36. Vers le nord

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   Le soleil se levait sur l'Alagaësia quand Élyna ouvrit les immenses volets de bois de sa chambre. Elle revêtit sa tenue de chasse et sortit pour aller dans le salon. Elle attrapa Adurna posée sur la table et la ceignit à sa ceinture. La demi-elfe s'enveloppa dans une cape en peau d'ours offerte par la reine et se dirigea vers la porte de la chambre de son frère. Elle toqua doucement et n'attendit pas longtemps. Will était déjà levé et lui tendait un gant noir :

- Prends-le, lui ordonna-t-il. Tu en auras besoin pour cacher ta marque.

   Élyna hésita, et croisa le regard insistant de son frère. Elle enfila le gant sur sa main droite, et le remercia d'un signe de tête, ne sachant pas quoi dire. Son grand frère la prit dans ses bras et murmura :

- Fais attention à toi. Et reviens dès que tu le peux.

- Promis, répondit-elle en se libérant doucement de l'emprise de son frère, chassant une larme qui coulait sur sa joue.

   La jeune fille ouvrit la porte qui donnait sur le couloir de la tour mais avant qu'elle ne franchisse le seuil, Will la rattrapa et lui tendit un rouleau de tissu.

- Il serait heureux si elle te revenait, fit le jeune homme en dévoilant la dague de son père.

- Will, j'ai déjà l'épée de...

- Elle te sera bien plus utile qu'à moi, insista le jeune homme. Et tu es meilleure que moi dans ce domaine, ajouta-t-il avec un léger sourire.

   Élyna lui rendit son sourire en repensant aux nombreux entraînements passés ces dernières années, depuis la mort de leur mère. « Elle serait fière de nous » songea la jeune fille en se saisissant de la dague.

   Elle admira l'arme de plus près. Son pommeau en bois était entouré d'un cuir fin permettant d'éviter que l'arme ne s'échappe des mains de son propriétaire. Comme Adurna, il se terminait par un petit diamant contenant un peu d'énergie, mais moins que l'épée. Le gris de la lame était si brillant qu'il reflétait les formes du visage de la jeune fille. Après un dernier regard, elle déposa l'arme dans les mains de son frère. Ce dernier s'en saisit, à contrecœur.

   Élyna le serra une dernière fois dans ses bras avant de quitter les appartements. Elle rejoignit Eragon et Astrith qui l'attendaient au bout du couloir. Les deux combattants portaient tous les deux une lourde cape. Celle du Dragonnier devait être en peau d'ours, devina Élyna avec l'épaisse fourrure noire. La cape d'Astrith était plus simple. Elle ressemblait à un tissu doublé de plusieurs épaisseurs.

   Du seuil de sa porte, Will salua une dernière fois le petit groupe en sachant qu'il ne reverrait pas sa sœur avant très longtemps. Lorsque les Dragonniers et Astrith sortirent de l'enceinte de la forteresse, ils descendirent la colline en courant et continuèrent pendant une bonne quinzaine de minutes. Malgré la lourde cape d'ours, la demi-elfe arrivait à tenir l'allure soutenue de Eragon.  Quant à l'elfe, il ne semblait même pas forcer. Leurs foulées brisaient le gel de la nuit et le vent glacial sifflait dans les oreilles des deux Dragonniers. « Heureusement qu'il n'a pas choisi de partir en pleine nuit » songea Élyna en profitant des premiers rayons du soleil qui lui réchauffait le visage.

   Au bout de plusieurs minutes à essayer de toucher l'esprit de Lenora, la jeune fille parvint enfin à percevoir la conscience de la Dragonne. Elle lui ouvrit sa conscience et ressentit la joie mêlée à l'excitation de Lenora.

« Élyna. »

   Apparemment, c'est tout ce que le Dragonneau savait dire mais pour l'instant, ça ne dérangeait pas la jeune fille. Elles se comprenaient mutuellement, étant chacune attentive aux sentiments de l'autre. Le lien qui les unissait se renforçait de plus en plus.

Eragon : le Parjure oubliéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant