Rise Up [En cours]

Partie 6 - Candice

Ava

Quatre jours sont passés depuis que mon avion s'est posé à Paris. Le lendemain de mon arrivé s'est avéré particulièrement mouvementé, et ma double rencontre avec le garçon ivrogne du toit légèrement incongrue.

Si je croyais au destin, je dirai presque que notre rencontre avait été prévue à l'avance. Trop gros pour être un hasard, mais je ne crois pas en grand chose. Je ne saurais dire si cette rencontre et mes courts échanges avec lui m'ont été ou non agréables. Pour une fois je n'ai pas eu le sentiment d'être aveugle, enfin si, puisque sinon j'aurais su que je n'étais pas seule à deux reprises sur ces toits, mais lui ne m'a pas donné l'impression d'être aveugle. Il m'a largement traité comme un chien, mais au moins je n'ai ressenti aucune pitié de sa part. Peut-être est ce sa nonchalance qui m'a donné cette impression contrairement aux autres personnes a qui j'ai pu parler dernièrement. J'ignore qui est ce garçon, s'il habite dans le même immeuble que moi, s'il est étudiant à la Sorbonne, ce qu'il faisait sur ces toits. J'ignore même son nom. Il est donc plus que probable que l'on ne se rencontre pas à nouveau.

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Aujourd'hui, c'est le premier jour de ma nouvelle vie, et surtout le premier jour de mon année en master. C'est aussi mon premier jour de cours en étant aveugle. J'appréhende. J'appréhende tellement cette journée ainsi que toutes les autres à venir. J'ai peur de me perdre et et j'ai également, comme toujours, très peur du regard des autres.

Mes lunettes noires vissées sur le nez, mon sac à dos à l'épaule et ma canne dans la main, je sors de chez moi, à moitié motivée seulement par la journée qui m'attend. L'air est déjà chaud même presque lourd dehors. L'été parisien était parait il particulièrement chaud et humide cette année. Cette moiteur me donne envie de faire demi tour et de retourner me morfondre sous ma couette dans mon studio climatisé. Mais alors que cette idée me traverse l'esprit, la voix de ma mère résonne également pour me rappeler que je n'ai pas le droit de m'apitoyer davantage sur mon sort. Un long soupire s'échappe de mon corps alors que j'entame mes 43 pas jusqu'au métro.

Le métro parisien est bondé, je me fais bousculer à gauche, puis à droite, alors que je tente difficilement de rester stable sur mes jambes. Après une demie heure de transports dans une chaleur épouvantable je retrouve la surface ainsi qu'un air à peu près respirable.

Trois jours plus tôt, j'avais repéré les lieux pour être certaine de ne pas me perdre inutilement au milieu de la foule d'étudiants. D'un pas moyennement assuré j'entre avec ma canne dans la cour principale et je retrouve le chemin pour aller à mon amphithéâtre sans trop de difficulté. Des voix proches de moi m'indiquent que plusieurs personnes se sont déjà installées dans le fond de la salle. Je décide de m'avancer vers le milieu de l'amphithéâtre. A défaut de pouvoir voir ce qui est écrit pendant le cours, autant essayer de bien l'entendre. En réalité je ne suis même pas obligée d'être présente à ce cours. Le relais handicap s'occupe de nous faire parvenir les cours pour que l'on ne soit pas démunis et en retard par rapport aux autres élèves valides mais je ne suis pas certaine que rester toute la journée dans mon studio soit une vie que ma famille aurait apprécier. D'ailleurs, même si ma phobie sociale est presque maladive, je déteste rester enfermer chez moi pendant des heures voire des jours. 

Alors que l'amphi se remplit autour de moi, j'entends une personne se rapprocher de là où je me suis installée et le strapontin à côté de ma place s'abaisser.

- Excuse moi, ça ne te dérange pas si je m'assois ici ? me demande une voix féminine

Je lui réponds non de la tête accompagné d'une esquisse de sourire. Sa proximité me dérange mais je n'ose pas lui dire. Je pensais pouvoir garder au moins les deux sièges les plus proches de moi vide, mais manifestement ce ne sera pas pour ce cours là.