Eragon : le Parjure oublié

23. Un nouveau Dragonneau

   Eragon, Murtagh et Astrith se retrouvaient dans un escalier souterrain, éclairé par la seule lumière de la torche de l'elfe. L'humidité s'était installé et il y régnait un froid glacial pendant que les trois compagnons montèrent les marches irrégulières quatre par quatre, l'épée au poing.

   Lorsque Saphira avait donné le signal d'alerte, Nasuada leur avait tout de suite ouvert une trappe sous le tapis de la cheminée, sous laquelle un escalier sans fond descendait de la tour pour atteindre la roche de l'escarpement. L'escalier s'arrêtait et un couloir sombre commençait pour se finir au pied d'un second escalier qui remontait vers la surface, en dehors de la ville. Nasuada, pas en tenue de combat, ne les avaient pas suivis, et Angela était restée la surveiller, à contrecœur de la reine.

   Quand ils arrivèrent en haut de l'escalier, une nouvelle trappe leur bloquait la route. Murtagh et Eragon se mirent côte à côte, puis l'aîné la souleva d'un coup sec. Eragon sauta de la dernière marche, suivi d'Astrith et de Murtagh. Une fois sortis, un spectacle les attendait. Trois grosses silhouettes imposantes brillaient en aval au soleil matinal. Le bleu correspondait à Saphira et le rouge à Thorn.

   Eragon ne voulait pas y croire, et il vit que ses deux compagnons non plus. Pourtant, la silhouette de Dragon côte à côte avec Saphira était bien verte émeraude, et correspondait à Fìrnen, ce qui voulait sûrement dire qu'Arya était avec lui ! Cette pensée réchauffa tout le corps d'Eragon. Cependant, il chassa cette pensée aussi rapidement qu'elle était venue. Il se passait sûrement quelque chose de grave pour que Fìrnen soit ici.

   L'inquiétude du Dragonnier augmenta quand il s'aperçut que la conscience du Dragon émeraude lui était fermée, celles de Saphira et de Thorn également. Il rengaina Brisingr et fut imité par Murtagh et Astrith. Ils dévalèrent la colline à pleine vitesse, plissant les yeux pour les protéger du vent.

   Plus ils se rapprochaient, plus les détails de la scène s'éclairaient. Une fine silhouette brillait avec les reflets du soleil. Il ne prit pas le risque direct de la sonder. Il se pouvait que ce soit Arya, mais aussi un autre magicien contre lequel les Dragons luttaient mentalement. Par précaution, ils décrivirent un léger arc de cercle pour arriver par derrière et surprendre le possible ennemi.

   Quand ils arrivèrent à quelques pas des Dragons, ils distinguèrent clairement la silhouette étrangère. Cette silhouette, Eragon la reconnut avant Astrith et Murtagh. Il pouvait la reconnaître entre mille. La couronne qui brillait de pierres précieuses au soleil enleva tous les doutes possibles au Dragonnier. Il s'agissait bien d'Arya, la personne qui lui avait le plus manqué au cours de ces quatre dernières longues années.

   Par politesse, il ne l'appela pas mentalement, mais courut le plus vite possible, jusqu'à ses limites physiques de Dragonnier. Quand Arya l'entendit, elle se retourna et ses yeux verts plongèrent Eragon à l'intérieur. En quatre années, bientôt cinq, la reine des elfes n'avait pas changé. Elle était toujours aussi belle. Ses longs cheveux noir de jais descendaient en cascade dans son dos jusqu'à la taille. Une armure argentée qui recouvrait le haut de son corps reflétait la lumière du matin et une ceinture de cuir retenait le fourreau émeraude de Tàmerlein, son épée. Le Dragonnier remarqua qu'Arya avait gardé son pantalon noir d'ambassadrice et ses bottes de cuir souple. Ainsi, ses organes vitaux étaient protégés des coups et l'armure ne la gênait pas dans ses déplacements.

   Ils se regardèrent pendant quelques secondes puis, sans savoir comment s'y prendre, Eragon écouta son cœur et, en trois grandes enjambées, couvrit la distance qui les séparaient. Il la prit dans ses bras doucement. Arya, surprise ne sut pas comment réagir également. Finalement, elle réagit comme une amie et entoura le Dragonnier avec ses bras, en lui murmurant dans l'oreille :