Partie 19 - Appel à l'aide

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Ava 

Ces derniers jours ont été compliqué. Plus on se rapproche de cette date fatidique, plus mon corps et mon cœur paraissent lourds. J'en perds même l'appétit. Rien ne passe depuis deux jours et ça me rappelle les mois d'hôpitaux où les infirmières avaient fini par me nourrir avec une sonde parce que je revomissais tout ce qui m'était donné à manger. Je n'ai pas envie de revivre ça. Je n'ai pas non plus envie de revivre cette nuit du 26 décembre qui a bouleversé mon être et ma vie à jamais. Et pourtant depuis plusieurs jours les cauchemars continuent de s'intensifier. Dans trois jours, cela fera un an. 

Un an que ces phares aveuglant me réveillent pratiquement toutes les nuits.

Un an que cette soirée à coûté la vie aux trois personnes que je chérissais de tout mon être. 

Un an que mes yeux ont décidé que la vie ne valait plus la peine d'être vu. 

Un an que le temps s'est arrêté.

Mon corps est épuisé. Ma tête est tellement lourde de sombres pensées que mes jambes ont du mal à me porter. Je m'affaisse sur mon canapé qui me tend les bras. Je voudrais rester là des jours, des semaines, voire des mois pour ne plus avoir à penser. Mon oncle arrive demain et je suis désolée pour lui mais je n'ai vraiment pas envie de sa présence chez moi ces prochains jours. Je voudrais rester seule. Je ne veux pas fêter Noël. Je ne veux pas fêter la nouvelle année. Je veux juste que les jours passent, que la vie continue en espérant que le temps balayent mes obscures pensées. J'ai pourtant réussi ces derniers mois à retrouver le goût de la vie, l'envie d'exister et d'apprécier chaque moments grâce à de formidables personnes. Mais j'ai le sentiment que tout s'est évaporé en quelques instants et que ce n'était qu'un joli rêve à présent terminé. 

D'un coup, ma respiration s'accélère, mes mains sont moites et des tremblements accompagnent ce mal être soudain. Je panique. Une crise. Je n'en peux plus. Je suis exténuée. Je tente de me lever pour aller prendre l'air, mais je dois pour cela monter les six étages avant d'atteindre le toit. Je ne suis pas certaines d'y arriver. Mon corps est empli de frissons. J'arrive à trainer mes pieds jusqu'à la porte d'entrée de mon appartement et sort de chez moi en direction de l'escalier. Les vertiges ralentissent mon ascensions et les tremblements ne s'atténuent pas pourtant j'arrive à gravir les étages, un pas après l'autre. J'ai besoin d'air frais. J'ai besoin de respirer. J'aurai pu aller dans la rue, mais l'environnement extérieur me parait trop hostile lorsque je souhaite seulement quitter ce monde. 

Sur le palier du quatrième étage, des notes de musique résonnent. Je n'y prête pas attention sur l'instant, mais lorsque je commence à monter jusqu'à l'étage suivant, les notes s'amplifient en provenance du haut de l'immeuble. L'air est rapide, presque agressif et surtout très répétitif, comme si le disque était rayé. Sur le palier du cinquième étage j'entends derrière la porte un homme et une femme qui enragent.

- C'est pas bientôt fini son bordel ? 

- C'est tous les ans pareil avec lui! J'ai appelé le propriétaire. 

- Il faut l'interner! Il est cinglé!

- Le bailleur m'a dit que ça allait lui passer, qu'il n'y avait rien à faire. 

- Rien à faire mon cul! S'il n'arrête pas, je vais aller le voir, et je vais le calmer moi!

Je ne m'attarde pas davantage et continu de monter. L'ascension, la musique et la discussion des inconnus derrière leur porte m'a légèrement ramené les pieds sur terre et mes tremblements se sont en partie dissipés. Lorsque j'arrive enfin au dernier étage, il n'y a plus de doute sur l'origine de la triste mélodie qui résonne dans tout l'immeuble. Il n'y a qu'un seul appartement au dernier étage, la porte en face de celui-ci étant celle qui mène jusqu'au toit.  Dans cet appartement, je sais depuis un moment maintenant que c'est Roman qui y vit. Cette mélodie n'a rien d'un air doux ou joyeux. Au contraire, elle est violente. Je l'ai déjà entendue, pour autant je suis incapable de dire son nom. J'ignore si c'est Roman qui joue du piano, mais la personne s'entête à jouer et rejouer encore un morceau de cette partition comme si cette dernière n'était jamais assez bien. Plus il répète, plus les notes deviennent tranchantes. 

Rise Up [En cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant