C H A P I T R E . 24

195 20 19
                                    

Point de vue de Sarah

Dernier jour de la semaine, il était temps. Avec Jadde on s'est revues hier pour finir le devoir. J'ai vraiment été surprise : elle semble à la fois sociable et associable, je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme elle. Son sens de l'humour en revanche est à développer, je ne l'ai pas vu rire une fois. Elle a l'air fatiguée de tout et tout le monde, mais parfois elle a des élans de gentillesse très surprenants. J'entre dans la cour du lycée et croise Raphaël, je ne l'avais pas vu depuis longtemps.

— Salut Lebon, tu dates. J'ai entendu parler de tes exploits, il parait que t'es la fille à avoir avant la fin de l'année.

— Tu sais quoi, on se reparle quand tu feras des remarques moins déplacées.

— On risque de ne pas parler pendant un bout de temps alors.

— T'es pas très drôle tu sais.

— Où est passé ton super sens de l'humour ?

— J'en avais ? Je croyais que j'étais coincée ?

— J'ai entendu dire que non.

Je lève les yeux au ciel en m'en allant, mais il me rattrape en riant :

— Désolé, j'arrête, promis. Je suis normal regarde : comment ça va ?

— Tu me fatigues, tu sais ?

— Salut, intervient Jadde, tu es en Terminale toi non ?

Qu'est-ce qu'elle vient faire là ?

— Effectivement, répond prudemment Raphaël, tu cherches quelque chose ?

— Rien du tout, à plus.

Elle s'en va. Je reste immobile, tentant de comprendre ce qu'elle lui voulait.

— Tu la connais ?

— En quelque sorte, c'est ma voisine de classe. Mais je ne suis en rien responsable de cette intervention.

— Elle a l'air sympa.

— Jadde ?

C'est sûrement la première fois que j'entends son nom associé à cet adjectif.

— Ouais, elle est pas mal.

C'est difficile à nier, elle déborde de confiance en elle et de charisme. J'aimerais avoir sa classe, son corps ou même son intelligence. J'en arrive à ne plus aimer mes cheveux longs et blonds, ni mes yeux bleus. Quand je la regarde, je rêve d'un carré noir, d'un regard sombre, d'une peau mate, de lèvres pulpeuses et même de ses cernes. C'est fou, même ses défauts lui donnent du charme. Je me demande pourquoi ce genre de fille prend la peine de se maquiller le matin, elle est toujours aussi belle même quand elle vient au naturel.

Je vais finir par croire que c'est moi qui craque pour elle tant j'en suis jalouse.

Les mots de Damien me reviennent alors à l'esprit, la première chose à faire pour me sentir mieux c'est d'arrêter de me comparer aux autres ou de les envier. Mon cœur se serre à cette pensée, comment les choses ont pu autant changer entre nous ? Il s'est transformé du jour au lendemain. Ou peut-être que je ne le connaissais juste pas suffisamment, je n'ai eu le temps de voir qu'un côté de sa personnalité.

— Le physique ne dit rien sur le caractère d'une personne.

— Elle dégage un truc, continue-t-il, elle est spontanée. Je veux dire, ce n'est pas tous les jours qu'on débarque comme elle vient de le faire.

— Dis le moi si tu veux un date ou son numéro, je peux toujours m'arranger.

— N'importe quoi, ne soit pas jalouse, tu sais que je n'ai d'yeux que pour toi.

Fucking Butterflies 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant