Un roi particulier

Chapitre 2

Jaya marchait aux côtés de son meilleur ami qui l'accompagna sur son lieu d'embarcation tout en accumulant les différentes recommandations de celui-ci. Le roi Vikram Batra Al-Maliki avait exigé dans son contrat sa présence et nulle autre pour la réalisation de celui-ci. Son séjour à Dakar devait durer au minimum une année.

Son métier de stylisme l'amenait beaucoup à voyager. Cette fois-ci on exigeait d'elle de former des jeunes dakaraises. Heureusement que l'anglais était une langue couramment parlée dans ce pays, ce qui ne serait pas pour lui déplaire. Car, elle se voyait mal demander l'aide d'un interprète à tout bout de champ. Jaya devrait jouer son rôle à la perfection bien que sa réputation était pour ainsi dire déjà faite.

Sa fille irait la rejoindre juste après les examens du baccalauréat ainsi que sa sœur aînée. En son absence celle-ci se chargera comme à chaque fois avec plaisir de sa nièce. Dire que son petit rayon de soleil venait à peine d'avoir 18 printemps. Naïna était devenue une magnifique jeune femme; sans vantardise, aussi magnifique que sa mère. Du haut de son 1m55, elle faisait fureur avec sa bouille timide et tellement angélique.

Son bébé avait bien grandi depuis le temps. Elle voulait étudier la diplomatie et les sciences politiques, tout le contraire d'elle. Malgré les tristes conditions de sa naissance, elle représentait la bouée de sauvetage qui l'a toujours permis de garder sa tête hors de l'eau.   

La jeune styliste avait payé chère sa naïveté en s'amourachant d'un connard de la pire espèce. Dhawan Bashir lui avait promis la lune pour la larguer dès l'annonce de sa grossesse tout en l'avouant qu'il était marié et père de deux fils âgés de 15 et 13 ans. En gros, pas de place pour elle et son bébé à venir.

La jeune femme venait à peine d'entamer son dernier trimestre lorsqu'elle se retrouva mère célibataire. Avec le soutien de sa soeur aînée, la seule famille qui lui restait encore vivante, celle-ci a pu reprendre les rênes de sa vie bien chaotique. Au début c'était difficile, mais pas une fois la jeune mère n'a regretté son choix de garder son enfant.

La leçon avait été rude au point de ne plus s'y risquer; même pour le coup d'un soir. Jaya avait dû raconter toute l'histoire à sa chérie afin de l'éviter de commettre la même erreur. Bien que jusqu'ici, elle ne montrait aucun intérêt pour les garçons. Eh non! Elle n'était pas attirée pas les femmes non plus.

Naïna voulait juste commencer sa carrière avant de se précipiter dans une relation amoureuse. À croire que mon expérience l'avait rendu poltronne. New York allait lui manquer, son travail, son meilleur ami ainsi que sa famille. Sean était le seul homme qui faisait parti intégrante de sa vie. Ils s'étaient rencontrés sur son lieu de travail; lui en mannequin et elle en styliste.

Depuis ce jour, ils ne se sont plus lâchés. Bien que leur horaire ne correspondait pas souvent. Bah! Son meilleur ami n'était pas gay. Le jeune homme était marié depuis 5 ans déjà et toujours fou amoureux de sa femme Jennifer. Inutile de vous creuser les méninges, ce n'était ni Jennifer Lopez ni même Harrison que Sean avait épousé. Seulement Jennifer Burn. Père d'un petit garçon de 4 ans Matt et d'une petite fille de 2 ans Sandy. La seule figure masculine qui méritait sa confiance. Celui qui jouait le rôle de grand-frère pour elle et d'oncle pour sa fille.

Pendant que la jeune femme se rendait dans le royaume de Dakar, lui, allait tout bonnement profiter de ses vacances avec sa petite famille aux îles Fidji. Ironie du sort n'est-ce pas ? Depuis 2 longues années son boulot ne lui laissait pas le temps de souffler.

Après ce contrat, elle se promettait de prendre au minimum 3 mois pour aller se prélasser sur l'une des îles Caraïbes sans rien faire d'autre que de savourer la vie un verre de cocktail tropical en main; un bien délicieux programme. Bon maintenant, le moment fatidique approchait à grand pas et se séparer du brouhaha incessant de la ville de Manhattan devenait si dure pour elle. L'inquiétude la gagnait soudain et ceci malgré le fait d'avoir entendu que des louanges aux sujets de ce royaume et de son roi.

À ce propos, dès que son avion se trouverait dans les airs, elle prendra le temps de parcourir le dossier concernant ce roi. Jaya ne souhaitait aucunement faire fausse route à son sujet. Ces rois arabes faisaient tout un plat pour un rien.

La styliste aurait aimé avoir sa sœur et sa fille en surplus pour l'accompagner à l'aéroport. Mais sa chérie devait se rendre en cours et sa soeur au travail. À croire que dans la vie on ne pouvait pas avoir le beurre et l'argent du beurre. En plus, il lui restait toujours son meilleur pote à ses côtés, du moins quelques minutes encore.

- Mademoiselle Jaya Ramirez, demanda un homme aux tempes grisonnantes en se rapprochant d'eux.

La voix de l'inconnu la ramena bien vite dans la triste réalité. Et oui, son cœur était mélancolique à l'idée de partir. Son intuition la rendait anxieuse au point de se demander si quelque chose de grave n'allait pas se produire durant son séjour. Tant pis, l'heure n'était plus à l'incertitude.

- Oui, c'est bien moi, répondit-elle dans un souffle.

- Je suis Hamil. Le roi m'a chargé de vous prendre en charge jusqu'à votre arrivée au Dakar.

- Enchantée Hamil. Lui, c'est mon meilleur ami Sean.

- Enchantez, monsieur, dit-il en serrant la main du jeune homme.

- Tu peux m'appeler par mon prénom et aussi me tutoyer. Je me sentirai plus à l'aise.

- Comme vous voulez, made...

- Qu'est-ce que je viens de dire, Hamil? Pas de chichi, le réprimanda-t-elle tout en lui souriant. 

Cette jeune femme avait un sourire si chaleureux et tellement rayonnant qu'il céda facilement à sa requête.

- D'accord, Jaya. Le pilote n'attend que toi pour décoller.

- Accorde-moi juste le temps de faire un dernier câlin à mon meilleur ami papa-poule et ensuite je te suis. Surtout que je ne le verrai pas de si tôt.

- Ok.

Durant ce temps Sean était resté en retrait en attendant que la conversation prenne fin. Profitant de ce moment pour analyser l'envoyé de sa majesté. Discret, efficace et sympathique...

- Bon Sean l'heure fatidique a enfin sonné, déclara la jeune femme nullement enchanter de partir.

- Promets-moi de prendre soin de toi et d'être sage? Exigea-t-il tout en lui caressant doucement la joue.

- Je te le promets, papa. Je serai aussi sage qu'une image, dit-elle avant de le  serrer très fort dans ses bras.

Hamil souria en lui-même en regardant le spectacle qu'offrait ces deux là. Un beau jeune homme de grande taille qui agissait comme une mère poule. L'amour fraternel qui les liaient se voyait à des kilomètres à la ronde.

- Bon, il faut y aller fripouille. C'était pas comme si l'un de nous deux allait mourir sans se revoir. Dès mon retour des vacances, j'irais te voir là-bas. Tu vas gravement me manquer.

- Toi aussi tu vas me manquer.

L'un comme l'autre avait du mal à se lâcher. Mais, il fallait bien qu'elle embarqua dans l'avion, non. Dans un soupir à fendre l'âme, elle mit fin à leur étreinte tout en attrapant son sac à main alors qu'Hamil se chargeait du reste de ses bagages.

- Au revoir, mon beau. On se téléphone d'accord.

- Au revoir, fripouille et ne te surmenage pas. Rendez-moi un service Hamil ne la laisser surtout pas se tuer à la tâche. C'est une maniaque du travail qui oublie parfois de se nourrir ou même de se reposer correctement.

- C'est d'accord. Je ferais de mon mieux pour la rappeler à l'ordre.

- Ne l'occupe pas Hamil, il exagère. Je sais très bien prendre soin de moi-même comme une grande.  Donc, pour pas de me faire materner par quiconde ici présent. Bon allons-y, dit-elle en faisant un dernier signe de main à Sean en suivant Hamil vers le lieu d'embarcation.

Ce n'était pas la première fois qu'elle partait vers un pays dont les coutumes différaient de celles dont elle connaissait. Pourtant, cette fois-ci un petit quelque chose la rendait superstitieuse tout à coup. Serait-ce l'idée de mettre les pieds dans un pays en partie musulmane ? Ou simplement le fait de devoir côtoyer une tête couronnée de si prêt ?