Eragon : le Parjure oublié

15. Un combat foudroyant

   Murtagh se réveilla la gorge sèche. Le soleil cognait sur son visage et les gorgées d'eau que les Kulls lui donnaient se faisaient très rares. Ils avaient remplis les gourdes lors de la traversée du Ramr, mais le Dragonnier avait perdu le fil du temps quand il s'était endormi. De toute façon, il n'avait plus que ça à faire, préserver ses forces pour le moment idéal. Birzagh marchait en tête de la troupe. Ils n'avançaient pas très vite, mais les Kulls tenaient une longue distance très longtemps. Il demanda au meneur où se situaient ils :

- Birzagh ! Où sommes-nous dans le désert ? cria Murtagh. Les deux Kulls qui tiraient la cage se retournèrent et celui de droite lui répliqua :

- Ne parles pas sur ce ton à notre chef, Dragonnier ! 

   Birzagh entendit la dispute et s'interposa avant qu'elle ne dégénère :

- C'est bon, laissez le me parler. Il regarda Murtagh dans les yeux. Nous sommes à quelques heures des Beors. Mais nous nous rendons dans un lieu que tu ne connais pas. Il se situe à l'Est de l'Âz Ragni, à environ une journée de marche du fleuve. Nous traversons le désert depuis deux jours.

   Le jeune homme fut surpris par cette réponse claire et précise du Kull. Au premier jour de voyage, jamais il n'aurait répondu avec autant de calme et de respect. Birzagh lui aurait demandé de se taire sèchement comme ses camarades venaient de le faire. « Peut-être que le combat contre Hersvaghz l'a aidé pour retrouver la confiance en soi. » En effet, Birzagh marchait en tête d'un pas assuré depuis le début de la traversée de l'Hadarac. Hier, lorsque Murtagh s'est réveillé un bref instant, il avait cru voir le chef en personne tirer la cage avec un de ses camarades. Pendant une pause de déshydratation, Birzagh avait donné sa gourde au Dragonnier, puis l'avait ensuite passée à Kerghoz, un des plus jeunes Kulls de la bande, en lui disant qu'il pouvait lui prendre sa part. Malgré le désaccord qui avait coûté la vie à des membres de la troupe, Birzagh avait su regagné la confiance et le respect de ses camarades, sous diverses petites actions anodines, mais pouvant former un lien de cohésion si elles sont toutes rassemblées. Même si Murtagh l'admirait, il n'oubliait pas que Birzagh faisait tout pour tuer les Dragonniers, et anéantir l'espèce des Dragons, qui, par le passé, avait fait souffrir grandement son peuple. « Birzagh reste un adversaire redoutable. Nous ne devrons pas le sous-estimer si nous le combattrons. » 

   Kerghoz s'arrêta et s'adressa au prisonnier :

- Nous marchons en direction de la vallée de la Dent-d 'Ours. Nous arriverons là-bas ce soir dans environ deux heures et nous y dormirons. Ensuite, on longera toutes les montagnes Nord des Beors pour que la course soit plus agréable et dans de meilleures conditions. 

- La "course" ? demanda Murtagh, inquiet.

- Bien sûr. Il fera une température idéale pour courir. Nous couvrirons une longue distance en sortant de l'Alagaësia en une seule journée. Je ne peux pas t'en dire plus. 

   Malgré tout, Murtagh tenta le coup, il essaya de pousser le jeune et moins expérimenté Kull de la bande à l'erreur :

- Et nous irons où après ? demanda t-il sur un ton le plus neutre possible. 

   Kerghoz sortit la hache de sa ceinture et la pointa sur le Dragonnier à travers les barreaux à une vitesse hallucinante : 

- Tu ne m'as pas compris, Dragonnier ! Je suis peut-être le plus jeune mais pas le plus bête ! J'essaye d'être aimable avec toi car je sais ce qu'on ressent en étant enfermé des jours dans une cage ! Alors évite ce genre de chose avec nous, car tu risque de finir ton voyage assommé !