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Je sens deux mains s'agripper à mes épaules pour essayer de me relever mais je n'y arrive pas. Mes jambes ne peuvent pas soutenir mon poids. Les larmes ruissèlent le long de mes joues et je suis incapable de m'arrêter. Ma mère s'est agenouillée devant moi et a essayé pendant de longues minutes de me parler et de me réconforter mais rien y fait. J'ai entendu Jace hurler à s'en déchirer les cordes vocales. Il a crié si fort que je suis persuadé que tout l'hôpital l'a entendu. Isabelle s'est ruée dans les bras de sa mère en pleurant et l'a serré contre elle pendant de longues minutes. J'ai vu, en relevant la tête, que Maryse luttait pour ne pas flancher mais elle n'a pas pu retenir les larmes de couler le long de ses joues. J'ai finalement réussi à me calmer et à croiser le regarde triste de ma mère.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demandé-je, la mâchoire serrée.

-Tout se passait bien, j'avais réussi à localiser la tumeur, qui s'avérait être beaucoup plus grosse que se qu'on a pu voir au scanner. Je l'ai retiré dans la totalité, malheureusement, au moment de refermer, son cœur s'est arrêté plusieurs fois avant de s'arrêter entièrement. Nous avons tout essayé...
-Tu devais le sauver !
-Magnus...
-Non ! Il avait encore quelques temps mais je l'ai forcé à faire cette opération et maintenant il est mort !
-Magnus... Intervient la mère d'Alec.

La colère s'est emparée de moi et je n'ai pas pu rester. J'ai quitté l'hôpital rapidement avant de courir à travers les rues de Brooklyn, les yeux baignés de larmes. Je m'en veux tellement d'avoir voulu qu'il fasse cette opération alors qu'il ne le voulait pas. J'aurai du l'écouter. J'entends mon téléphone sonner mais je l'ignore. Je n'ai pas envie de parler, j'en suis incapable de toute manière. Je ne réalise pas ce qu'il vient de se passer. Alors quoi ? Maintenant je ne pourrai plus voir Alec ? Je ne pourrai plus lui parler et l'embrasser ? Mon cœur se serre davantage et je me laisse tomber au sol. Je m'appuie contre un mur de brique et j'enfouis ma tête au creux de mes mains. J'ai envie de crier, d'hurler au monde entier à quel point j'ai mal et à quel point c'est injuste. Il était toute ma vie, je voyais l'avenir avec lui malgré la maladie et tout s'est brisé en quelques heures. Mon téléphone se remet à sonner et je fini par l'extirper de ma poche. J'arque un sourcil lorsque je vois le nom « Kris » s'afficher à l'écran. Je m'essuie les yeux du revers de la main en reniflant puis je décroche.

-Hey..
-Salut. Dis-je, en essayant de paraître le plus normal possible.
-J'ai appris pour Alec et j'ai... j'ai quelque chose pour toi.
-Quoi ? Qu'est-ce que c'est ?
-Reviens à l'hôpital, je t'attends ici. Lance-t-il avant de raccrocher.

Je garde mon téléphone dans mes mains un moment avant de le ranger. J'ai entendu sa voix se briser lorsqu'il a raccroché. Je sais que je ne suis pas le seul à souffrir et qu'ils sont tous au plus mal. J'ai l'impression d'être égoïste à penser que je suis le seul à avoir mal mais c'est faux. Tous ses proches souffrent, ils sont tous dans le même état que moi. Je prends une grande inspiration puis je me relève. Je marche jusqu'à l'hôpital, en réfléchissant et en essayant de savoir ce que Kris pourrait bien avoir à me donner. Alec lui aurait-il confié quelque chose ? Où était-ce quelque chose d'autre ? Mon cerveau surchauffe et je pense tellement que je n'ai pas remarqué que j'étais déjà arrivé. Je pénètre à l'intérieur de l'immense bâtiment, les mains dans les poches et la tête baissée. Je me sens mal d'être partit comme un voleur alors que j'aurai du rester et soutenir la famille d'Alec.

-Magnus !

Je me retourne pour apercevoir Maryse, la mère d'Alec. Je m'arrête, tandis qu'elle marche vers moi.

-Jace est allé le voir. Si tu as envie, tu peux y aller aussi. Me dit-elle.
-Merci. Je suis désolé.
-Ne t'excuses pas.
-Si. Je n'aurai pas du le pousser à subir cette intervention. Il serait probablement encore avec nous. J'ai précipité les choses et je m'en veux tellement pour ça. Je...

Ma voix se brise et j'éclate en sanglot. Maryse s'approche de moi instinctivement et elle me serre dans ses bras.

-Tu lui a donné de l'espoir et je n'avais plus vu cette lueur dans ses yeux depuis longtemps. Il n'avait plus que quelques jours à vivre et au moins il n'a pas souffert.
-Je sais mais je n'arrive pas à réaliser qu'il n'est plus là et que je...
-Moi aussi mon grand, moi aussi.

Au même moment nous sommes interrompu par Jace, qui marche doucement vers nous, les yeux rouges et les joues baignées de larmes. Ses poings sont tellement serrés que ses jointures sont désormais blanches. Il a l'air tellement mal. Au bout de quelques mètres, il s'arrête brusquement avant de se retourner vers une poubelle et de vomir le contenu de son estomac. Maryse me lâche et se rue vers son fils afin de s'en occuper. Là encore, je me sens coupable de tout ça même si au final sa mère a raison. Il aurait fini par mourir.

-Magnus.

Je me retourne pour apercevoir Kris. Lui aussi à les yeux rouges et gonflés. Je baisse la tête mais je remarque qu'il tient quelque chose dans sa main. Il s'arrête devant moi avant de me tendre une enveloppe.

-Alec m'a demandé de te donner ça quand il serait mort.
-Quoi ? Mais il t'as donné ça quand ?
-Hier.
-Mais...
-Il était persuadé de ne pas survivre à cette opération alors... Peu importe, il tenait à ce qu'elle te revienne.
-Merci. Dis-je, en lui serrant la main, amicalement.

Je le regarde s'éloigner vers Maryse tandis que je vais m'assoir sur une chaise, la fameuse enveloppe dans la main. Je l'ouvre délicatement de mes mains tremblantes, ne voulant pas abimer le contenu. Je sors la feuille de papier qui était à l'intérieur puis je la déplie. Je remarque que je n'avais jamais vu l'écriture d'Alec. Je scrute un moment mes mains avant de me décider à lire.

Mon Amour,

Si tu lis cette lettre c'est que les choses ont mal tourné pour moi et que j'ai rejoins les étoiles. J'aurai aimé pouvoir vivre et passer ma vie à tes côtés mais parfois les choses ne se déroulent pas comme on le voudrait. Je m'estime chanceux d'avoir eu l'occasion de te rencontrer et d'avoir pu passer ces quelques mois avec toi, même si la maladie était là. Je n'aurai jamais cru que je puisse rencontrer quelqu'un d'aussi incroyable que toi mais surtout que quelqu'un tomberait amoureux de moi. Tu m'as fait vivre des choses qui pour moi paraissaient inimaginables et je te remercie tellement pour ça. J'ai aimé chaque moment passé avec toi, du début à la fin. J'ai aimé notre voyage en Europe qui nous a rapproché plus que jamais et qui nous a permis de faire l'amour ensemble. J'ai aimé les jours où, même au plus mal, nous regardions des films ensemble. Je me souviens de notre rencontre comme si c'était hier, lorsque tes yeux mordorés se sont plantés dans les miens. Dès le premier jour, j'ai ressenti cette chose en moi, ce crépitement au plus profond de mes entrailles et j'ai su. J'ai su que je tombais amoureux alors que je ne connaissais rien de toi, hormis ton nom et ton prénom.

Je sais que tu dois probablement pleurer en lisant ceci et te sentir coupable de m'avoir poussé à faire cette opération mais ne le fait pas, je suis en paix. J'ai longuement discuté avec Kris et avec ta mère, je connaissais les risques et les conséquences de ma décision mais je ne regrette rien. Je sais que tu penses avoir accélérer les choses mais dans tous les cas la finalité aurait été la même. Mon état aurait fini par se détériorer de plus en plus et j'aurai probablement fini intubé et alité jusqu'à ce que mon cœur cesse de battre. Ne te sens pas coupable Magnus, jamais. Tu m'as donné une once d'espoir et pour ça, je te remercie. Je sais que tu m'as promis à contre cœur de refaire ta vie mais s'il te plait, fait le. Je sais qu'à tes yeux je suis l'homme de ta vie et je l'accepte mais tu dois trouver un autre homme qui te rendras heureux. Fais ce que tu aimes, suis tes rêves et vis ta vie comme tu l'aurai fait avec moi. Je vais bien, je suis en paix mon amour, ne t'inquiètes pas.

Je t'aime plus que tout Magnus. Prends soin de toi et de ma famille s'il te plait. Tu seras à jamais l'homme de ma vie.

Mes yeux sont de nouveau baignés de larmes et je m'efforce de protéger la lettre puisque c'est la seule chose qu'il me reste de lui. J'esquisse un sourire en pensant qu'il a prit du temps pour m'écrire et qu'une fois encore il a su me cerner parfaitement. Je replie maladroitement la feuille pour la glisser dans ma poche, avant de me relever pour rejoindre sa famille et aller le voir une dernière fois.



Hey !
Ne me tuez pas s'il vous plait !
PS : Il reste 2 chapitres avant la fin de l'histoire.

All the love. Xx
Océ🐾

Sick of youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant