Roman
Presque deux mois sont passés depuis la rentrée des étudiants à la Sorbonne. Mes jours de congés sont rares et j'ai plus que jamais envie d'être en vacances. Heureusement cette année je pourrai profiter d'une semaine de vacance à la Toussaint. Léopold et Candice ont déjà prévu de partir quelques jours en Bretagne mais bien qu'il m'ait également proposé, je n'ai pas forcément envie de les accompagner. Le trop plein de bonne humeur de ces deux personnes réunies ensemble m'écœure autant qu'il me fait sourire. J'ai bien peur de ne pas savoir les supporter une semaine complète vingt quatre heures sur vingt quatre. Mieux vaut rester tranquillement chez soi et les laisser distribuer leur bonne humeur à d'autres.
Mon réveil sonne alors que j'ai déjà les yeux grand ouverts depuis plus de deux heures. Mon temps de sommeil ne s'améliore pas avec les années et ces heures d'insomnie ne m'aide pas à vider mon esprit. J'extirpe mon corps de la couette pour entamer cette nouvelle journée. Si ce n'était pas pour payer le loyer de cet appartement, je ne ferai vraiment pas l'effort de me lever chaque jour lorsque ce fichu réveil sonne. Je me dirige vers la salle de bain. En passant à côté de mon piano qui trône au milieu du salon je laisse mes doigts s'égarer sur les quelques touches qu'ils arrivent à atteindre. ça fait bien longtemps que je ne me suis pas assis sur la banquette en cuir installée devant ce dernier pour jouer ne serait-ce qu'un morceau.
Je secoue la tête pour tenter de faire partir les sombres pensées qui tentent de me faire couler de si bon matin. La douche me changera les idées.
Douché, habillé, j'attrape mon thermos de café avant de sortir de chez moi. Les rues sont assez vide. Il est encore tôt pour le commun des mortels. Le métro, lui non plus n'est pas bondé. Les quelques personnes qui y sont semblent mal réveillées et peu enthousiastes à l'idée d'une nouvelle journée dans leur vie monotone. Ai-je l'air comme ça moi aussi? Certainement.
***
Il est quinze heure et ma journée de travail se termine enfin. Je range les dernières affaires dans le local de nettoyage, me change et prends le chemin du retour. Mon téléphone vibre : un sms de mon oncle.
"J'ai reçu du courrier pour toi.. de ton père. Je le mets dans ta boîte au lettres."
Mon corps se fige. Mon téléphone manque de tomber. Mes yeux ne sont pas certains de ce qu'ils ont lu... Je relis le message une seconde fois.
Pourquoi essaye t-il de me contacter maintenant? Après toutes ces années?
Devant le mur de boîte aux lettres, je n'arrive pas à ouvrir la petite porte de ma boîte. Je n'ai pas envie de lire cette lettre. Je n'ai pas envie de voir les mots d'une personne qui m'est presque inconnue aujourd'hui. Pourtant ma main fini par entrer les clés dans la petite serrure et récupérer le courrier qui se trouve dans la boîte. Parmi celui-ci, une lettre à mon nom indiquée à l'adresse de mon oncle et derrière, le nom de l'expéditeur. Mon père. Mon poing se serre sur cette dernière la chiffonnant légèrement. Je referme ma boîte au lettres et emprunte les escaliers pour arriver jusqu'à chez moi.
***
L'enveloppe blanche trône sur ma table à manger depuis près d'une heure déjà. Je n'ai pas envie de l'ouvrir. Quatorze ans que mon père n'a pas donné un signe de vie. Quatorze ans qu'il a décidé de m'abandonner, me laissant seul avec ma mère. Quatorze ans qu'il est parti comme un lâche en pleine nuit alors que je dormais pour ne pas oser affronter mon regard sur lui lors de son départ. Quatorze ans sans un mot et il m'envoi aujourd'hui une lettre? Je n'ai pas envie de la lire. Je n'ai pas envie d'écouter ce qu'il a à me dire? Je préfère encore la déchirer.
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Rise Up [En cours]
General FictionPerte de la vue temporaire... Temporaire qu'ils disaient! Ava, neuf mois après l'accident de voiture qui coûta la vie à sa famille et qui l'a rendit temporairement aveugle, reprend en main la vie qu'elle avait laissé en suspens. Elle se retrouve s...