9.

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Ça y est, c'est aujourd'hui, nous sommes lundi. Je n'arrive pas vraiment à réaliser que lorsque je vais me réveiller de l'anesthésie, je n'aurai plus qu'une seule jambe. Est-ce que je vais avoir mal ? Est-ce que ce sera comme si ma jambe n'avait jamais existé ? Est-ce que je vais m'y habituer et réussir à remarcher un jour ? Mon cerveau surchauffe, les questions fusent dans ma tête. Je sens mon ventre se retourner encore et encore, j'ai envie de vomir mais je n'y arrive pas puisque je n'ai pas eu le droit de manger depuis plus de 12 heures. La porte s'ouvre et deux personnes rentrent, un sourire de compassion sur le visage.

-C'est l'heure d'y aller. Vous êtes prêt ?

Si je suis prêt ? Non ! Bien sûr que non. On n'est jamais prêt à ça, à perdre sa jambe. La panique s'empare de moi et je me mets à trembler. Je sens les larmes s'immiscer au creux de mes yeux. Aussitôt l'infirmière qui était debout au pied de mon lit, se rapproche de moi en me rassurant. Enfin, en essayant de me rassurer. Finalement, je souffle profondément et je hoche la tête.

-Oui, je suis prêt. Dis-je, peu convaincu.

Ils me sourient, débloquent les roues du lit et m'amènent jusqu'au bloc opératoire en me racontant des anecdotes et des blagues pour me détendre. Une fois allongé sur la planche de métal froide du bloc opératoire, je me remets à trembler, mais cette fois-ci à cause du froid.

-Tout va bien se passer Monsieur Lightwood, ne vous inquiétez pas. Vous avez besoin de quelque chose ?
-Je peux avoir une couverture ? Le temps... de m'endormir. Demandé-je en claquant des dents.
-Bien sûr. Autre chose ?
-Si jamais quelque chose se passe mal, s'il vous plait, laissez-moi mourir, ne tentez rien.
-Nous ne pouvons pas faire ça, vous êtes mineur et votre mère a signé pour qu'on fasse tout ce qui est en notre pouvoir pour vous réanimer.

Je souffle en hochant la tête puis je ferme les yeux. Je sens un liquide froid me parcourir le bras. Ma tête devient lourde, très lourde. J'essaye d'ouvrir mes yeux mas je n'y arrive pas. Soudain, c'est le néant.

-Mon chéri, ouvre les yeux.

J'entends la voix de ma mère. Est-ce que je rêve ? Est-ce que je suis mort ? Je bouge mes doigts encore engourdis. Puis j'essaye d'ouvrir mes yeux.

-Hey, tu es réveillé.

Je hoche la tête en regardant ma mère qui, je dois l'avouer, est légèrement floue.

-Comment est-ce que tu te sens ?
-Je ne sais pas.
-Tout s'est bien passé. Affirme-t-elle, en souriant.

Aussitôt, je baisse les yeux sur la couverture blanche qui recouvre mon ventre et mes jambes, enfin... ma jambe. Je la soulève difficilement, sous le regard attentif de ma mère. Mon cœur se serre lorsque j'aperçois ce qui était autrefois ma jambe. Un énorme bandage blanc recouvre le morceau de chair qu'il me reste. En réalité, ils ont coupé au-dessus de mon genou, ce qui signifie qu'il me reste que la moitié de ma cuisse. Des larmes se forment et coulent le long de mes joues.

-Oh mon chéri, tu es tellement courageux. Lance ma mère, en me serrant dans ses bras.
-Maman, dis-je, tu peux demander à Magnus de venir s'il te plait ?
-Oui, bien sûr mon lapin.
-Est-ce que Jace va venir ?
-Demain, il a beaucoup de travail mais il a dit qu'il t'appellerai ce soir.
Je hoche la tête.
-Est-ce que tu penses que Magnus voudra encore de moi ?
-Quoi ?
-Maman..
-Bien sûr ! S'il ne t'accepte pas comme tu es alors c'est un con.

Je la regarde intensément avant de rire devant son visage sérieux. Elle m'accompagne en riant aussi et en envoyant un message à Magnus pour lui dire de venir.

-Merci Maman, je t'aime.
-Je t'aime aussi mon chéri.

Elle regarde mon téléphone qui vient de vibrer avant de m'annoncer que Magnus allait venir après son cours qui, apparemment, est ennuyant.

-Je te laisse te reposer d'accord ? Appelle-moi si tu as besoin de quoi que ce soit.

Je lui souris en hochant la tête tandis qu'elle m'embrasse le front en me frottant les cheveux comme elle faisait lorsque j'étais enfant. Je la regarde quitter la chambre en me saluant de la main. Je me retrouve finalement seul face à moi-même. Une sensation bizarre me parcourt. J'ai encore l'impression d'avoir ma jambe, qu'elle est toujours là. Comment est-ce possible ? Je ressens une douleur lancinante du pied au genoux et je commence à paniquer. J'appuie sur le bouton rouge de la manette mise à disposition pour appeler quelqu'un.

-Vous avez besoin de quelque chose ? Demande une infirmière en rentrant dans la chambre.
-Je... j'ai mal à la jambe enfin, elle est plus là mais je vous jure que j'ai mal.
-Je vais appeler votre médecin d'accord ?

Je hoche la tête. C'est sûr qu'elle pense que je suis fou, que je perds la tête. Lorsque le médecin entre, je me redresse pour lui expliquer ce qu'il se passe, que je ne suis pas fou mais il me coupe.

-Alexander, vous n'êtes pas fou. Il s'agit du membre fantôme.
-Quoi ?
-Laissez-moi vous expliquer. Dit-il en s'asseyant sur la chaise à côté de mon lit. Lorsque vous perdez un membre avec lequel vous avez cohabité pendant des années, vous pouvez ressentir des douleurs ou des sensations, comme si votre membre était toujours là.
-Mais...
-Cela peut durer pendant des mois voire pour toujours. En réalité le stress ou l'anxiété peuvent faire apparaitre ces douleurs. Je vais augmenter un peu vos anti-douleurs d'accord ?
-Mais quand je serai chez moi... Comment est-ce que je vais faire ?
-Il y a plusieurs choses qui peuvent être mises en place, nous en reparlerons plus tard d'accord ? Vous devez vous reposer, vous avez vécu une grosse chirurgie.

J'acquiesce en le regardant partir mais je vois Magnus entrer et aussitôt je souris comme un débile.

-Salut beau gosse. Me lance-t-il, en s'asseyant à côté de moi.
-Hey. Dis-je.
-Comment est-ce que tu te sens ?
-Je ne sais pas vraiment, c'est bizarre. Je ressens des choses comme si j'avais encore ma jambe.
-Je comprends, enfin non, mais ne t'inquiètes pas, je ne te pense pas fou.
-Merci. Soufflé-je.
-Oh tu sais ce qu'il s'est passé aujourd'hui ? Ton ami Kris nous a fait rire aujourd'hui. Heureusement qu'il était là parce que le cours était vraiment nul.
-Qu'est-ce qu'il a fait ?
-Il a fait semblant de faire un malaise. Tu aurai vu la tête du prof lorsqu'il a vu que c'était juste une blague. Il est devenu rouge écarlate.
-Ça ne m'étonne pas de Kris, il fait toujours en sorte de faire rire tout le monde.
-C'était vraiment drôle. Heureusement il n'a pas eu de sanction, il a juste été viré du cours pour cette fois.

Je rigole avec lui tandis qu'il continue de meraconter sa journée. Je pourrai l'écouter parler de tout et n'importe quoipendant des heures. Je me rends compte que je n'ai jamais ressenti ça avecHayley. J'étais attaché à elle, bien sûr. Je le suis toujours d'ailleurs carelle a été là pour moi et elle l'est toujours. Mais c'était différent. AvecMagnus c'est comme si je l'avais toujours connu. Comme si nous étions fait pourêtre ensemble et que rien ni personne ne pourrait jamais nous séparer. Il estsi réel, si honnête et simple. Il ne se prend pas la tête et même s'il m'a faitsouffrir une fois, je sais qu'au fond ce n'était pas intentionnel. Il a justepaniqué lorsqu'il a réalisé ses sentiments pour moi et je le comprends. Tout aété si vite entre nous que moi-même je n'y croyais pas au début. Je ne pensaispas que c'était possible de tomber amoureux de quelqu'un aussi rapidement. Jeveux dire, je ne le connaissais pas vraiment et pourtant, au plus profond demoi je savais, j'ai toujours su que c'était lui que je voulais. Alors qu'ilétait toujours en train de parler, je m'approche de lui et je l'embrasse.


Hey !

Voici un nouveau chapitre, j'espère qu'il vous plaira !

All the love. Xx
Océ 🐾

Sick of youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant