Eragon : le Parjure oublié

39. Gëuloth du knífr

   Les rayons du soleil éclairaient à peine le Du Weldenvarden quand Élyna fut réveillée par les chants mélodieux elfiques qui résonnaient dans la forêt. Par habitude, elle contacta Lenora avant même de se lever et fut surprise de sentir sa présence. 

« Élyna. » 

   La jeune fille sourit intérieurement en entendant le Dragonneau prononcer son nom. Quelque chose avait changé dans l'esprit de Lenora. Sa conscience était plus structurée que la veille, et ses pensées moins mélangées. « Peut-être est-ce le contact mental avec les elfes » songea-t-elle. Elle se releva, grimaçant lorsque des courbatures firent leur apparition. 

   La petite chambre où les elfes l'avait logée était charmante. Dans le creux d'un tronc d'arbre, elle restait à l'abri de la chaleur et l'humidité, et un point d'eau restait facilement accessible. Elyna descendit les trois petites marches et s'approcha d'un petit bassin creusé dans une pierre lisse. Elle s'y plongea entièrement et un frissonnement lui parcourut toute la colonne vertébrale. Bien que froide, l'eau lui faisait le plus grand bien après deux longs jours de vol pour une courte nuit de repos. Une fois propre, Élyna s'habilla en vitesse et revêtit sa veste de chasse et son gant. La jeune fille avait la sensation étrange que ses habits venaient d'être lavés. Elle remit ses cheveux derrière sa nuque et étala rapidement la couette sur son lit. Au moment de sortir, elle se rappela qu'Eragon lui avait demandé d'emmener Adurna pour la matinée. Élyna saisit son épée à la hâte et s'empressa de sortir de la cabane. Dehors, le dragonnier l'attendait patiemment au bas de l'escalier. Il sourit en la voyant descendre les marches quatre à quatre :

- Ebrithil, le salua Élyna en se courbant légèrement. 

- Bonjour Élyna, l'accueillit le dragonnier. Comment s'est passé cette première nuit ? 

 - Plutôt bien ! répondit la demi-elfe lorsqu'ils commencèrent à marcher. 

- Tant mieux, aujourd'hui, je veux voir si tu te débrouille aussi bien à la magie qu'à l'épée, lui apprit Eragon. 

   Élyna grimaça en se rappelant sa prestation lorsqu'elle avait essayé de cuire le morceau de cerf. Mais elle chassa rapidement cette image de sa mémoire. Le Dragonnier accéléra progressivement l'allure en se mettant à courir dans les allées de Ellesméra. Chaque parfum, chaque couleur donnait envie à la jeune fille de s'arrêter pour observer la beauté de la capitale elfique. Eragon avait dû le lire sur son visage car il lui dit mentalement :

« Tu auras l'occasion de visiter la ville cette après-midi. »

   Élyna acquiesça, émerveillée par tout ce qui attirait son regard. Les cerfs, les écureuils et même les renards s'aventuraient entre les habitations et les ignoraient sur leur passage. La ville faisait corps avec la nature. Le peu d'elfes éveillés les saluait d'un « Tueur d'Ombre ! » ou encore d'un « Élyna-elda ! » ce qui surprenait à chaque fois la jeune fille. Eragon lui disait qu'on s'y habituait, mais elle savait qu'il lui faudrait du temps. 

   Les courbatures commençaient à disparaître quand ils atteignirent une petite clairière à l'extérieur de Ellesméra. Mis à part la jeune fille et son maître, elle ne voyait personne d'autres. Élyna sonda les alentours pour toucher la conscience de Lenora, mais ne la trouva pas. Des centaines d'êtres vivants trainaient dans les parages, mais pas de dragons. 

   Le bruit aiguë de Brisingr qui se libérait de son fourreau tira la demi-elfe de ses pensées. Elle dégaina Adurna en posant le fourreau sur une vieille racine et contempla la lame. Élyna n'arrivait pas à deviner quel métal pouvait aussi bien refléter son image. La lame paraissait neuve malgré les cinq années d'inutilisation. La jeune fille fit tournoyer l'épée autour d'elle en la soupesant. Elle ne voulait pas montrer au dragonnier qu'elle ne s'en était jamais servi, mais le pommeau était remarquablement lourd comparé à la lame. « Le diamant y est peut-être pour quelque chose » songea Élyna en se plaçant face à son maître.