elle pouvait, mais il lui tardait d'atteindre les murs de la capitale. Plus le temps qu'il passait en territoire ennemi s'allongeait, plus les chances pour Bachel de les retrouver devenaient importantes. L'herboriste n'oubliait pas ce que lui avait dit Elva il y a maintenant quelques    jours : elle ressentait la magie de Bachel. « Se pourrait-il qu'elle ait du sang sorcier ? » songea Angela en laissant ses pensées vagabonder. Peut-être que c'est simplement la bénédiction reçue par Saphira et Eragon qui lui procurait des pouvoirs supplémentaires. « Mais Eragon n'a aucun lien de parenté avec les sorcières. Et puis les membres de l'Ordre sont devenus si rares... » se remémora-t-elle. En dehors de Bachel, elle n'en avait retrouvé aucune malgré ses nombreuses recherches. Contre les mages de Galbatorix, la sorcière n'avait jamais rencontré la magie des sorcières, et le Briseur d'Œufs n'en n'avait jamais utilisée, et heureusement d'ailleurs. 

- Angela ! lui cria Elva. 

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda l'herboriste en sortant péniblement de ses pensées. 

- Rien, sourit la jeune fille, tu paraissais absente. 

- Je réfléchis, c'est tout. 

   L'herboriste n'en dit pas plus et le petit mouvement de tête de l'elfe à l'avant confirma ses doutes : les elfes la craignaient et la surveillaient.« Arya es... était une bonne reine, mais sa méfiance n'est pas dirigée vers les bonnes personnes » soupira Angela.  

- Des cavaliers arrivent du Nord, les prévint Vanir en sortant la sorcière de ses réflexions. 

- Combien ? questionna Elva.

- C'est trop loin pour le dire, mais ils forment une longue ligne, on ne fera pas le poids, ajouta Vanir.

   L'elfe murmura à l'oreille de son cheval noir et la monture changea directement de direction. Angela hésita et attendit un instant. Le terrain, parfaitement plate et dégagé, permettait de voir à plusieurs kilomètres. Bientôt, Angela put distinguer la sombre ligne que l'elfe venait d'apercevoir. Ils devaient être une trentaine. L'herboriste connaissait l'habileté au combat du petit groupe, et Elva l'avait impressionnée à Aberon. Seulement, à un contre dix, sur des chevaux, et contre des adversaires peut-être protégés par la magie, il fallait être réaliste. 

   Elle lança Bialko à la suite de l'étalon de l'elfe et fut suivi par Elva. L'enfant maudite tapotait le manche de sa longue dague translucide. 

- Calme toi, murmura la sorcière. 

- Je suis calme, mentit la jeune fille. 

- C'est à moi que je parlais, précisa Angela en souriant. 

   Elva lui rendit son sourire et lâcha le pommeau. L'herboriste vit ses épaules s'affaisser et se félicita, satisfaite de sa ruse. Pourtant, cette ligne de cavaliers à l'horizon leur était réservée. 

- Ce sont les cavaliers qui m'inquiètent, Angela. C'est si plat qu'ils nous ont sûrement déjà repérés, expliqua Elva. 

   Si les circonstances avaient été différentes, la sorcière aurait été ravie d'entendre un tel raisonnement. Les entrainements pour développer l'esprit d'analyse de la jeune fille avaient porté ses fruits. Malheureusement, elle devait bien admettre qu'elle avait raison. 

Eragon : le Parjure oubliéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant