Un roi particulier

Chapitre 3

L'embarcation se passa si rapidement que la jeune femme n'eût même pas le temps de dire ouf. Avec un personnel aussi efficace mise à sa disposition on en attendait pas moins. Le roi avait même envoyé l'un de ces jets privés pour venir la chercher. On pouvait dire que celui-ci était un être prévoyant qui ne faisait jamais les choses à moitié. Était-ce une façon pour lui de faire bonne impression auprès de ses employeurs? Ou sa façon d'être tout simplement. Peu importait son intention. Un bon point pour lui; un très bon point même. Espérons juste que sa collaboration avec lui se passerait aussi bien.

Hamil venait de s'asseoir en face d'elle puis attacha sa ceinture avant le décollage. Jaya n'arrêtait pas de se tortiller les doigts signe de sa soudaine nervosité. En conclusion la styliste se sentait mal à l'aise. Était-ce dû à sa présence ou à un mal de l'air?

- Tout va bien Jaya? Demanda-t-il inquiet de la soudaine pâleur de la jeune femme.

- Hum! Pas trop non. Les avions et moi ont a disons une trop grande histoire d'amour, dit-elle en se forçant à plaisanter pour cacher son mal être.

Le représentant du roi sourit devant le ton ironique adopté par celle-ci. Surtout, en la regardant serrer les accoudoirs de son siège comme si sa vie en dépendait.

- C'est bien ce que je pensais. Vous auriez dû me prévenir que vous n'étiez pas très à votre aise en avion. J'aurais demandé à Mara de vous donner quelque chose contre le mal de l'air. Vous pensiez pouvoir tenir le temps du décollage?

- Ça va passer juste après le décollage. Rassures-toi Hamil, je ne pense pas t'accorder le plaisir de me voir te vomir dessus dès notre premier vol ensemble. En plus, tu pourrais s'il te plaît arrêter de me vouvoyer constamment. Au risque de me faire me sentir aussi vieille que la nouvelle reine d'Angleterre ou de Brigitte Macron.

Celui-ci sourit face à l'humour dont faisait preuve la jeune femme malgré la peur qui s'affichait sur son visage. Décidément cette femme possédait le don de mettre n'importe qui à son aise. En seulement quelques minutes, elle venait d'attiser sa sympathie. C'était pas une personne à faire des chichis. Directe, sympathique, enjouée et divinement belle, tels sont les qualificatifs qui la décrivait le mieux à ses yeux.

Son charme légèrement innocent ferait fondre même un iceberg et c'était ce qui l'enchantait le plus en découvrant sa personnalité. Sa majesté risquait sans nul doute d'en subir les frais. Étant un proche collaborateur de celui-ci, il était prêt à parier qu'une grande histoire d'amour allait bientôt secouer les murs d'habitude si silencieux du palais. Son intuition le trompait rarement.

En plus, la styliste représentait le type de femme qui plaisait tant à son altesse. Peut-être que Dakar venait de trouver sans le savoir la reine qu'il espérait depuis si longtemps. Hamil analysa ses moindres gestes qui permettra à ses yeux d'aigles de mieux la cerner sans détour. Et oui, tout en elle frôlait la sincérité, la grâce, la sensibilité et une grande bonté. Vu qu'il a été le détective à mettre sur pied le dossier de la jeune mère, Hamil crût bon que la prise en charge lui revenait de droit. En proche ami de sa majesté son devoir était avant tout de le protéger de toute personne néfaste et sournoise. Surtout avec ces femmes prêtes à tout pour mettre le grappin sur le jeune roi.

Depuis l'assassinat du roi et de la reine par les rebelles, il décida de jouer le rôle de père de substitution pour ce jeune adolescent ravagé par la haine et la soif insatiable de vengeance . Celui-ci s'en voulait de n'avoir pas été présent lors de l'attaque. Cela a été très dur pour lui de vivre avec la perte de son meilleur ami sur la conscience.

En veillant au bien-être du fils de celui-ci, sa culpabilité finie peu à peu par perdre de l'ampleur. Si seulement on ne l'avait pas envoyé en mission ce jour là le chaos dont tout le royaume a été plongé n'aurait peut-être jamais eu lieu. Le regret ne ferait pas revenir les victimes. Comme dit le dicton:  "Laisser les morts ensevelir les morts."