Epilogue

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Les doigts de Raphaël glissent discrètement sur ma jambe. Posés dans le salon depuis des heures, nous parlons de tout et de rien alors que les autres mettent leurs affaires dans la voiture. Avec ma cheville, je suis obligée de rester ici.

— Tu sais qu'au départ je pensais que tu étais une sorte de bad-boy,ris-je, avec des secrets sombres.

— Moi ?

— Ne te moque pas, je te connaissais à peine. En même temps tu n'étais jamais sérieux, tu me parlais que de sortir sans arrêt, tu faisais des allusions bizarres... Comment je pouvais deviner que tu es un sucre ?

— N'abuse pas trop non plus, j'ai une fierté.

— Je t'ai vu me mettre du vernis, alors l'image du bad-boy a légèrement disparu.

— Il ne reste rien du tout ? Dommage, j'étais à deux doigts d'aller m'acheter une moto.

Je ne peux m'empêcher de rire.

— Je t'imagine bien avec une veste en cuir.

— Si j'étais le bad-boy, tu aurais dû être la good-girl, comme dans les films clichés. Mais ça ne te correspond pas vraiment non plus.

— C'est vrai, je n'ai pas de lunettes.

— Tu es disqualifiée, dommage. J'aurais pu tomber éperdument amoureux de toi sinon.

— On serait allés dans un hôtel, mais il ne leur aurait resté qu'une chambre avec un lit et on aurait râlé avant de coucher ensemble.

— Fin plutôt intéressante.

Je note qu'il n'a toujours pas arrêté de caresser ma jambe.

— Sinon ça va, tu vas laisser ma jambe en paix ? raille-je.

Il me fait signe que non et fait exprès de remonter vers l'intérieur de ma cuisse pour me provoquer. Un frisson traverse tout mon corps et je me tends légèrement. Son regard ne lâche pas le mien. Je secoue ma tête et sourit avant de décaler sa main. Malgré tout, il continue de déplacer délicatement ses doigts autour de mon genou. Je soupire et laisse tomber pour traîner rapidement sur mon téléphone.

— Il y a quelque chose qui a changé chez toi depuis la rentrée, reprend-il plus sérieusement.

— Quel truc ?

— Tu as l'air de prendre confiance en toi et ça te va bien.

Il continue de fixer mes yeux alors que ces quelques mots s'imprègnent dans mon esprit. S'il savait à quel point je me bats pour en arriver là.

— Merci, murmure-je simplement.

Jadde débarque dans les escaliers, descendant la dernière valise. Le départ approche et nous avons passé la matinée à nous remémorer cette semaine, comme si elle était déjà terminée. Nous avons presque créé une famille ici et j'ai l'impression qu'on se manque avant même de s'être séparés.

Finalement, l'heure du départ arrive et nous quittons la Madhouse avec une sorte de nostalgie arrivée trop tôt. Je m'installe dans la voiture à côté de Jadde, le trajet est long et silencieux.

Après quelques heures de voiture, le soleil commence à se coucher. Je regarde dans le rétroviseur et croise le regard de Raph, il me fait un clin d'œil puis se reconcentre sur la route.
Je pense qu'il me fait un clin d'œil à chaque fois qu'il ne sait pas quoi faire d'autre. C'est comme un moyen de combler le vide pour pas que ce soit gênant et ça donne l'impression qu'il est sûr de lui, mais il ne l'est pas tant que ça.

C'est quelque chose que j'ai compris durant ses vacances : il affiche cette belle confiance en lui, mais en réalité il doute sans arrêt. Il a simplement trouvé un moyen de se protéger pour que personne ne le blesse, et c'est intelligent.

Je ferme les yeux pour me reposer et réfléchir. Je ne sais pas si je suis prête à retourner dans le monde réel, j'aimerais planer encore quelque temps. Tomber si brusquement, sans transition, va s'avérer bien plus difficile que prévu. J'espère que quoi qu'il se passe par la suite, les liens qui ont été créés cette semaine ne s'effaceront pas.

Fucking Butterflies 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant