Point de vue de Jadde
J'entends la porte de ma chambre s'ouvrir, pourtant Sarah vient à peine de descendre pour petit déjeuner. Je me retourne, surprise de voir Clem.
— Je peux allumer la lumière ? chuchote-t-il.
— C'est plus pratique, répond-je sarcastique.
Il approche avec un plateau de petit déjeuner dans les mains, je m'assois et il le pose devant moi.
— C'est pour moi ? lance-je surprise.
— Ce n'est pas pour le pape en tout cas.
Je lâche un léger sourire. Je ne m'attendais pas du tout à ça, surtout venant de lui. Il fait tout pour se faire pardonner depuis hier, et même s'il le fait avec humour, je sens qu'il y tient réellement. J'ai du mal à saisir ses sautes d'humeurs, mais si le caresser dans le sens du poil l'aide à s'améliorer, je dois essayer.
— Est-ce un sourire ? e moque-t-il. Je ne pensais pas que tu savais faire ça.
— Tu es la définition de l'hôpital qui se fout de la charité.
Je prends le croissant qui est face à moi et le croque à pleine dent. Je lève les yeux au ciel tant il est bon.
— Alors, je suis pardonné ?
— Absolument, remercie le croissant.
Il s'assoit à côté de moi et prend une des deux tasses.
— Plus sérieusement, reprend-je, quelle mouche t'as piqué pour que tu deviennes aussi insupportable ?
— J'en sais rien.
— L'autre soir on ne s'entendait pas si mal, et le lendemain tu as complètement pété les plombs.
— Je te l'ai dit, je ne sais pas vraiment. C'est sûrement parce qu'une partie de moi regrettait que tu m'ait vu dans un état aussi pitoyable. Je voulais pas que tu penses être entrée dans ma bulle.
— Est-ce que j'ai raison de penser que c'est le cas ? ajoute légèrement hésitante.
Il ne me répond pas. Je comprends bien qu'il n'est pas du genre à parler de ce qu'il ressent, et me dire tout ça représente déjà beaucoup. J'ai l'impression de voir quelque chose en lui que les autres ne voient pas, ou ne comprennent pas.
Je décide de me livrer un peu à mon tour. Non seulement pour lui montrer qu'il n'est pas le seul à faire des efforts mais aussi parce que j'ai l'impression qu'il me ressemble bien plus qu'on pourrait le croire.
— Moi non plus je ne laisse pas les gens entrer dans ma bulle.
— J'avais remarqué, raille-t-il. Pourquoi est-ce qu'on fait ça ?
— La plupart des gens sont perdus ou mauvais. Ils ont besoin de se trouver, d'avoir confiance en eux et de rabaisser les autres, de les blesser ou même de les détruire. Tout ça pour satisfaire leur propre personne. Si tu parais plus fort qu'eux, ils ne t'attaqueront pas.
— J'aime bien cette Jadde là pourtant, celle de l'intérieur.
— Parce que tu ne penses pas que je préfère ce Clément là aussi ?
Il me fixe un long instant. Après un léger soupire, il s'adosse au lit en détournant la tête.
— Tu m'avais demandé pourquoi je faisais toute une histoire du retour de mon père ?
— Effectivement, et comme la plupart du temps tu as simplement évité ma question.
— Quand il est parti, j'avais juste 8 ans tu sais. Beaucoup disent que ce sont de belles années parce que les enfants sont curieux et s'émerveillent de tout.
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Fucking Butterflies 1
Ficção AdolescenteKhalil Gibran a écrit: "Votre raison et votre passion sont le gouvernail et les voiles de votre âme qui navigue de port en port" C'est vrai, la raison et la passion sont les guides de notre vie, on ne peut se passer ni de l'un, ni de l'autre. Mais...