Eragon : le Parjure oublié

12. Un combat singulier

   Le soleil venait de se lever à l'Est, éclairant la limite entre le désert du Hadarac et et les immenses plaines d'Alagaësia.

 « Une nouvelle journée qui commence, une journée de chasse aux Kulls.» pensa sombrement Thorn.

   Thorn se leva, s'étira et s'élança dans les airs. Il regarda à l'Ouest, où s'étaient installés les Kulls pour la nuit. Il voyait encore l'endroit où les Kulls s'étaient installés pour dormir, l'herbe y était aplatie. « Ils sont déjà repartis. » Il regarda aux alentours pour essayer de les apercevoir. « Juste ici. » Ils n'étaient pas partis depuis longtemps. « Evidemment, ils restent en dehors des chemins. » Les Kulls se dirigeaient toujours vers le Sud au pas de course, lentement, mais sans pauses.  « Ils sont en train de longer le Ramr. Mais jusque où vont-ils aller ? » Thorn décida de ne plus les quitter des yeux. Ils ne pouvait plus les repérer juste à l'odeur car celle-ci se mélangeait avec beaucoup d'autres. Les villes de l'espèce de Murtagh devenaient de plus en plus abondantes. A l'est de Gil'ead se trouvait Marna, un petit village sur le flanc d'une colline solitaire. Au sud, dans le continuité du Ramr, était placé une ville fortifiée nommée Bullridge. Cette imposante forteresse cachait derrière son rempart faisant le tour de la ville une magnifique ville pleine de charme. Son emplacement stratégique offrait aux commerçants une chance rêvée de vendre leurs produits aux différents peuples venus des quatre coins de l'Alagaësia. Près d'Urû'baen, elle servait d'étape aux voyageurs venus du Nord voulant se rendre dans la capitale. Les nomades du désert venaient parfois y faire un tour, et les habitants pouvaient avoir la chance de tomber sur des elfes voyageurs. Les espèces venues de tous les endroits de l'Empire s'arrêtaient dans cette ville. Les Kulls ne se feraient passer que pour une espèce parmi tant d'autres. « C'est là bas qu'ils comptent se rendre. » devina Thorn. Cette nouvelle ne plût pas au Dragon rouge. Se rapprocher des villes, c'est risquer de perdre son effet de surprise en se faisant voir par des passants, susceptibles de pouvoir en parler aux Kulls, ou bien d'espions, comme ceux de la sorcière Bachel. La perspective n'enchanta guère Thorn, mais il n'avait pas le choix. Murtagh ne pouvait pas agir et il comptait sur lui. « Allons-y ! » se motiva t-il sans grand enthousiasme.

   Il suivit avec assez de hauteur et de distance la troupe des sept Kulls, traversant les campagnes et les plaines verdoyantes, éclairées par le soleil matinal. Les Kulls ne s'arrêtaient pas. Ils continuaient de courir sans ralentir le rythme, jusqu'à apercevoir le Ramr. Le groupe avait légèrement bifurqué au sud-est pour se rapprocher le plus possible du long fleuve. 

   Une fois près de la rive ouest, la troupe s'arrêta et posa la charrette à côté d'eux. Vu du ciel, ils semblaient communiquer. « Mais de quoi parlent-ils ? » se demanda Thorn avec inquiétude. Le Dragon alla se poser dans une petite forêt, assez éloignée du groupe mais sur la face d'une petite colline, en gardant un œil sur les Kulls. Il s'immobilisa et attendit, scrutant et réfléchissant au meilleur moyen d'agir si les choses tournaient mal pour son Dragonnier.

***

   Murtagh observa la dispute qui s'installait, avec inquiétude, car les Kulls parlaient de lui, en le montrant de la pointe de leurs épées de façon menaçante. « Mais que me veulent-ils ? » Les Kulls parlaient maintenant de plus en plus fort et Murtagh pouvait comprendre les paroles :

- Birzagh, j'ai faim. Nous courons depuis trois jours et nous n'avons pas mangé depuis. 

   Birzagh se retourna et s'énerva sur son soldat :

- Nous n'avons rien mangé parce que nous n'avons rien transportés à manger, que la sorcière est pressée de recevoir l'humain et parce qu'il y a de grandes chances que nous sommes poursuivis par un immense Dragon rouge qui t'arrache ta sale tête de ton horrible corps en un coup de griffe ! Alors oui ! Nous ne mangeons rien, jusqu'à ce que l'on arrive à Bullridge.