38. Au Du Weldenvarden

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   Le soleil commençait à éclairer les pleines givrées quand Elva et Angela laissèrent la charrette pleine de bois devant la ferme du paysan. Sans un mot, les cavalières se laissèrent guider par leurs chevaux jusqu'aux écuries. Elles ne croisèrent presque personne, mis à part leurs affiches collées à chaque mur de la ville. Les deux amies montèrent le pas lourd et l'air morose dans leur chambre. Elva, fatiguée de la nuit, tomba sur le lit et regarda le plafond. Quand Angela eut fermé la porte, Elle soupira :

- Bachel s'est joué de nous.

- Non, seulement de moi, répondit la sorcière en jetant rageusement Tînte-la-Mort et son fourreau sur le lit.

   Elva se redressa et attrapa le fourreau. Elle se releva et le rendit à l'herboriste :

- Tu n'avais pas le choix. Si Bachel avait vraiment fait passé un convoi d'armes cette nuit, nous l'aurions intercepté, expliqua la jeune fille.

   Voyant que ça ne suffisait pas à convaincre son amie, l'enfant aux yeux mauves continua :

- Comme tu l'as dit, nous jouons à un jeu dirigé par Bachel. Elle aura toujours un coup d'avance et on n'y peut rien.

   Ces mots semblèrent toucher Angela qui jeta un œil à son épée. Elle reprit le fourreau en remerciant Elva d'un signe de tête :

- Je t'ai trop bien formée, soupira-t-elle. Orrin arrivera demain, on ne sait pas où sont les armes, ni qui sont les complices de Bachel. On ne peut ri...

   Trois coups puissants à la porte firent taire Angela. D'un doigt sur la bouche, elle incita à Elva de ne plus faire de bruit et de se diriger dans la pièce d'à côté. La sorcière dégaina Tînte-la-Mort et s'approcha de la porte en cachant l'arme dans son dos. Après s'être assurée que Elva n'était plus visible, l'herboriste tourna la clef et ouvrir doucement la porte.

   Bachel se tenait à trois mètres du seuil, immobile. Elle n'avait pas changée depuis des décennies. Toujours les mêmes cheveux noirs bouclés et le même éclat de vengeance dans les yeux. L'herboriste pensait que cette lueur l'avait tellement hantée qu'elle ne la quittait plus.

   Angela ne dis pas un mot, se retenant de balancer son épée dans le cœur de Bachel. Une tentative totalement suicidaire.

- Ce serait complètement irréfléchi, lui dit-elle en s'approchant. Je peux entrer ?

   Angela hésita.

- J'imagine que nous serons plus à l'aise pour parler, répondit-elle en ouvrant complètement la porte.

   Bachel entra calmement, s'assit sur le lit et retira sa cape.

- Ce n'est pas une tenue adéquate pour une princesse, fit l'herboriste.

- Oh je ne suis que sa servante, Angela.

   L'herboriste réussit à maîtriser le frisson qui lui parcourut l'échine. Elle n'aimait pas le ton de son invitée. Angela posa son épée translucide et s'assit sur une chaise à deux mètres du lit.

- Et si nous nous parlions franchement ? proposa Bachel le sourire aux lèvres.

- C'est déjà mal engagé, répliqua Angela en employant un ton autoritaire. Elle ne devait montrer aucun signe de faiblesse.

Eragon : le Parjure oubliéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant