Point de vue de Sarah
Lundi matin, première heure : rentrée et cours d'anglais, quel combo parfait. Dire que c'est le cours que j'aime le moins serait mentir désormais, depuis quelque temps je ne traîne plus des pieds pour y aller car je sais que j'y retrouve Damien. La prof désigne un premier groupe pour passer à l'oral, mais à cause du brouhaha ils ne peuvent pas commencer.
— Vous allez vous taire ? Je n'ai jamais eu une classe aussi bavarde que la vôtre !
Je me retourne vers Damien et nous nous regardons dans les yeux en souriant, nous pensons tous à son imitation de notre professeure d'anglais qui m'a faite rire aux éclats.
— J'aurais parié qu'elle le dirait dès la rentrée, lance-t-il.
Je me reconcentre sur l'exposé qui dure quelques minutes. La professeure réfléchit au groupe suivant, elle regarde sa liste et finit par faire un choix.
— Sarah et Damien, à vous.
En entendant mon nom, mon sang ne fait qu'un tour, mon cœur accélère et j'ai du mal à respirer : ma routine quand il s'agit de passer à l'oral. Je me lève en tremblant, une fois devant le tableau je tente de ne pas faire attention à tous les yeux rivés sur moi, ces regards qui analysent chacun de mes mouvements, mes vêtements, mes réactions, mes mots.
Je me lance et sens que ma voix est hésitante mais je fais comme si de rien était. Je m'en sors plutôt bien finalement, je retourne m'asseoir et la pression redescend d'un coup : je me mets à trembler, surtout au niveau des mains. Damien semble remarquer mon malaise :
— Ça ne va pas ?
— C'est rien, juste le stress.
— C'est fini, ça c'est bien passé, t'as géré.
— Je sais, mais je ne peux pas m'en empêcher.
Il attrape ma main qui est sur ma cuisse pour essayer de m'empêcher de trembler. Au contact de sa peau, une bouffée de chaleur remonte dans tout mon corps. Mon cœur ne fait qu'accélérer encore plus. Heureusement que nous sommes au fond de la classe et que personne ne peut nous voir. Il ne se rend pas compte de l'ampleur de ses gestes et surtout il n'a aucune idée de l'effet qu'ils ont sur moi.
Je sais qu'il me regarde mais je l'ignore et fait semblant de suivre l'oral suivant comme si tout était normal, même si ce n'est pas le cas. Je suis partagée entre la satisfaction et la colère : j'ai l'impression qu'il s'intéresse à moi, mais il est avec Eva, il ne peut pas faire des choses pareilles.
J'amplifie peut-être tout à cause de mes sentiments, je vois des signes où il n'y en a pas : je sais qu'il aime Eva et que personne ne lui arrive à la cheville. Il veut simplement m'aider à me calmer, ce qui a marché puisque j'ai arrêté de trembler. Mais je ne suis pas détendue pour autant.
— Ça va mieux ? m'interroge-t-il
— Oui, merci.
— Il ne faut pas que tu te mettes dans des états pareils, c'est qu'un oral. Et puis au pire tu peux bien te rater une fois tu te rattraperas ailleurs.
— Ce n'est pas qu'un oral, ça veut dire être devant tout le monde, observée en détail.
— Ils s'en fichent tu sais ?
Je ne réponds pas. J'ai l'impression qu'il n'a jamais senti à quel point le regard des autres est lourd.
— Tu prends des médicaments contre le stress ? Ça pourrait t'aider.
— Pas besoin ne t'en fais pas, je suis habituée.
— Ce n'est pas une raison.
— Damien et sa voisine ! Vous écoutez un peu ? s'énerve la prof.
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Fucking Butterflies 1
Teen FictionKhalil Gibran a écrit: "Votre raison et votre passion sont le gouvernail et les voiles de votre âme qui navigue de port en port" C'est vrai, la raison et la passion sont les guides de notre vie, on ne peut se passer ni de l'un, ni de l'autre. Mais...